Chaque semaine, les journalistes des Sports de La Presse répondent à une question dans le plaisir, et un peu aussi dans l’insolence. Après le plus grand mensonge la semaine dernière, la plus grande vérité cette semaine.

Richard Labbé

Au hockey, il n’y a rien de mieux qu’un coach qui dit les vraies affaires, et c’est en plein ce que Claude Julien a choisi de faire en ce 14 mars 2017. Le directeur général Marc Bergevin venait à peine d’ajouter trois joueurs à la date limite des transactions, messieurs Steve Ott, Andreas Martinsen et Dwight King. Déjà, sur le coup, on pouvait constater qu’il y avait bien peu de futurs membres du Temple de la renommée dans cette liste, et de toute évidence, Claude Julien avait remarqué la même chose. Mais un coach doit garder le sourire et trouver une façon de défendre les décisions de son patron, et c’est ce que Julien a tenté de faire lorsqu’on lui a demandé, en substance, de décrire les plus grandes qualités de Dwight King. La réponse : « Il sait quand faire les changements de ligne et quoi faire avec la rondelle quand c’est le temps de faire des changements de ligne. » J’ai beau chercher, je crois que c’est la seule fois de l’histoire du hockey où un coach a vanté un joueur parce qu’il savait bien rentrer au banc.

Jean-François Tremblay

Pour retrouver le moment le plus honnête de l’histoire du sport, replongeons-nous en mars 2008. À ce moment, Carey Price donnait l’espoir en des jours meilleurs. Lewis Hamilton remportait des Grands Prix et assoyait sa domination. On discutait d’un boycottage de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin. C’est dans cet univers complètement différent de celui que l’on connaît aujourd’hui que Kaz Matsui s’est installé à tout jamais dans la culture populaire.

PHOTO BOB LEVEY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Kaz Matsui, des Astros de Houston, frappe la balle contre les Rockies du Colorado en avril 2008.

Le 14 mars, les Astros de Houston annonçaient tout bonnement que leur joueur de deuxième but allait être opéré… pour une fissure anale. L’absence était de deux semaines, ajoutait-on, sans tenir compte du choc initial causé par l’annonce. Comprenez-nous bien, tout le monde aime une bonne dose d’honnêteté, et cette blessure devait être passablement désagréable. Mais pour une fois, on se serait contentés d’un bon vieux « bas du corps ».

Mathias Brunet

En janvier 2000, après un match contre les Hurricanes de la Caroline, une terrible tempête s’est abattue sur la région alors que le Canadien se dirigeait vers l’aéroport en autocar. L’avion ne pouvait pas décoller et nous avons dû gagner des résidences sur le campus de l’Université North Carolina pour la nuit. C’était à l’époque où les journalistes pouvaient encore voyager avec le Canadien. La petite ville de Chapel Hill était ensevelie sous la neige le lendemain, à notre réveil. Il était tombé 50 cm de neige depuis la veille, la pire tempête depuis 1929. Nous sommes restés coincés sur le campus pendant trois jours. Nous avons sorti les cartes et joué sans interruption, tous ensemble, entraîneurs, journalistes, gestionnaires.

PHOTO DENIS COURVILLE, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Vigneault, entraîneur du Canadien, en novembre 1999

L’entraîneur du Canadien, Alain Vigneault, n’avait pas une grande équipe à l’époque, avec les Darby, Campbell, Zholtok, Lind et Bashkirov parmi ses piliers offensifs ! Ça n’allait pas très bien non plus pour lui aux cartes. Il avait continuellement des mains ridicules, dans ce jeu appelé, de façon très peu chic, le « trou de cul ». À un certain moment, il en a eu assez. Il a lancé ses cartes sur la table en éclatant de rire : « Comme mon maudit club ! » Je crois qu’on en a ri jusqu’à notre retour à Montréal…

Alexandre Pratt

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Marc Bergevin, directeur général du Canadien, en point de presse, en avril 2017

Une qualité de Marc Bergevin, c’est sa franchise. Il est capable d’appeler un chat un chat. À l’été 2017, irrité par ses négociations avec le vétéran Alexander Radulov, devenu joueur autonome, Bergevin n’a pas caché son mécontentement. « Si tu cherches la loyauté, achète-toi un chien », a-t-il lancé. Gulp. Ce jour-là, le chien de Radulov – avec le Canadien – est mort.

Simon-Olivier Lorange

« Si c’était à refaire, je ne suis pas sûr que je revivrais cette expérience-là. […] On s’est ramassés avec de bons gars, mais on aurait eu de la misère à battre une bonne équipe de la Ligue américaine. […] Je n’étais pas prêt pour ça. » En février 2020, l’équipe des Sports de La Presse a publié une série de textes sur le thème de la défaite. J’ai donc revisité les premières saisons des Sénateurs d’Ottawa, qui ont fait leur entrée (leur retour, en fait) dans la LNH au début des années 1990.

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Alain Vigneault, entraîneur-chef des Flyers de Philadelphie, durant le camp d’entraînement de l’équipe, en juillet 2020

La franchise d’Alain Vigneault, adjoint à l’entraîneur-chef Rick Bowness chez les Sens à l’époque, m’a sidéré. Évidemment que la carrière qu’il a connue depuis, de même que le recul de plus de 25 ans, lui permettait de tenir un discours sans filtre. Mais dans un sport où le message est à ce point formaté, et où les épreuves et l’apprentissage dans la douleur sont glorifiés sur une base quotidienne, entendre un entraîneur s’ouvrir aussi candidement sur ses pénibles premiers pas dans la LNH ne peut qu’être rafraîchissant. La vérité peut être bonne à dire, finalement…

Guillaume Lefrançois

Permettons-nous de dévier légèrement du sujet et allons-y avec une déclaration d’un joueur… mais pas n’importe lequel : Evgeni Malkin. En finale de la Coupe Stanley 2017, c’est le Media Day, cette journée où tous les joueurs des deux équipes sont disponibles pour des entrevues.

PHOTO GENE J. PUSKAR, ASSOCIATED PRESS

Evgeni Malkin et Sidney Crosby, des Penguins de Pittsburgh, en janvier 2020

La conversation entre Malkin et les journalistes est fascinante, le Russe s’exprimant sans aucun filtre. Il se fait éventuellement demander s’il est tanné d’être toujours dans l’ombre, que ce soit celle de Sidney Crosby à Pittsburgh ou celle d’Alexander Ovechkin en équipe nationale. Sa réponse : « Je ne veux pas être numéro 1 en Caroline… sans manquer de respect. Sid est tellement professionnel, et je veux l’être tout autant. » Il faut se rappeler que les Hurricanes de l’époque venaient de rater les séries pour la huitième saison de suite et jouaient devant 11 000 spectateurs, dans un aréna où la distanciation physique allait de soi. Sa déclaration était néanmoins saisissante.