Si le milieu du sport accueille favorablement la reprise des activités parascolaires le 15 mars, partout au Québec, certains remettent néanmoins en question le fait qu’elle se fera uniquement par groupes-classes pour l’instant. Les fédérations, elles, se disent prêtes à collaborer, alors que le gouvernement a confirmé qu’un plan de déconfinement « progressif » serait présenté la semaine prochaine.

« Pour nous, c’est un très bon début. Les jeunes peuvent apprendre à fonctionner dans un contexte sanitaire. Cela dit, la prochaine étape, ce sera de reconnaître les équipes sportives comme étant aussi une bulle sécuritaire », explique le président du Réseau du sport étudiant du Québec, Gustave Roel.

Au sein des différents organismes sportifs de la province, personne n’attendait « nécessairement » une annonce cette semaine, rappelle M. Roel. « On aurait tous souhaité un démarrage de tout le reste, mais en même temps, il faut être réaliste, dit-il. Ça fait trois semaines qu’on nous dit que la semaine de relâche sera un moment baromètre. Là, on s’en va dans la bonne direction. »

Depuis janvier, on permet aux jeunes en zone orange d’avoir huit personnes à l’extérieur, mais pas en milieu scolaire. Là, au moins, il y a un équilibre qui vient de se faire. On espère que la suite va rassurer la Santé publique.

Gustave Roel, PDG du Réseau du sport étudiant du Québec

Plus tôt, en mêlée de presse, François Legault avait indiqué que la reprise des activités parascolaires, qui comprennent les sports et les « sorties publiques » avec les élèves, ferait beaucoup de bien aux jeunes. « Le sport, c’est important pour la santé mentale, mais on va tous convenir qu’il y a au moins certains sports où les rapprochements peuvent apporter une contagion », a-t-il prévenu, soulignant qu’il reste « plus facile dans les écoles d’avoir un cadre bien contrôlé » et des consignes bien respectées avec une bulle.

« Oui, ça serait le fun de dire : on recommence les matchs de hockey pour les pee-wee, les bantams. […] Je comprends que ça s’est accumulé depuis un an, mais on ne fera pas exprès pour exposer des personnes à attraper ce virus-là qui a des conséquences graves », a ensuite précisé François Legault. Il a fait référence au fait que même dans la Ligue nationale de hockey, « avec tout l’argent et les précautions » qui sont prises, un joueur comme Sidney Crosby suit actuellement un protocole COVID-19.

« C’est mal connaître le parascolaire »

Le cofondateur du Grand Défi Pierre Lavoie (GDPL), Pierre Lavoie, aurait souhaité plus d’ouverture de Québec. « Si ça ne change pas, je pense qu’ils ne vont pas assez loin. L’école devrait être considérée comme une bulle, au moins en zone orange, avec des mesures. Je serais allé directement vers le parascolaire complet, tel qu’on le connaît, et non seulement par groupes-classes », martèle-t-il.

C’est mal connaître le parascolaire. Les jeunes doivent provenir de différentes classes pour que ce soit viable. Dans ce nouveau modèle que propose le gouvernement, actuellement, c’est non applicable sur le terrain.

Pierre Lavoie, cofondateur du GDPL

La semaine prochaine, la ministre déléguée à l’Éducation, Isabelle Charest, doit présenter un plan de déconfinement « progressif », mais plus global, pour tout le secteur du sport. On ignore pour le moment ce qui sera annoncé, mais « demain matin, il n’y aura pas de parties de hockey », a insisté le DHoracio Arruda, directeur national de santé publique. « On va poursuivre les discussions dans les prochains jours, entre autres avec les fédérations sportives », a de son côté promis M. Legault.

Chez Sports Québec, le directeur général, Luc Fournier, tente de rester optimiste. « On a un pas de fait. C’est sûr qu’on ne pourra pas tout faire demain matin. Je ne pense pas qu’on va recommencer les grandes compétitions sportives la semaine prochaine. Mais là, au moins, on a une perspective », soutient-il.

Son groupe se dit satisfait d’avoir « pris le pari » de « travailler directement » avec la Santé publique pour la réouverture des sports, au lieu de réclamer publiquement une intervention des autorités. « Ce qu’on nous demandait, c’était de travailler sur l’avant et l’après du sport, donc on a harmonisé les responsabilités de tous les partenaires, du propriétaire de l’équipement à l’équipe ou la fédération. Et ce travail est en train de porter ses fruits », estime M. Fournier.

« On tire de tout bord, tout côté pour avoir quelque chose, et maintenant, on en a un peu. Cela dit, il reste qu’on a été un peu surpris par l’annonce. Honnêtement, on ne s’attendait pas à grand-chose aujourd’hui, donc entendre qu’un déconfinement partiel ou progressif s’en vient dans le sport, c’est bien reçu. On va continuer à travailler très fort pour que ça se concrétise », conclut-il.

Vendredi dernier, La Presse rapportait que des entraîneurs, athlètes, parents et responsables de fédérations sportives estiment que les jeunes ont suffisamment payé depuis un an. Ils réclamaient notamment du gouvernement que ce soit enfin leur tour d’avoir droit à un peu plus de liberté, une fois la semaine de relâche passée. Une manifestation, dont Isaac Pépin, footballeur de 16 ans de Québec, est à l’origine, doit avoir lieu le 7 mars devant l’hôtel du Parlement. « On veut que M. Legault comprenne qu’on a besoin d’air », dit-il.