« Alex m’a impressionné toute sa carrière. Je suis fier de lui. »

Pierre Harvey, intronisé au Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec en 1991, était touché de voir son fils devenir à son tour un immortel du sport québécois, mercredi soir.

Une ambiance chaleureuse régnait entre les murs du Club de golf métropolitain d’Anjou à l’occasion du 30e Gala d’intronisation du Panthéon des sports. Près de 400 personnes se sont mises sur leur trente et un et ont bravé le froid de novembre pour venir applaudir les nouveaux intronisés.

Ces derniers sont l’ex-fondeur canadien Alex Harvey, le boxeur Lucian Bute, la hockeyeuse olympienne Caroline Ouellette, l’ancien capitaine du Canadien de Montréal Guy Carbonneau et la cycliste Marie-Hélène Prémont, ainsi que les bâtisseurs Sonia Denoncourt, première femme à avoir reçu une certification d’arbitre international de la FIFA, et Tom Quinn, qui a œuvré au sein de diverses organisations sportives.

Au cocktail avant le Gala, le portrait avait quelque chose d’inspirant : Alex Harvey, sur le point d’être immortalisé, debout aux côtés de son père, Pierre Harvey, intronisé il y a 30 ans.

Les deux hommes, qui ont connu une prolifique carrière de ski de fond, avaient de quoi sourire.

« C’est un grand bonheur pour moi de voir qu’Alex a eu du plaisir autant que j’en ai eu dans le sport, explique le paternel à La Presse. Ce n’est pas que je l’ai poussé, c’est qu’il a choisi ça. Ça m’a toujours impressionné de voir que par lui-même, il a poussé encore plus loin que moi. Il a réussi mieux que moi, c’est une fierté. »

« C’est bien de pouvoir partager ça avec [mon père] ce soir, souligne quant à lui son fils. Quand j’ai commencé à faire de la compétition, je savais qu’[il] avait eu une très grande carrière, mais à mes tout débuts, je n’aspirais pas à une carrière aussi grande que la sienne. Je ne gagnais même pas de médailles aux Jeux du Québec. J’étais bon, mais je n’étais pas dans les meilleurs du Québec. »

« Ce n’était pas une chose à laquelle je rêvais nécessairement, [être intronisé], se souvient-il. Avoir pu monter ces étapes-là et le rejoindre dans le Panthéon, c’est spécial. »

Pierre Harvey, qui a été le premier Canadien à disputer des Jeux olympiques d’été et d’hiver la même année, en 1984, n’a jamais tenté de s’immiscer dans la carrière de son fils. Il l’a suivi, encouragé et laissé vivre ses propres expériences.

« Je suis convaincu que si j’avais été trop derrière lui, il n’aurait pas aussi bien réussi », soutient-il.

Un privilège

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

L’ancien boxeur Lucian Bute et sa famille

L’ex-boxeur Lucian Bute, qui a rempli les gradins du Centre Bell pendant sa carrière, était accompagné de sa conjointe et de ses deux enfants Eric, 3 ans, et Ema, 5 ans, élégamment vêtus pour la soirée.

« C’est un grand honneur pour moi, laisse-t-il entendre. Quand je suis arrivé ici en 2003, j’étais un jeune boxeur de la Roumanie qui ne parlait ni français ni anglais. Je suis honnête : je ne savais même pas que ça existait, le Panthéon des sports. Je l’ai appris après. »

À l’époque, il n’avait qu’une chose en tête : devenir champion du monde. Ce qu’il a réussi quatre ans plus tard, à 27 ans. Celui qui était surnommé « Le Tombeur » a défendu sa ceinture à neuf reprises par la suite.

Quand je suis arrivé ici, c’était tout nouveau pour moi. Mais avec le temps, je me suis adapté. J’ai été à l’école pour apprendre le français. Je me suis intégré, le Québec m’a donné tout ce que je suis aujourd’hui avec son soutien. Je me suis rendu à vendre 20 000 billets au Centre Bell. Je suis très fier de ce que j’ai réalisé.

Lucian Bute

« C’est un privilège [d’être intronisé], poursuit-il. Je n’ai jamais pensé que j’arriverais ici. Ça me touche beaucoup, c’est extraordinaire. »

Caroline Ouellette a aussi connu une remarquable carrière en hockey féminin, faisant partie d’Équipe Canada pendant 16 ans et remportant quatre médailles d’or en quatre participations aux Jeux olympiques. Au Panthéon des sports, elle se joint à d’autres grandes hockeyeuses comme Kim St-Pierre, Danielle Goyette et France Saint-Louis.

« C’est vraiment un bel honneur de rejoindre autant de merveilleux athlètes du Québec, plusieurs qui m’ont inspirée pendant ma jeunesse ou même dans ma vie adulte », évoque-t-elle.

« Il n’y a rien d’autre que j’aurais mieux aimé faire que de jouer dans l’équipe canadienne pendant 16 ans. Ç’a été le plus beau privilège. Maintenant, je suis contente d’être arrivée à un point où je peux ressentir autant de bonheur à enseigner mon sport et à le transmettre à des jeunes athlètes qui l’adorent autant que moi », déclare celle qui est maintenant entraîneuse adjointe des Stingers de Concordia.

Une « accolade différente »

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Guy Carbonneau

Guy Carbonneau, qui a inscrit 663 points dans la Ligue nationale de hockey et remporté trois Coupes Stanley, était lui aussi flatté de faire partie du groupe d’intronisés, mercredi.

C’est un peu comme le Temple de la renommée [du hockey] ; tu ne commences pas ta carrière d’athlète en pensant un jour y entrer. C’est toujours un petit velours. C’est une accolade différente.

Guy Carbonneau

Quand on lui demande si, 21 ans après sa retraite, il réalise tout ce qu’il a accompli sur la patinoire, Carbonneau laisse entendre un petit rire.

« Il y a des moments dans une journée, une semaine ou une année où on dirait que ça clique un peu plus, dit-il. […] Pendant que tu joues, ça passe tellement vite que tu n’as pas le temps de réaliser vraiment ce qui se passe. Il n’y a qu’après que tu es capable de repenser à ce que tu as fait, et encore… »

« C’est le fun parce que tu as l’occasion de rencontrer des gens, et c’est eux qui te le font réaliser encore plus, laisse-t-il entendre. […] J’ai 61 ans. Je rencontre des enfants de 10 ans et ils me reconnaissent. C’est fou. »

La cycliste de Québec Marie-Hélène Prémont, qui a été décorée d’argent aux Jeux olympiques d’Athènes en 2004, n’a pas pu se rendre au Club de golf d’Anjou pour son intronisation.