Nous sommes tous tannés. Excédés. Impatients. Comme les Schtroumpfs, en route vers le volcan du Cosmoschtroumpf.

« C’est encore loin, Grand Schtroumpf ?

– Mais non ! Allons, du courage ! »

Arrivés au ruisseau.

« C’est encore loin, Grand Schtroumpf ?

– Mais non ! Nous allons bientôt arriver. »

Sur la colline.

« C’est encore loin, Grand Schtroumpf ?

– Mais non ! Mais non ! »

Avant de s’endormir.

« C’est encore loin, Grand Schtroumpf ?

– OUI ! »

Le chemin vers le retour à la normale est long. Très long. Mais nécessaire. Avril a été le mois le plus meurtrier au Québec depuis 10 ans. Imaginez un instant l’ampleur de l’hécatombe sans le confinement.

Il reste que depuis quelques jours, on retrouve (un peu) notre liberté. Nos amis. Nos habitudes d’avant. Le sport ? Ça s’en vient. Le soccer a repris en Allemagne samedi dernier. Sans anicroche. C’est encourageant. Des ligues nord-américaines suivront dans les prochaines semaines.

Lesquelles ?

C’est ce qu’on va regarder ensemble. Sachez qu’il reste trois obstacles pour la reprise des activités : 

1. L’accord des gouvernements

2. L’accord des joueurs

3. L’accès au tests

Les gouvernements : il y aura des élections l’automne prochain aux États-Unis. Des gouverneurs sont très, très, très pressés d’offrir un semblant de retour à la normale. C’est payant, politiquement. En Arizona, en Floride, au Nevada, les élus offrent à tous les clubs de venir terminer leur saison chez eux. D’ailleurs, si votre ligue de balle n’a pas reçu le carton d’invitation, je me sentirais un peu visé…

Les joueurs : personne n’a le goût de passer les quatre prochains mois cloîtré dans une chambre d’hôtel à Phoenix, une main dans le minibar, l’autre sur la télécommande. Mais les négociations progressent.

Les tests : c’est le gros défi. En Allemagne, tous les joueurs et les employés subissent en moyenne deux tests par semaine. Ça prendra 20 000 tests pour terminer la saison. C’est énorme. Pour vous donner une idée de grandeur, au Québec, on procède à environ 10 000 examens par jour. Et nous sommes 8,5 millions.

Voici donc les chances de reprise pour chaque ligue.

Ligue nationale de hockey

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Un tournoi de six semaines pour les joueurs de la LNH ? C’est réaliste, estime notre chroniqueur.

Le commissaire accepte enfin d’abandonner le reste du calendrier régulier. Une excellente décision. En passant directement aux séries, il y aura moins de parties. Moins d’équipes. Moins de joueurs. Moins de déplacements. Moins de risques de contagion. Et des milliers de tests en moins.

Ça permettra aussi de réduire le temps d’isolement des joueurs, une préoccupation réelle, exprimée entre autres par Phillip Danault. Prenons l’hypothèse de séries avec 24 équipes, avec un premier tour de trois matchs. Après une semaine de jeu, la moitié des joueurs de la ligue serait déjà en vacances (les éliminés + les exclus). Ça calme la grogne. Comme les équipes joueraient dans un petit nombre de villes, il y aurait moins de temps perdu entre les parties. Un tournoi de six semaines ? C’est réaliste.

D’ailleurs, The Athletic rapportait qu’il a été convenu jeudi soir que les 31 représentants passent au vote sur la proposition de format éliminatoire à 24 équipes. Et Selon TSN, les résultats seront connus vendredi soir.

Autre condition gagnante : les joueurs ont déjà touché presque tout leur salaire. Une entente me semble à portée de main. Il restera ensuite à trouver deux ou quatre villes accueillantes, à rapatrier les joueurs d’Europe et à traverser les frontières.

Les chances de reprise : 7/10
(Et la prochaine saison ? C’est encore loin…)

Baseball majeur

PHOTO LEE JIN-MAN, ASSOCIATED PRESS

Verrons-nous les joueurs du baseball majeur porter des masques, comme l’ont fait les Eagles de Hanwha, dans la ligue sud-coréenne ?

Le baseball majeur a trouvé un État accommodant – l’Arizona. Ses généreux contrats de télévision lui permettent de présenter toute sa saison à huis clos. Donc tout est beau ? Non. Sans spectateur, les revenus chuteront de 40 %, estime le commissaire. Qui veut refiler une partie des pertes aux joueurs. Qui eux n’en veulent pas. Surtout si c’est pour s’isoler comme des moines bénédictins pendant quatre mois. Le combat de l’été ? Ce sera celui-là.

Les chances de reprise : 4/10

MLS

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Le gardien Maxime Crepeau, des Whitecaps de Vancouver, fait prendre sa température.

Les baseballeurs ont le gros bout du bâton. Les footballeurs de la MLS ? Vraiment pas. Ils n’ont pas quarante -douze millions de dollars chacun dans leur compte d’épargne. Ça force la négociation. (D’ailleurs, ils ont fait des concessions de 100 millions le week-end dernier.)

La MLS, condamnée aux matchs à huis clos, cherche pour sa part à réduire ses frais d’exploitation. Il y a des économies énormes à faire en regroupant les 26 équipes dans une seule ville. À Orlando, en Floride. Son idée : un tournoi, sur le format de la Coupe du monde. Cinq matchs pour chaque équipe au premier tour, huit clubs passent aux quarts de finale, puis élimination simple.

Comme au baseball, l’isolement pose problème. Surtout auprès des vedettes de la ligue, rapporte The Athletic. Les joueurs ont aussi des inquiétudes par rapport à leur sécurité. Ils attendent des réponses à une centaine de questions. Les fils ne sont pas tous attachés. Ça risque d’être un peu court pour un retour à l’entraînement au début de juin, tel qu’espéré. Mais je suis optimiste.

Les chances de reprise : 6/10

NBA

PHOTO EZRA SHAW, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La saison 2019-2020 de la NBA et de sa grande vedette LeBron James reprendra-t-elle ?

Prudence. C’est le mot d’ordre, dans la NBA. La ligue compte remettre son plan d’action autour du 1er juin, pour un retour possible à la compétition à la fin de juillet. On n’est même pas encore rendus à l’étape des « si ». 

Alors pas de note.

Ligue nationale de football

PHOTO JEFF ROBERSON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Laurent Duvernay-Tardif et son équipe, les Chiefs de Kansas City, pourront-ils défendre leur titre ?

Donald Trump veut vraiment la reprise de la NFL avant l’élection présidentielle. Lorsque la ligue a annoncé il y a deux semaines son intention d’amorcer sa saison à l’automne, le président s’en est réjoui. « Je pense que c’est une excellente décision. Allez de l’avant avec la saison. Ce serait dommage que dans 50 ans, quand vous regarderez les livres des records, il n’y ait pas eu de saison. » Soyez assurés que la Maison-Blanche fera tout pour faciliter le retour de la NFL.

Les chances de reprise : 6/10

Ligue canadienne de football

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Les chances sont faibles de revoir les Alouettes dans les prochaines semaines, selon notre chroniqueur.

Le scénario le plus probable ? L’annulation de la saison, a indiqué récemment le commissaire Randy Ambrosie aux parlementaires. C’est déjà acquis qu’il n’y aura pas de match avant septembre. Et je crains qu’il n’y en ait pas au cours de l’automne non plus. Dommage pour les Alouettes, qui retrouvaient leurs ailes.

Les chances de reprise : 2/10