Chaque semaine, les journalistes des sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence

Notre invité de la semaine : Maxime Van Houtte

PHOTO FOURNIE PAR MAXIME VAN HOUTTE

Maxime Van Houtte se distingue en commentant obsessivement les looks de gardiens de but sur les réseaux sociaux. Le choix d’invité s’imposait donc de lui-même. Vous pouvez l’entendre à l’émission La zone au 91,9 Sports, du lundi au jeudi à 18 h 30.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Arturs Irbe, gardien des Hurricanes, en mai 2002

Avec un grand pouvoir viennent de grandes responsabilités, disait l’oncle Ben à Peter Parker. Avec les grosses jambières vient un devoir de fashionista, dirais-je aux jeunes gardiens de but. Ed Belfour et l’aigle, Patrick Lalime et Marvin the Martian, Martin Brodeur et les jambières Heaton aux couleurs inversées. Même Dominik Hasek avait, à sa drôle de façon, du style. Mais parmi tous les gardiens du début des années 2000, un refusait le privilège de carte de mode qui venait avec le rôle d’homme masqué : Arturs Irbe. Casque « de joueur » tout blanc. Équipement désuet plus magané que Dave dans Slap Shot (la légende veut qu’il roulait dessus avec son VUS pour le « casser »), tout ça agencé à l’horrible logo des Hurricanes. C’était un désastre oculaire soir après soir. J’en veux encore au vieil Arturs qui aurait mérité une contravention de style salée s’il avait croisé Jean Airoldi au Carrefour de l’Estrie.

Mathias Brunet

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Tom Runnells, alors gérant des Expos, se présentant dès la première journée du camp d’entraînement 1992 dans son plus bel uniforme militaire

Le nouveau gérant des Expos, Tom Runnells, avait de grandes chaussures à remplir. Il succédait à un homme immensément populaire à Montréal, Buck Rodgers. Après une première saison désastreuse en 1991 – dernière place au classement, une première depuis 1976 –, Runnells a décidé que la récréation était terminée et il a eu la géniale idée de se présenter dès la première journée du camp d’entraînement l’année suivante dans son plus bel uniforme militaire, pour montrer à tous qu’il était le chef. Non seulement sa mascarade a provoqué un immense malaise au sein de l’équipe, mais ses décisions loufoques, entre autres celle de muter Tim Wallach du troisième au premier but, ont également laissé pantois joueurs, médias et fans. Il y a eu une révolte intestine quelques mois plus tard, et Runnells a été remplacé en catastrophe par un certain Felipe Alou, qui pourrissait dans les mineures depuis deux décennies parce qu’on n’osait pas à l’époque embaucher des Noirs ou des Dominicains pour des postes de pouvoir. Et encore, on l’a nommé par intérim, pour se donner le temps de l’évaluer… Felipe Alou n’a pas eu besoin d’accoutrement pour imposer son leadership et devenir le meilleur gérant de l’histoire de cette organisation.

Miguel Bujold

PHOTO JIM ROGASH, ARCHIVES GETTY IMAGES, AGENCE FRANCE-PRESSE

Bill Belichick, des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, en décembre 2009

Qui dit jaune dit faux pas vestimentaire, à moins qu’il s’agisse d’un accent. Voir LaMelo Ball, Cam Newton et Michel Therrien pour s’en convaincre. J’aime le jaune. Ma voiture est jaune, question d’ajouter un peu de couleur à la grisaille du parc automobile, composé à 90 % de véhicules noirs, blancs ou gris. Mais les habits jaunes ? Un peu moins. Cela dit, je vais opter pour le bon vieux Bill, qui a passé plus d’une décennie à longer les lignes de côté avec son hoodie aux manches coupées, qu’il avait probablement coupées lui-même avec le ciseau qui servait pour le ruban gommé des joueurs dans le vestiaire. C’est peu de temps après le fameux spygate que Bill Belichick est apparu avec ce nouveau « style » et j’ai toujours pensé que c’était sa façon de dire : « Je ne cache rien dans ma manche. » On a certes vu pire que les cotons ouatés du grand Belichick, mais disons qu’on est assez loin des complets et du feutre de Tom Landry.

