Un commissaire de ligue est aux prises avec une situation explosive avec une association des joueurs, et contre toute attente, ce n’est pas Gary Bettman, celui qui a toléré l’annulation d’une saison complète et de deux moitiés de saison.

Le contraste entre la LNH et le baseball majeur était frappant, lundi. Le réseau ESPN a réussi un bon coup en réunissant les commissaires de sept ligues professionnelles nord-américaines afin de discuter des enjeux de la reprise des compétitions en ces temps de pandémie. Mais le baseball majeur en ressort avec un autre œil au beurre noir.

Contrairement à son homologue de la LNH, le commissaire du baseball majeur, Rob Manfred, n’a en effet pas affiché un grand optimisme.

« Je n’ai pas confiance. Je pense qu’il y a une menace bien réelle [qu’il n’y ait pas de saison], et tant qu’il n’y aura pas de discussions, cette menace sera toujours là », a indiqué Manfred au micro de l’animateur Mike Greenberg.

Manfred a aussi indiqué que les propriétaires se donnaient « à 100 % » dans le but de démarrer la saison de balle. Il s’agit d’une réponse directe à Tony Clark, directeur de l’Association des joueurs, qui a déclaré samedi, après avoir rejeté la dernière offre des propriétaires, que « toute discussion avec la ligue [était] maintenant futile. Il est temps de retourner sur le terrain. Dites-nous où et quand ».

Clark a toutefois répliqué à Manfred en début de soirée, quand le contenu de l’entrevue a commencé à filtrer, et a accusé le baseball majeur de négocier « de mauvaise foi ».

La mésentente entre les propriétaires et l’Association des joueurs quant aux réductions salariales est au cœur du problème. Les joueurs ont déjà accepté d’être payés au prorata des parties jouées, mais les propriétaires demandent une coupe supplémentaire pour pallier la perte des revenus de billetterie.

Preuve que les négociations sont laborieuses : toutes les ligues qui participaient à l’émission étaient aussi représentées par un joueur, sauf le baseball majeur. Manfred était plutôt accompagné par Joe Maddon, gérant des Angels de Los Angeles.

Les joueurs présents étaient Alejandro Bedoya (MLS), Calais Campbell (NFL), Crystal Dunn (NWSL, Ligue nationale de soccer féminin), Patrick Kane (LNH), Damian Lillard (NBA) et Brianna Turner (WNBA).

Bettman et les tests

Le baseball, le basketball, le football, le hockey et le soccer sont des sports où les contacts sont inévitables, contrairement au golf ou à la course automobile, deux sports qui reprennent peu à peu leurs activités.

PHOTO CHARLES KRUPA, AP

Le commissaire de la LNH Gary Bettman

Bettman est bien conscient qu’il s’agit là de l’une des plus grandes menaces qui guettent son circuit. D’ailleurs, les 50 personnes qui seront autorisées dans l’entourage de chaque équipe (joueurs et membres du personnel) seront testées au quotidien.

« S’il y a un test positif, cette personne sera isolée, a assuré Bettman. Et nous nous assurerons de retracer tous ceux qui ont été en contact avec cette personne. »

Évidemment, pour n’importe quel sport, une éclosion majeure changerait tout. Mais on nous dit qu’un ou deux cas isolés ne devraient pas altérer nos plans et que nous pourrons continuer nos activités.

Gary Bettman, commissaire de la LNH

La question du contrôle sanitaire est le principal obstacle à la reprise du jeu, mais il y en a d’autres, dont le passage des joueurs aux frontières. Il est de plus en plus évident – Bettman l’a même laissé entendre – que la LNH souhaite que l’un des deux sites centralisés qui accueilleraient des matchs soit au Canada, idéalement Toronto.

Un tel scénario simplifierait notamment le travail du réseau Sportsnet, diffuseur officiel de la LNH au Canada, établi à Toronto. L’autre ville serait Las Vegas, selon plusieurs médias.

« Nous travaillons particulièrement avec le gouvernement canadien afin de déterminer comment nous pourrions passer des camps d’entraînement à des matchs au Canada. Car évidemment, si les joueurs doivent se soumettre à une quarantaine de 14 jours entre les camps d’entraînement et la reprise du jeu, ça ne fonctionnerait pas », a fait valoir Bettman.

En téléconférence la semaine dernière, le propriétaire du Canadien, Geoff Molson, a indiqué travailler de près avec les autorités gouvernementales afin de simplifier le retour au pays des joueurs qui sont actuellement à l’étranger. Seulement quatre joueurs – Jonathan Drouin, Paul Byron, Charles Hudon et le gardien du Rocket Michael McNiven – prévoyaient s’entraîner dans les installations de l’équipe cette semaine à Brossard.

L’intégrité des séries

Par ailleurs, Bettman a défendu l’intégrité du tournoi qu’il espère présenter en août et en septembre.

La participation de 24 clubs ne fait pas l’affaire de tous, d’autant plus que certaines équipes géraient leurs effectifs comme si elles étaient résignées à l’idée de rater les séries éliminatoires, avant la pandémie.

C’est le cas du Canadien, qui avait échangé quatre vétérans (Marco Scandella, Nate Thompson, Ilya Kovalchuk et Nick Cousins) à l’approche de la date limite des transactions.

« Avec la combinaison de la phase de qualification et le format retenu pour les séries, tout le monde a bon espoir que le tournoi fasse ressortir le meilleur de nos équipes et de nos joueurs. Le gagnant de la Coupe Stanley sera méritoire », a lancé le commissaire.

Bettman s’en est donc relativement bien sorti, son principal faux pas étant d’avoir tenu à cadrer une moitié de filet de hockey dans le plan de caméra. Il accordait l’entrevue depuis ce qui ressemblait à une cour arrière, avec le filet au beau milieu de la végétation. On a déjà vu plus réaliste comme décor.

Porte ouverte pour Kaepernick ?

La NFL se retrouve en position enviable jusqu’ici, puisque la pandémie a frappé pendant sa saison morte. Il y a tout de même des dossiers chauds à gérer, le plus important étant celui de Colin Kaepernick, l’ancien quart des 49ers de San Francisco. Sans contrat depuis la saison 2016, pendant laquelle il a commencé à poser un genou au sol pendant le Star-Spangled Banner, Kaepernick serait-il le bienvenu dans la NFL ?

« S’il veut revenir dans la NFL, alors il faudra évidemment qu’une équipe prenne cette décision », a dit Goodell. Mais j’accueillerais [cette idée] et je soutiens l’équipe qui prendrait cette décision et j’encourage les équipes à le faire ».

La semaine dernière, Goodell s’était excusé au nom de la NFL. « Nous, la NFL, admettons que nous avons eu tort de ne pas avoir écouté les joueurs de la ligue plus tôt », avait-il dit, sans toutefois nommer directement Kaepernick.