Lecteurs de La Presse, je vous adore. Vous êtes géniaux !

Des centaines d’entre vous ont répondu à notre appel à tous, lancé samedi, pour franciser des expressions sportives difficiles à traduire.

Vous avez pris votre mission au sérieux. Résultat ? Des perles. Des perles. Et encore des perles. Voici les plus belles et les plus brillantes.

Relisez la chronique

CLOSER

Définition : au baseball, le releveur chargé de protéger la victoire lors de la dernière manche.

Suggestions : vous deviez trouver une expression qui tient compte de la charge intimidante du mot en anglais. Mission accomplie. Vous avez puisé allègrement dans le répertoire des films de Bruce Willis et de Jean Reno : le nettoyeur (Philippe Navarro), le faucheur (Jean-Marc Rochon), le verrouilleur (Mario Gladu), le liquidateur (Michel Barbeau), l’assassin (Jean-François L’Heureux), le lanceur à gages (Simon Audy), le croque-mort (Alain Halle). Maxime Lemire propose le fossoyeur. « C’est vraiment celui qui met fin au travail. C’est plus imagé que l’expression anglaise. Peut-être trop… » François Régnier suggère le comptable. Pourquoi ? « C’est celui qui ferme les livres. »

Ma préférée : le videur, soumis par 25 lecteurs différents. Comme celui qui sort les clients d’un bar à 3 h. Explications de Raymond Bélanger : « Une dernière chance, puis on ferme ! »

TAXI SQUAD

Définition : au hockey, l’escouade de joueurs qui se trouvent entre la Ligue nationale et la Ligue américaine cette saison.

Suggestions : André Léonard m’a bien fait rire avec le cellier. « On y retrouve de jeunes bouteilles que l’on veut laisser vieillir, ou de vieilles bouteilles que l’on peut ressortir si on est à court. On ne sait pas si ce sera un grand cru ou si la bouteille sera bouchonnée. Exemple : on a sorti Frolik du cellier. » Alain Gervais m’a impressionné avec la cavalerie. « Ils sont sur la touche, bien préparés, et sont gonflés à bloc. »

Ma préférée : la bulle de réserve. Une idée de François Dagneau. « J’aime l’idée d’associer un mot très pandémie à un concept qui n’existera que pendant la pandémie. » Moi aussi !

PASSING

Définition : au tennis, un coup puissant dirigé près des lignes de côté pour déjouer un adversaire monté au filet.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Comment traduire un passing, comme ceux tentés par Bianca Andreescu ? Nos lecteurs ont répondu à l’appel avec enthousiasme.

Suggestions : Éric Fontaine et Michel Boulay conseillent le laser. « Puissant, précis, sur une ligne très définie », souligne M. Boulay. Bien joué. Variations sur le même thème : la flèche (Simon Audy), la fusée (Monique Mandeville) et le coup chirurgical (Pierre Arpin). Jean Lacoursière préfère la percée, « qui est l’action de percer la défense adverse ».

Ma préférée : le casse-cou. Une trouvaille de Martin Béliveau. « Comme si le joueur qui monte au filet se tord le cou de voir la balle qui passe sans pouvoir l’en empêcher. »

BOX-TO-BOX

Définition : au soccer, un milieu de terrain impliqué, qui couvre beaucoup de terrain.

Suggestions : plusieurs lecteurs ont soumis un joueur nord-sud, qui préfère le jeu longitudinal, par opposition à un joueur est-ouest, qui préfère les déplacements latéraux. Aussi : joueur tout-terrain (Julien Ricoul, Alexis Girard), joueur plein terrain (Martin Ducharme), joueur ubique (Francis Proulx). Plus poétiques, Alexis Joubert propose le chien de berger et Martin Béliveau, le monarque : « le joueur est comme un papillon qui voyage ».

Ma préférée : le fureteur, proposé par Monique Mandeville. Défini par le Larousse comme « une personne qui cherche, fouille partout, qui s’enquiert de tout ». C’est exactement cela !

WAR

Définition : au baseball, acronyme pour Wins Above Replacement. Donc la contribution d’un joueur à son équipe par rapport à un joueur de remplacement.

Suggestions : plusieurs expressions sorties d’un cours de comptabilité de HEC : contribution marginale (Pierre Martin, comptable à la retraite), efficacité comparative (Solange Bellerose), avantage marginal pour l’équipe (Daniel Forcier).

Ma préférée : GAP, de Jean-Sébastien Choquette. Pour gain attribuable à la présence. « En plus, l’acronyme a du sens ! » souligne-t-il.

PLAY ACTION

Définition : au football, une feinte de course, suivie d’une passe.

PHOTO TED S. WARREN, ASSOCIATED PRESS

Jared Goff et Cam Akers, des Rams de Los Angeles

Suggestions : difficile, celle-ci. Mais vous avez trouvé de petits bijoux. Martin Béliveau a pensé à un piège à ours —– « car les joueurs de ligne sont bâtis comme des ours ». Brillant. Benoit Deschamps suggère le trompe-et-passe. Efficace. Alexis Joubert, lui, s’est inspiré du baseball avec le cours-et-lance. Court et imagé.

Ma préférée : la course-leurre, de François Gagnon. « Le quart veut leurrer les demis défensifs avec sa course, alors qu’il est lui-même le leurre. »

WALK-OFF HOME RUN

Définition : au baseball, le circuit qui met fin à une partie.

Suggestions : j’ai gardé le meilleur pour la fin. Là, vous vous êtes surpassés. Vraiment. Julie Vincent a créé le coupe-circuit. « Un circuit qui coupe l’herbe sous le pied ». Pierre Martin et Simon Audy, le court-circuit. Mario Gladu, le coup de sortie (bravo !). Louis-Benoit Gagnon, traducteur, a un penchant pour le circuit couche-tôt. Michel Boulay joue dans les mêmes eaux avec le circuit couvre-feu. « C’est l’influence des mesures sanitaires », s’excuse-t-il.

Ma préférée : le clou de circuit. Expression parfaite, trouvée par mon collègue de la section Arts et Être Charles-Éric Blais-Poulin.

Merci à tous ceux qui ont participé à l’exercice, et tendez l’oreille lorsque vous écouterez une partie à la télévision ou à la radio. Votre expression pourrait faire du chemin.