Le président de l’association des sports universitaires des États-Unis (NCAA), Mark Emmert, a déclaré jeudi que le temps est venu de réfléchir à une nouvelle version décentralisée et déréglementée de l’organisation des sports universitaires.

Emmert souligne que l’autorité pourrait notamment être déléguée aux conférences régionales et aux universités.

Selon le président de l’association, la récente décision rendue par la Cour suprême contre la NCAA, couplée à l’abolition des restrictions concernant la monétisation de la carrière des athlètes, devrait servir de catalyseur pour « redéfinir » ce qu’est le sport universitaire.

Au cours d’une rencontre d’une trentaine de minutes avec un petit groupe de journalistes, Emmert a insisté sur le fait qu’il ne formulait pas lui-même des recommandations et qu’il n’avait pas l’intention de donner un mandat en ce sens.

Il a toutefois décrit sa vision du futur du sport universitaire. Il y voit moins de restrictions pour les athlètes et un rôle plus effacé pour le bureau national de la NCAA qui a été fondée il y a 115 ans et qui supervise les activités de quelque 450 000 athlètes aux États-Unis.

« Dans un tel environnement, il suffirait de réfléchir à quelles balises devraient être mises en place pour encadrer les athlètes et cela devrait être limité au strict minimum », a mentionné Emmert.

De plus, le président de la NCAA croit que les 1100 universités membres devraient à leur tour considérer la possibilité d’adopter des approches différentes, moins homogènes, dans la manière de gérer les diverses disciplines. La structure à trois divisions, qui compte 355 universités en première division, pourrait aussi être modifiée.

Les règles et l’autorité exercée par la NCAA font l’objet de critiques depuis de nombreuses années et les contestations judiciaires n’ont cessé de s’accumuler au cours des dernières années.

« On doit être prêt à admettre : “Ouais, dans le fond, le hockey sur gazon est différent du football” ou “la lutte est différente de la crosse” et cesser de s’entêter à dire que c’est pareil pour tout le monde », concède Emmert qui présidait l’Université de Washington avant de prendre la direction de la NCAA en 2010.

Le mois dernier, la NCAA a aboli l’interdiction pour les athlètes d’empocher des revenus liés à leur vedettariat sportif. Cela concerne notamment les contrats de commandite, la publicité en ligne ou les apparitions publiques rémunérées.

Cette décision était devenue inévitable pour assurer l’équité entre les athlètes puisque plusieurs États avaient déjà adopté de nouvelles lois sur le nom et l’image. Ces lois ont été conçues pour contourner les règles de la NCAA et permettre aux athlètes de profiter financièrement de leur visibilité. La Floride et la Géorgie avaient notamment adopté ce type de loi.

Dans les États qui n’ont pas encore légiféré en la matière, les universités vont devoir rédiger leur propre code de conduite concernant la monétisation de l’image de leurs athlètes. Il s’agit d’un changement radical pour la NCAA.

Depuis le 1er juillet, les athlètes universitaires ont plongé dans ce nouveau marché qui s’ouvre à eux en décrochant de multiples contrats, certains plus lucratifs que d’autres.

La décision de la Cour suprême rendue le mois dernier a également eu l’effet d’une bombe pour la NCAA. De façon unanime, les neuf juges ont confirmé la décision d’un tribunal inférieur selon laquelle la NCAA a enfreint les lois sur les monopoles en imposant de sévères restrictions sur les compensations versées aux étudiants athlètes.

De nombreux experts juristes avaient réagi à cette décision en se demandant si la NCAA allait chercher à modifier son approche. Il semble bien que des changements soient au menu du président Emmert.

« Je crois que c’est vraiment le moment propice pour s’asseoir et revoir plusieurs de nos principes en se demandant : “Si on devait bâtir un réseau de sport universitaire en 2020 plutôt qu’en 1920, à quoi ça ressemblerait ?” », s’interroge-t-il.

Le président veut prendre le temps de déterminer ce qui doit changer et ce qui devrait être amélioré. Selon lui, c’est le moment idéal pour ce faire et pour agir.