(En mer) Une semaine après le départ du Vendée Globe, un premier bateau a démâté lundi, celui de dernière génération de Nicolas Troussel alors que l’un des grands favoris, Alex Thomson, commande la flotte de façon impressionnante sur son voilier volant.

Autre grand favori, Jérémie Beyou (Charal), contraint de rentrer samedi aux Sables-d’Olonne pour réparer plusieurs avaries, l’un des favoris du Vendée Globe, a annoncé lundi qu’il allait reprendre la mer mardi après-midi, à la suite des réparations effectuées aux Sables-d’Olonne sur son « bateau volant » de dernière génération.

« On sait maintenant que Charal sera prêt à reprendre la mer demain (mardi) à la marée de l’après-midi », a déclaré le skipper breton lors d’une conférence de presse virtuelle.

Le départ devrait s’effectuer entre 15 h et 15 h 30, a précisé le navigateur, en remerciant toutes les personnes qui se sont relayées « sans compter jour et nuit » pour effectuer les réparations nécessaires dans les temps. Il n’a plus aucune chance de gagner la course.

Mât cassé

Troussel, lui, sait déjà que son premier tour du monde en solitaire est fini. Après un bon départ et une bonne première semaine, le bateau (Corum L’Épargne) a démâté lundi avant le lever du soleil, au large du Cap-Vert, alors qu’il pointait 7e au classement.

« Vendée Globe terminé pour Corum L’Épargne. Démâté avant le lever du jour, j’étais tranquillement dans la bannette quand j’ai entendu un grand bruit dehors. Je suis sorti, y avait plus de mât. C’est la fin de… De cette aventure Vendée Globe 2020 », a dit Troussel dans un enregistrement sonore diffusé par son équipe.

« J’ai une grosse pensée pour tous les gens qui ont travaillé et m’ont soutenu toutes ces années pour préparer cette course. Et puis… Faudra revenir. Faut réfléchir à tout ça. C’est beaucoup de sacrifices », a-t-il poursuivi d’une voix lente.

Le directeur de l’équipe, Greg Evrard, a indiqué que le skipper de 45 ans faisait « route au moteur en direction du Cap-Vert ». « Il a 280 litres de gasoil à bord, ça devrait lui permettre de se rendre à Mindelo (île de São Vicente) ».  

« Un peu surpris »

Le bateau « Corum L’Épargne » est un foiler de dernière génération, un voilier équipé de grands appendices latéraux, des ailes portantes (ou foils, en anglais), qui permettent à la coque de s’élever au maximum au-dessus de l’eau pour naviguer à très haute vitesse, pouvant frôler les 40 nœuds (74 km/h). Il est le dernier-né de cette flotte « volante » de huit bateaux. Il a été mis à l’eau mi-mai et Troussel n’a pas pu l’éprouver en course avant de prendre le départ du Vendée Globe en raison de la crise sanitaire.

Et jusque-là, ces engins avaient plutôt bien tenu.

« Ce sont des conditions plutôt clémentes depuis le départ », a analysé le seul double vainqueur du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux. « Les marins sont plutôt en retrait, bien en deçà des performances que ces bateaux auraient pu faire ».

« On nous avait vendu des trucs extraordinaires, pour le moment on n’a pas encore vu ça. Je suis un peu surpris », a glissé Desjoyeaux.

Thompson creuse l’écart

À la barre d’une de ces machines, le Britannique Alex Thomson (Hugo Boss) est pourtant en pleine maîtrise. Il continue de creuser l’écart en tête de course, lundi à mi-journée.

« Ces bateaux avancent rapidement avec si peu de vent. Je n’ai pas vu de rafales supérieures à 15 nœuds depuis mon arrivée dans les alizés. Cela me laisse perplexe parfois, la capacité de ces bateaux à aller si rapidement avec si peu de vent », a raconté Thomson lundi matin, depuis son cockpit entièrement fermé et bardé d’outils ultra-technologiques.

« Je suis ici dans le fauteuil du Capitaine Kirk comme l’appelle l’équipe. Je regarde les instruments et je vois mes ordinateurs juste au-dessus des instruments », a-t-il relevé alors qu’il file à vive allure, toujours suivi de Jean Le Cam (Yes We Cam !) à la barre d’un bateau construit en 2007.