Les athlètes olympiques pourront continuer à profiter de ses installations, malgré les récentes annonces gouvernementales pour les zones rouges

Toutes les activités sportives encadrées seront stoppées net pour au moins trois semaines dans les zones rouges ce jeudi. Toutes ? Pas tout à fait. Le complexe du Parc olympique de l’Institut national du sport (INS), où se déroule la préparation de centaines d’athlètes d’élite, bénéficiera d’une dérogation.

C’est ce qu’a dévoilé Jean Gosselin, directeur, communication et marketing, de l’INS, en entretien téléphonique mardi midi.

« On nous a permis de poursuivre nos activités à cause de la nature exceptionnelle de notre milieu, qui rend des services exceptionnels à une clientèle qui est exceptionnelle. Parce que les athlètes qui sont chez nous, ce sont ceux qui sont en préparation pour les prochains Jeux olympiques. Ceux qui se pointent chez nous se retrouvent dans un milieu qui est très encadré, par du personnel médical, scientifique. On ressemble davantage à un milieu professionnel qu’à un milieu de sport », explique M. Gosselin.

L’INS a donc reçu une forme d’exemption de la part des autorités de la Santé publique.

« C’est une forme de dérogation, effectivement, qu’on a obtenue. Ce n’est pas le grand public qui vient ici. Si vous n’êtes pas un athlète identifié, si vous n’êtes pas en préparation olympique ou paralympique, vous ne venez pas chez nous. Ce n’est pas un centre d’entraînement. »

Si le statu quo prévaut donc pour les athlètes « réguliers » de l’INS, il reste d’ici jeudi des zones d’ombre à éclaircir pour d’autres catégories d’athlètes, indique Jean Gosselin.

« Ce ne sont pas tous les athlètes de haut niveau qui s’entraînent chez nous, ou qui s’y entraînent à temps plein, donc dans certains cas, il y a encore des points d’interrogation. On cherche des réponses pour ceux qui sont dans d’autres régions, ou qui dépendent d’un site d’entraînement pour le sport qui n’est pas à l’Institut.

« Et il faut voir aussi ceux qui sont en zone orange encore, qui ont une marge de manœuvre qui est différente de ceux qui sont en zone rouge. On peut penser par exemple à des athlètes de natation. Il y a des athlètes de haut niveau en natation qui ne s’entraînent pas chez nous, donc qui pourraient peut-être se tourner vers l’Institut pour pouvoir en profiter. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Un employé de l’Institut national du sport du Québec désinfecte les lieux.

Quelque 400 athlètes ont accès à l’INS, dont environ la moitié sont en mode « approche finale » vers les Jeux olympiques.

Au haut de l’accueil du site web de l’organisation défilent d’ailleurs les comptes à rebours des Jeux de Tokyo et Pékin, olympiques et paralympiques. Au moment où vous lisez ce texte, nous sommes, à quelques heures près, à 289 jours des Jeux de Tokyo.

Des années de travail en jeu

Une dizaine de sports olympiques sont « résidants » de l’INS, dont le plongeon, la gymnastique, le judo, le water-polo et la paranatation. D’autres athlètes – des hockeyeuses et des patineurs artistiques, par exemple – y viennent pour certains entraînements ou services spécifiques. Le complexe comprend entre autres une clinique médicale.

Nulle part ailleurs au Québec les athlètes ne peuvent avoir accès à un tel encadrement. D’où la nécessité de garder l’INS ouvert, plaide Jean Gosselin.

« La conséquence d’arrêter l’entraînement de ces athlètes est directement reliée à la performance qu’ils pourront faire dans quelques mois aux Jeux olympiques. Il y a aussi ça qui pèse dans la balance. Est-ce qu’on veut causer du tort à la performance de nos athlètes ? »

En pesant le pour et le contre, le gouvernement a dit : voilà un risque qu’on peut se permettre de prendre.

Jean Gosselin, directeur, communication et marketing, de l’INS

La rigueur des directives et des mesures édictées à la réouverture du complexe en juin a aussi joué en faveur de l’INS, fait valoir M. Gosselin. Et les athlètes les suivent à la lettre, assure-t-il.

« Ils ont été privés de leurs facilités d’entraînement et ils ne veulent pas retourner là. Parce que pour un athlète en préparation olympique et paralympique, les Jeux, c’est demain matin. À ce moment-ci, on ne peut plus juste faire de l’entretien d’entraînement, comme on a peut-être pu faire en mars et en avril. »

Puisqu’il s’agit d’un sport d’équipe, nous avons demandé à Water Polo Canada s’il imposerait à ses athlètes des contraintes sanitaires supplémentaires à la suite des annonces de Québec lundi. La réponse : non. Ils étaient déjà soumis à des consignes « restrictives et spéciales » lors des entraînements, soutient Mylène Turcotte-Fitzgerald, responsable des communications et du marketing chez Water Polo Canada. Pour le reste, ses athlètes suivent les mesures mises en place par l’INS.

Aucun cas de COVID-19

Bien sûr, il y a LA question : des cas de COVID-19 ont-ils été répertoriés parmi les utilisateurs du complexe montréalais ? Aucun, affirme M. Gosselin.

« On a eu peut-être une centaine de cas de symptômes, mais ces cas-là ne sont jamais rentrés à l’intérieur du complexe. Et les gens ne revenaient pas chez nous tant et aussi longtemps qu’ils n’avaient pas eu deux tests confirmant qu’ils étaient négatifs. On a un milieu très froid, pour reprendre une expression du milieu de la santé. »

Par ailleurs, tout au long de l’entrevue, le directeur des communications de l’INS semble marcher sur des œufs. Il craint à l’évidence qu’une partie du milieu sportif réagisse mal au fait que l’Institut puisse poursuivre ses activités, malgré les nouvelles mesures annoncées par le gouvernement Legault lundi. À quelques reprises pendant la conversation, il insiste…

« Nos collègues dans les fédérations sportives en ont mangé une hier [lundi] et on ne veut pas avoir l’air d’être ceux qui se pavanent pour dire que nous, on continue quand même. On se sent très privilégiés de pouvoir continuer, assure-t-il. Mais on se rappelle que le reste du sport organisé au Québec a un lourd sacrifice à faire ces trois prochaines semaines et on est solidaires avec eux. »