Cinq ans plus tard, Pascal Dion est remonté sur un premier podium individuel en Coupe du monde de patinage de vitesse courte piste, dimanche, à l’épreuve test des Jeux olympiques de Pékin

Ce genre de dépassement fonctionne rarement en patinage de vitesse courte piste. À l’intérieur, dans le dernier virage, avec une fente pour projeter la lame sur la ligne.

Pascal Dion l’a tenté en finale du 1000 m à la Coupe du monde de Pékin, dimanche. Il n’avait rien à perdre. Sur le coup, il a senti qu’il avait devancé le Japonais Kazuki Yoshinaga. Mais avait-il réussi à le faire avant la ligne ?

Même avec une photo-témoin, les officiels ont mis plusieurs minutes à trancher. Un millième séparait les deux prétendants à la troisième place…

Finalement, Dion a été déclaré gagnant de la médaille de bronze. « L’attente était un peu stressante, mais j’étais tellement content de la façon dont j’avais couru cette journée-là. Peu importe le résultat, j’étais vraiment fier de moi. »

CAPTURE D’ÉCRAN TIRÉE DE LA CHAÎNE YOUTUBE ISU

Pascal Dion (à gauche) a devancé de justesse le Japonais Kazuki Yoshinaga en finale du 1000 m à la Coupe du monde de Pékin, dimanche.

N’empêche, ce millième a tout changé. L’athlète originaire de Pointe-aux-Trembles, dans l’est de Montréal, n’était pas monté sur un podium individuel en Coupe du monde depuis près de cinq ans. La dernière – et seule fois –, il avait remporté l’argent au 1000 m à l’épreuve de Gangneung, en Corée du Sud, compétition test pour les Jeux olympiques de PyeongChang, où il a obtenu le bronze au relais.

« Je me suis vraiment surpris », a reconnu Dion, joint mardi à Nagoya, où aura lieu la prochaine étape de la Coupe du monde, de jeudi à dimanche.

PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ASSOCIATED PRESS

Le Québécois Pascal Dion, derrière le Hongrois Shaolin Sandor Liu lors de la vague des quarts de finale du 1000 m, le week-end dernier, à la Coupe du monde de Pékin, en Chine

Sa satisfaction est d’autant plus grande que le format de compétition est différent en cette saison olympique. Contrairement aux années précédentes, les patineurs peuvent s’aligner dans plus d’une épreuve individuelle par jour, ce qui double la concurrence habituelle sur chaque distance.

Tous les patineurs qui vont être aux Jeux étaient là. Ça m’a vraiment mis en confiance. Je vais continuer à travailler dans cette direction pour m’améliorer et avoir encore des performances comme celle-là.

Pascal Dion

Dion ne s’était pas exécuté sur la scène internationale depuis la Coupe du monde de Dordrecht, en février 2020, juste avant le début de la pandémie. L’an dernier, il visait une participation aux Championnats du monde organisés dans la même ville des Pays-Bas, mais il n’a pas été retenu par les entraîneurs. « Un coup dur » que le patineur de 27 ans attribue à une infection à la COVID-19 qui lui avait fait rater trois semaines d’entraînement.

« J’avais bon espoir d’y aller, peut-être même faire les distances individuelles [privilège réservé aux trois meilleurs]. Ça aurait été la seule compétition de l’année et je n’ai pas pu la faire. Ç’a été difficile sur la motivation. J’ai décroché un peu. »

Il s’est « changé les idées » en faisant du vélo avec sa copine, en jouant au tennis et en surfant sur sillage à son chalet de Saint-Michel-des-Saints. Il a aussi poursuivi ses études en finances à l’Université Concordia.

Depuis son retour à l’entraînement, il a conservé la même recette.

Je pense que c’est l’une des différences cette année. J’essaie d’avoir une vie plus équilibrée, de passer un peu moins de temps à l’aréna, de faire d’autres activités. L’école est l’une des choses qui m’aident beaucoup. […] C’est le fun de rencontrer des gens qui font autre chose. Je reviens à l’aréna et toute ma tête est là.

Pascal Dion

Sur la glace, il a profité des enseignements – et de l’insistance ! – de Marc Gagnon, nouvel entraîneur adjoint de l’équipe nationale qu’il avait bien connu au centre de développement du CRCE. Le quintuple médaillé olympique a simplement mis au défi celui qui se faisait surtout une fierté d’être solide comme le roc au relais.

« Il m’a mis beaucoup au défi dans les entraînements, à faire des dépassements quand j’avais mal aux jambes. Quand on a mal, on recule souvent, on essaie de se protéger. Marc arrivait à me pousser dans des situations où, normalement, je ne me serais pas dépassé. Il m’a fait réaliser que je suis capable d’en faire plus. »

Cette conviction s’est manifestée en finale du 1000 m, où le Québécois a multiplié les échanges en tête avec le Japonais Yoshinaga. Et Dion a eu le dernier mot.

Une malchance au 1500 m

Médaillé de bronze au 1000 m, Dion n’a pas eu le même succès au 1500 m, où il a été pénalisé en quart de finale pour un contact avec son coéquipier Steven Dubois, qui a été promu aux demi-finales. Dion n’a pas compris cette disqualification pour ce contact plutôt bénin. « Même [Steven] a été surpris d’être avancé. […] Je pense que j’ai accroché le devant de sa lame. Je ne m’en suis même pas rendu compte durant la course. L’arbitre a juste mal interprété ce que je faisais. » Dion aurait aimé avoir l’occasion de s’exprimer aussi au 1500 m. « Au 1000 m, je tirais beaucoup de tours et je sentais que j’avais vraiment de bonnes jambes. Ça aurait été intéressant de voir ce que j’aurais pu faire au 1500 m. » L’officiel se serait même « un peu excusé » aux entraîneurs canadiens. Ce n’est pas dans la LNH qu’on verrait ça.

Mesures anti-COVID-19 : rien de dramatique

Apparemment très strictes en Chine, les mesures pour contrôler l’épidémie de COVID-19 n’ont pas trop embêté Dion. « Ç’a été mieux que je pensais. On est restreints à l’hôtel, mais on pouvait voir nos coéquipiers, jouer à des jeux un peu. On s’était apporté plein de matériel pour faire du café. On s’occupe. Avec deux entraînements par jour, dont un à l’aréna, notre journée est très remplie. » La compétition s’est toutefois déroulée sans spectateurs, ce qui théoriquement ne sera pas le cas pendant les Jeux olympiques. Dion a tenu à noter que la qualité de la nourriture était nettement supérieure par rapport à ses voyages précédents en Chine. « On a été agréablement surpris ! On a vraiment beaucoup plus de choix que d’habitude. »