« Le momentum a changé en deuxième [période]. Ce n’est pas nous autres qui l’[avons] changé, puis ce ne sont pas les Leafs non plus. »

Ainsi s’exprimait Dominique Ducharme, samedi soir, après la défaite du Canadien contre les Maple Leafs de Toronto. L’entraîneur-chef du Tricolore était manifestement insatisfait du travail des officiels. C’est vrai, il y a eu des décisions discutables. Comme à tous les matchs, d’ailleurs. Sauf que le Canadien ne s’est pas aidé non plus.

Les vétérans – dont on a tant souligné l’expérience et le leadership – ont mal géré leurs émotions. Les gestes d’indiscipline et de frustration se sont multipliés. Les punitions aussi. Les unités spéciales, surtaxées, ont fini par s’épuiser. Les Maple Leafs en ont profité.

Remarquez bien, à forces égales, ce n’était pas mieux. Les quintettes du Canadien étaient désorganisés. Surtout en zone défensive, lorsqu’ils n’avaient pas la rondelle. Il y avait plus de circulation devant Carey Price que dans les rues de Vaudreuil après la fermeture du pont de l’Île-aux-Tourtes. Les attaquants des Leafs étaient partout. Au total, ils ont cadré 14 tirs de l’enclave. Leurs coéquipiers à la défense ont aussi dirigé plusieurs tirs dangereux de la ligne bleue. Tous du côté gauche de la patinoire, d’ailleurs.

La différence de talent était notoire. Par moments, ça allait juste trop vite pour que les attaquants du Canadien parviennent à bloquer les lignes de tirs. Les défenseurs du Tricolore, eux, ont souvent paru débordés. Surtout Ben Chiarot, qui a été sur la patinoire pour 15 tirs adverses à forces égales, et 6 autres en infériorité numérique.

Les centres du Canadien ont connu une soirée difficile au cercle des mises en jeu. Nick Suzuki – transparent – a terminé la soirée avec 23 % de réussites. Phillip Danault ? 29 %. Eric Staal ? 33 %. Seul Jesperi Kotkaniemi – auteur du seul but du Canadien – a gagné plus d’une mise en jeu sur deux. Un résultat collectif nettement insuffisant pour espérer vaincre une équipe aussi puissante en attaque que les Maple Leafs. Particulièrement lorsque Auston Matthews active son mode turbo.

Lorsque la défensive du Canadien flanche, ses chances de l’emporter sont presque nulles. Car l’attaque, elle, est en panne sèche.

Ça fait neuf matchs consécutifs que le club inscrit trois buts ou moins. Dans cette série contre les Leafs, Nick Suzuki, Tomas Tatar et Corey Perry n’ont toujours pas tiré à forces égales. Plus le match avançait, samedi, plus on sentait Dominique Ducharme impatient. L’entraîneur-chef du Canadien a permuté Jesperi Kotkaniemi et Phillip Danault. Sans succès. Il a ensuite déconstruit tous ses trios, comme un chef pâtissier tentant de transformer un Passion Flakie en un Paris-Brest. En vain. Puis avec six minutes à jouer, il a déchiré une page du grimoire de Patrick Roy et retiré son gardien – une bonne décision dans les circonstances – afin de provoquer une étincelle. Il ne s’est rien passé. En fait, si : les Leafs ont marqué dans un filet désert, causant encore plus de frustration dans le camp du Canadien.

Autant de réactions qui tranchaient avec l’attitude décomplexée du Canadien, lors de la première partie de la série, jeudi soir.

Pour gagner le prochain match, le Canadien devra mieux gérer ses émotions. Il en est capable. Il devra se ressaisir en défensive. Il en est aussi capable. Mais surtout, il devra marquer des buts. Et pour ça, ça prendra des renforts.

Il est temps de donner une chance à Cole Caufield.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Le Canadien devrait inclure Cole Caufield dans son alignement, selon notre chroniqueur.

Oui, je sais, l’Américain n’est pas le plus costaud pour le « hockey des séries ». Il brasse moins la cage que d’autres. Il a moins d’expérience. Il n’a pas encore connu de succès en supériorité numérique dans la Ligue nationale. Sauf que c’est toujours bien lui le meilleur compteur du Canadien depuis le 1er mai, avec quatre buts. Ce sont quatre buts de plus, pendant la même période, que Joel Armia, Tomas Tatar, Corey Perry et Eric Staal réunis. J’ai peine à croire que ses carences physiques ou défensives pourraient nuire à ce point à l’équipe, au point de le rayer de l’alignement, alors que tout le monde cherche des buts.

Ma prédiction ?

Cole Caufield sera dans l’alignement pour le troisième match, lundi soir.