Propulsée par un groupe de jeunes athlètes motivées et désireuses de continuer de pratiquer leur sport au-delà du cégep, une nouvelle ligue universitaire de flag-football voit le jour cette année au Québec.

La province emboîte ainsi le pas aux États-Unis, qui ont intégré le flag-football dans leur circuit universitaire en 2020. « Pour nous, c’était la suite logique d’implanter ça dans nos universités ici », résume Noémie Olmand, étudiante en neuroscience cognitive à l’Université de Montréal.

Après avoir joué au collège Mont-Saint-Louis, au secondaire, et au collège André-Grasset, au cégep, Noémie Olmand a été obligée d’évoluer dans des ligues sénior quand elle a atteint l’université. Mais avec des compatriotes d’autres universités, les athlètes ont décidé cette année de changer les choses.

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Noémie Olmand (à droite) a déjà joué au collège Mont-Saint-Louis, au secondaire, et au collège André-Grasset, au cégep.

« Il y a vraiment beaucoup d’équipes de flag au collégial. Mais après, il y avait une coupure : on ne pouvait plus jouer au niveau scolaire. La demande était là depuis un petit bout de temps de créer quelque chose à l’université pour pouvoir continuer de jouer », explique Sara Parker, étudiante en thérapie du sport à l’Université Concordia et quart-arrière.

Des joueuses déterminées

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Alexandre Desjardins, un des entraîneurs de l’équipe canadienne de flag-football, au travail

Un peu avant la pandémie, les entraîneurs de l’équipe canadienne de flag-football, Alexandre Desjardins et François Bougie, avaient lancé un appel à toutes sur les réseaux sociaux pour savoir si des joueuses seraient intéressées par la création d’une ligue universitaire au Québec. La réponse a été sans équivoque. « Je pense que 300 personnes avaient répondu qu’elles étaient intéressées. C’était évident que la demande était là », raconte Jasmine Farmer, étudiante en sexologie à l’UQAM et demi de sûreté.

Puis la pandémie a frappé. Mais confinées à la maison et ayant un peu de temps devant elles, des joueuses de plusieurs universités de la province ont décidé de lancer des démarches pour convaincre les dirigeants de leur établissement d’autoriser la création d’une équipe dans leurs murs.

Elles se sont regroupées à deux ou trois par université. Un document a été conçu pour expliquer le projet. « On avait le même document pour toutes les universités. C’était structuré », relate Jasmine Farmer. Le 26 novembre 2020, les athlètes ont publié simultanément sur leurs réseaux sociaux un sondage pour savoir combien de joueuses dans chaque université aimeraient jouer. Partout, des dizaines de joueuses ont manifesté leur intérêt.

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Jasmine Farmer

À l’UQAM, 77 filles voulaient jouer. À Sherbrooke, elles étaient 100. On est allées voir les responsables avec ces sondages, et le document qui présentait le projet et expliquait les règles et les besoins.

Jasmine Farmer

Plusieurs universités ont accepté. Le Réseau du sport étudiant du Québec participe aussi en dressant le calendrier des matchs, en fournissant des arbitres et en colligeant les statistiques, notamment.

Le soutien apporté par les universités à chaque équipe varie. Mais partout, la motivation des joueuses est manifeste. Aux camps de sélection tenus en août, les entraîneurs de l’Université de Sherbrooke ont vu 80 joueuses se présenter sur le terrain. À l’Université de Montréal, elles étaient 90. La plupart des équipes n’ont gardé qu’une douzaine de joueuses dans la formation finale.

Alors qu’au collégial, les parties se disputent à sept contre sept, à l’université, les instigatrices du projet ont préféré utiliser les règles internationales et joueront du flag-football à cinq contre cinq, sur de plus petits terrains.

Le lien manquant

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La popularité du flag-football féminin est sans équivoque.

Pour François Bougie, entraîneur adjoint à l’Université de Montréal et entraîneur de l’équipe canadienne de flag-football, le circuit universitaire québécois qui voit le jour « est le lien qui manquait vers Équipe Canada pour le développement des athlètes ». Quatre joueuses de la ligue universitaire québécoise font partie de l’équipe canadienne de flag-football : Laurianne Beauchamp, Amélie Desrochers, Léa Duval et Emma Racine.

Celles-ci participeront en décembre aux championnats mondiaux de flag-football en Israël. Et devraient bien se qualifier pour les World Games en Alabama en juillet.

« Plus on fait de flag à cinq contre cinq, meilleures vont être les joueuses et les coachs », dit François Bougie.

« Des démarches sont en cours pour que le flag-football soit intégré aux Jeux olympiques en 2028. Avoir une ligue universitaire, c’est une étape importante pour aller vers ça », résume Noémie Olmand.

« Les Américaines ont maintenant leur circuit universitaire. On a voulu suivre la tendance pour pouvoir continuer d’être compétitives au niveau international, ajoute Sara Parker. Notre équipe canadienne a toujours bien performé à l’international. On voulait pouvoir continuer dans cette voie-là. »

La ligue de flag-football universitaire du Québec en bref

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Le flag-football féminin pourrait être intégré aux Jeux olympiques, un jour.

Sept équipes : Université de Sherbrooke, Université Laval, Université de Montréal, UQAM, UQTR, Concordia et Université du Québec en Outaouais

Nombre de matchs dans le calendrier « régulier » : 12 matchs sous forme de tournois

Début de la saison : depuis le 19 septembre