Simon Drouin

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Michel Therrien et son mythique veston jaune, en mai 2002

Même du haut de la galerie de presse, le veston jaune de Michel Therrien flashait. Le bouillant entraîneur-chef du Canadien n’avait pas choisi le meilleur moment pour étrenner la nouvelle pièce dans sa garde-robe. Cinquième match de la série contre les Hurricanes de la Caroline, le 9 mai 2002, le Canadien en avance 2-1 dans la série et 3-0 dans le match. En troisième période, Therrien a vilipendé le bon vieux Kerry Fraser après une pénalité discutable à Stéphane Quintal. Pénalité de banc ! Les Canes ont compté à cinq contre trois avant d’égaler la marque et de l’emporter en prolongation sur un but de Niclas Wallin. Therrien avait envoyé Bill Lindsay, centre du quatrième trio, pour cette mise en jeu cruciale. La zizanie a pris dans le vestiaire, un joueur anonyme a blâmé Therrien dans une chronique de Réjean Tremblay, Michel Blanchard l’a surnommé le Rat et le Canadien a perdu la série. Tout ça à cause d’un veston jaune. Difficile de faire mieux comme faux pas vestimentaire.

Simon-Olivier Lorange

Permettez-moi d’aller à contre-courant de mon collègue Simon Drouin et de défendre ce qui, dans une large proportion de la population d’ailleurs, est perçu comme un cas d’école dans le rayon des faux pas vestimentaires sportifs au Québec. Michel Therrien a beaucoup, beaucoup fait parler de lui avec son célèbre veston jaune. Or, je me demande s’il n’a pas été, en réalité, victime de la police du conformisme de la LNH. Vingt ans plus tard, quelques équipes commencent à peine à relâcher le code vestimentaire imposé aux joueurs les jours de match. Therrien était, à l’époque, l’un des plus jeunes entraîneurs-chefs du circuit. Il n’avait même pas 40 ans. Et il s’est, volontairement ou non, démarqué de ses confrères lorsqu’il a sorti de son garde-robe un veston jaune moutarde. Était-ce un manque de goût ou bien un geste précurseur, voire provocateur ? J’ai choisi mon camp. Merci, Michel, d’avoir été un défricheur.

Alexandre Pratt

PHOTO ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Pat Kelly, des White Sox de Chicago, en 1976

En 1976, les billets des White Sox de Chicago n’étaient pas précisément les plus recherchés en ville. Il y a eu quelques foules de moins de 5000 personnes, et une de seulement 1144 spectateurs. C’est alors que le propriétaire Bill Veeck a eu l’idée de faire porter des shorts à ses joueurs. Oui, oui, des culottes courtes. Hyper serrées. Et ça a fonctionné. Plus de 30 000 personnes ont assisté à la partie. Veeck était tout content. Sauf que l’effet de mode est vite passé. Deux semaines plus tard, les shorts retournaient là où ils auraient dû rester depuis le début : dans des boîtes.

Voyez les joueurs des White Sox de Chicago en shorts

Richard Labbé

PHOTO WEN ROBERTS, GETTY IMAGES

Wayne Gretzky, portant les couleurs des Kings de Los Angeles

Il n’y a aucune bonne raison pour expliquer le chandail Burger King que les Kings de Los Angeles ont choisi de porter lors de la saison 1995-1996. Aucune. Ce troisième chandail a été si mal conçu qu’il est devenu connu comme étant le chandail Burger King même s’il n’a rien à voir avec la célèbre chaîne de restauration rapide. En fait, quand on voit ça, deux questions nous viennent à l’esprit : qui a pensé à ça, et surtout, cette personne a-t-elle été congédiée ? Il y a des équipes qui ont déménagé pour moins que ça.

Jean-François Tremblay

PHOTO DAVID BOILY, ARCHIVES LA PRESSE

Guillaume Latendresse et Mike Komisarek, du Canadien de Montréal, en février 2009

Le Canadien n’est pas à un faux pas près dans sa riche histoire. Mais le costume de barbier de 2009 n’est pas loin du sommet. Un, l’uniforme était hideux. Un niveau de hideux qui survit aux générations. Deux, c’est dans cet uniforme, le 1er février 2009, que tout s’est écroulé pour le Canadien. Robert Lang, alors prolifique marqueur, s’est sectionné le tendon d’Achille. Quelques jours plus tard, devant le chaos au sein de l’équipe, Guy Carbonneau organisait le légendaire après-midi aux quilles. Bob Gainey, lui, allait marcher avec Alex Kovalev dans le Vieux-Port. Et le clou du spectacle : les colonnes du temple qui tremblent avec la révélation par La Presse du lien entre un criminel et les frères Kostitsyn. Gainey congédiait Carbo en mars, quelques semaines après avoir pourtant dit que son embauche avait été son meilleur coup comme DG. La belle célébration du Centenaire était morte et enterrée. Difficile de mettre tout ça sur le dos de l’uniforme de barbier. Difficile aussi de l’exonérer complètement tellement il était hideux. Au moins, l’évènement a permis à Guillaume Lefrançois, alors journaliste à Radio-Canada, d’offrir probablement le meilleur titre de la décennie sportive : « Lang à terre ».

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