Mathias Brunet
J’ai longtemps hésité. Serge Hélan, spécialiste français du triple saut, constituait un choix intéressant. Tout comme le célèbre nageur italien Luca Marin. Mais en cette ère où on nous suggère de favoriser les produits locaux, j’ai finalement opté pour notre champion québécois de ski nautique : Pierre Plouffe. Plouffe a été membre de l’équipe nationale de 1968 à 1976, a remporté la Coupe du monde à Tahiti en 1971 et a obtenu une cinquième place aux Jeux olympiques de 1972 à Munich. En 1993, il a fondé le Centre aquatique Pierre Plouffe à Tremblant, et n’a jamais cessé de s’adonner à son sport. Il a été élu au Temple de la renommée par la Fédération québécoise du ski nautique en 2000. Le ski nautique n’étant pas dans mon champ de compétences, je devine qu’on doit son succès dans cette discipline à des jambes solides et un brillant sens de l’équilibre, de façon à éviter les chutes dans l’eau. Je vous laisse faire le jeu de mots.
Simon Drouin
Mon estimé premier patron, Alain de Repentigny, était toujours à la recherche d’un flash original. Il le fallait pour m’avoir embauché. Un jour, il me demande s’il n’y aurait pas quelque chose à dire sur le porteur du maillot de meilleur jeune au Tour de France, David Cañada, un cycliste espagnol, évidemment. Finalement, je n’avais rien trouvé, mais j’apprends aujourd’hui qu’il est mort en 2016, à l’âge de 41 ans, dans une course cyclotouriste. Il aurait surtout eu un nom prédestiné pour mener l’éphémère Tour Trans-Canada, en 1999, ou servir de porte-étendard pour le gouvernement fédéral en plein cœur du scandale des commandites. Cela dit, le peloton cycliste a accueilli un coureur au patronyme vraiment prédestiné : Marco Velo, ancien champion italien de contre-la-montre, gros rouleur et dopé à ses heures. Comme si Johnny Gaudreau, des Flames de Calgary, s’appelait véritablement Johnny Hockey. Difficile à battre, n’est-ce pas, Alain ?
Frédérick Duchesneau
Disons que vous vous appelez Grant Balfour. Et que vous aimez le baseball. Vous ne vous en priverez pas, mais vous tâcherez à tout le moins de ne pas devenir lanceur, non ? L’Australien d’origine, lui, n’en a eu cure. Pas un vilain choix puisqu’il aura eu une carrière enviable d’une douzaine de saisons comme releveur dans les ligues majeures, dont quelques-unes comme closer. Son année de gloire a eu lieu en fin de carrière, en 2013, alors qu’il a réalisé 38 sauvetages avec les A’s d’Oakland. Mais revenons à son nom. Lorsqu’il a accroché ses crampons en 2015, le droitier avait permis 252 buts sur balles en 539 manches et des poussières. Donc, environ un toutes les deux manches. Un peu imprécis, M. Balfour.
Katherine Harvey-Pinard
Quelque part en France – à Chalon-sur-Saône si on est plus précis –, un joueur de basketball porte le nom de Mickaël Gelabale. Dites-le à voix haute, c’est encore mieux. Oui, ça se prononce bien « j’ai la balle ». Gelabale a été repêché au deuxième tour lors du repêchage de 2005 de la NBA, par les anciens Supersonics de Seattle. Il a joué deux saisons là-bas, avant de rejoindre l’organisation des Lakers de Los Angeles, dont il n’a pas percé l’alignement. Notre protagoniste a ensuite évolué en Europe avant de revenir dans la NBA avec les Timberwolves du Minnesota en 2013. Il évolue aujourd’hui en France, pour l’Élan Chalon, dans la Ligue nationale de basketball Pro A… à 38 ans ! Gelabale porte le même prénom qu’un certain Jordan. Il n’a sûrement pas la balle autant que l’avait MJ, mais au vu de ce qu’il a accompli dans son sport, je pense qu’il mérite quand même de porter ce fabuleux nom de famille.
Richard Labbé
Quelles étaient les chances qu’un boucher du Soudan, prénommé Abdullah, puisse un jour devenir lutteur professionnel tout en incarnant un personnage se rapprochant de celui d’un boucher ? C’est pourtant l’incroyable destin d’Abdullah The Butcher, dont le nom si particulier ne pouvait que le prédestiner à des folles soirées de lutte ensanglantée, et aussi à une carrière passée à baigner dans le sang, le sien et celui des autres. Non, mais vraiment, quel heureux hasard que celui-là, et ma tête d’enfant a encore en mémoire tous ces moments merveilleux et magiques où Abdullah, la tête couverte de sang, tentait d’ouvrir un adversaire avec un objet, comme un boucher aurait tenté de découper un animal dans une chambre froide. Avec un tel nom, on s’entend qu’Abdullah The Butcher n’allait pas incarner un mannequin dans le ring ! C’est touchant de beauté quand on y pense.
Guillaume Lefrançois
Avec des noms de lutteurs, on pourrait faire une chronique uniquement avec les personnages des années 1990. Saviez-vous qu’il y avait un percepteur d’impôts du nom d’Irwin R. Schyster, dont les initiales faisaient « IRS » ? Et un fermier, propriétaire d’une porcherie, du nom de Phineas I. Godwinn (« pig ») ? Le croque-mort Paul Bearer (« pallbearer », porteur de cercueil, la comprenez-vous ?) n’était pas mal non plus. Mais quelque chose nous dit que ces noms étaient inventés. Dans la vraie vie, le joueur de soccer Zhū Tǐng n’est pas trop mal. Pour m’assurer de la prononciation exacte, j’ai utilisé le tableau ci-dessous qui semble prévoir pas mal tous les scénarios, et après écoute, il semble en effet que son nom puisse se prononcer pratiquement comme « shooting », ce qui est un bel aptonyme pour un attaquant. Zhū Tǐng a eu droit à 22 matchs dans l’équipe nationale chinoise pour démontrer ses habiletés de tireur ; il a marqué 3 buts.
Alexandre Pratt
Le joueur de soccer belge Mark De Man. Comme dans « marquer son joueur », le suivre à la trace pour se défendre. En plus, c’est un milieu de terrain défensif. L’aptonyme parfait !
Jean-François Tremblay
J’ai une fixation un peu bizarre sur les gardiens de but des années 1990. Peut-être parce que ça me rappelle une époque où tout était plus simple, mais on s’égare. Les années 1990 ont permis l’éclosion de deux gardiens au nom prédestiné, pour les bonnes et les mauvaises raisons. Steve Shields – quel magnifique nom pour quelqu’un qui doit protéger quelque chose – a brillé en 1998 et en 1999 avec les Sharks de San Jose, notamment avec une saison à ,921 d’efficacité et une autre à 27 victoires. Il a mérité son nom avec sa saison de 30-6 à l’Université du Michigan. À l’autre bout du spectre, Steve Passmore – quel triste nom quand ton emploi est d’empêcher quelque chose de passer – n’a jamais su s’établir nulle part, et il a traversé une saison de 15-50-5 dans le junior. Ouch.
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