Les sports de contact ont ceci en commun : aux yeux de bien des néophytes, ce ne sera que « des gens qui se rentrent dedans ». À première vue, le roller derby mérite cette perception plus que tout autre.

Pourtant, ce n’est ni une forme de lutte en patins à roulettes ni un jeu de quilles humaines. Il y a des règles et elles sont plus complexes qu’il n’y paraît.

Oui, à la source, se trouvent les contacts physiques. Dans l’épisode de la série Home Game, sur Netflix, qui s’arrête à Austin, au Texas, pour une incursion dans le monde du roller derby, on décrit ce dernier comme un mélange d’athlétisme et de divertissement « intense, brutal et rapide ».

Selon Josiane Turcotte, présidente de Montréal Roller Derby (MTLRD), coach et ex-joueuse, « les fractures sont plutôt rares ».

Tous les coups ne sont pas permis pour bloquer l’adversaire, mais dans un sport où l’on se pousse en patins à roulettes, des accidents surviennent occasionnellement. Les commotions cérébrales font partie de ces risques.

Des arbitres veillent au respect des règles, dont celles sur les contacts.

IMAGE FOURNIE PAR MONTRÉAL ROLLER DERBY

Quelques règles du sport à respecter

Mais ce ne sont pas ces contacts qui donnent des points. Alors, comment le roller derby se joue-t-il ? Voici la base, qui peut changer d’un endroit à un autre.

Un match se dispute en deux mi-temps ou en quatre quarts, de durées variables, divisés à leur tour en segments, appelés jams. Ces derniers durent un maximum de deux minutes chacun. C’est au cours de ces jams que l’on peut marquer des points.

Chaque équipe envoie cinq joueuses à la fois sur la piste ovale, qui est souvent plate, parfois inclinée.

Quatre joueuses sont des bloqueuses et forment le peloton, alors que l’autre, la jammeuse – habituellement la plus agile –, est chargée de marquer des points. La jammeuse est reconnaissable à l’étoile sur son casque.

Après avoir traversé le peloton une première fois, la jammeuse marque ensuite un point par bloqueuse adverse qu’elle réussit à dépasser.

Il y a généralement 30 secondes de pause entre chaque jam.

Voir « Les règles en bref » pour plus de détails. Mais on vous suggère fortement de consulter le lien ci-dessous. Le site de MTLRD explique tous les cas de figure de façon très limpide, illustrations à l’appui.

> Consultez le site de Montréal Roller Derby

Des alter ego

Le roller derby est né des courses d’endurance en patins à roulettes, prisées dans les années 1920. Une décennie plus tard apparaît ce qui commence à ressembler au roller derby d’aujourd’hui, discipline dont la popularité atteindra des sommets après la Seconde Guerre mondiale.

Elle connaîtra par la suite une période plus sombre, avant qu’une version contemporaine et organisée ne renaisse au Texas, au tournant des années 2000.

Aujourd’hui, il existe plus de 1000 ligues dans le monde.

Le roller derby est souvent animé par une esthétique originale qui s’exprime entre autres par les choix vestimentaires, quoique de moins en moins, révèle Josiane Turcotte. Les tenues athlétiques ont pris le pas sur les bas résille, par exemple.

Les surnoms, par contre, sont encore très présents et font toujours partie de la culture du roller derby.

Chez les Texanes de Home Game : Zara Problem, Bikini Killer et – on adore celui-ci – Rolla Parks (en référence à Rosa Parks).

Quelques-uns chez MTLRD : Chlomydia, Fort Knocks, Grilled Pain. Sans oublier Féline Dion, chez Roller Derby Québec.

Ça fait changement des surnoms de joueurs de hockey…

« Assurément, il y a cette espèce d’environnement-là où tu développes quasiment un alter ego ou un personnage de derby », indique Josiane Turcotte.

Fondée en 2006, MTLRD compte six formations, dont une équipe A – les New Skids on the Block – qui figure parmi les meilleures de la Women’s Flat Track Derby Association (WFTDA), d’envergure mondiale.

Plus de 100 membres gravitent au sein de la ligue montréalaise.

« On a beaucoup de joueuses qui n’avaient aucun background, qui ont toujours détesté le sport pour plein de raisons, qui n’ont jamais été bonnes en sport ou qui n’en ont jamais fait et qui trouvent vraiment leur place dans le derby », souligne sa présidente.

Du 15 au 17 novembre 2019, le complexe Claude-Robillard avait accueilli les championnats de la WFTDA. En finale, il y avait 3000 spectateurs, affirme Josiane Turcotte.

On l’a déjà cru mort, d’une autre époque, mais le roller derby est bien vivant.

> Consultez le site de Roller Derby Québec

Les règles en bref

La première des deux jammeuses qui réussit à traverser légalement le peloton est appelée première jammeuse. Elle obtient le pouvoir d’imposer l’arrêt du jam quand elle le souhaite. Elle indique aux arbitres sa volonté d’arrêter le jam en touchant ses hanches avec ses mains.

L’une des quatre bloqueuses a une bande verticale sur son casque. Elle est appelée « pivot ». La jammeuse peut passer son étoile à la pivot, qui prend alors le rôle de jammeuse. La jammeuse d’origine devient alors bloqueuse.

Une joueuse peut frapper une adversaire pour la faire sortir de piste. Celle qui a été projetée à l’extérieur doit retourner sur la piste derrière la joueuse qui l’a frappée.

Si une joueuse commet une pénalité, elle doit immédiatement aller dans la boîte de pénalités pour 30 secondes.