Les bonnes nouvelles sont rares dans le sport canadien, où les fédérations crient famine. Encore samedi, Gymnastique Canada a annoncé une coupe temporaire de 70 % de son personnel pour composer avec la perte anticipée de revenus liée à la pandémie de COVID-19.

Toutes proportions gardées, cette mesure est un miroir de celle appliquée par Tennis Canada trois semaines plus tôt.

Manifestement, les 72 millions de dollars destinés au milieu sportif par le gouvernement fédéral ne combleront qu’une fraction des besoins.

Dans les circonstances, le Comité olympique canadien (COC), rare instance épargnée financièrement par la tempête jusqu’ici, fait tout en son pouvoir pour soulager ses fédérations membres.

Le COC a dévoilé mardi un nouveau partenaire, le cabinet d’avocats Fasken, qui monte à bord plus tôt que prévu en raison de la crise actuelle. Dans le cadre d’une entente d’un peu moins de cinq ans, celle-ci fournira des services juridiques accessibles à tous les organismes nationaux de sport (ONS) et aux athlètes olympiques.

« Il n’y a jamais eu un moment plus important où les ONS pouvaient bénéficier de services juridiques de haut niveau », a affirmé le chef de la direction du COC, David Shoemaker. 

Fasken travaille déjà très fort pour aider des fédérations à naviguer à travers des choses comme leur admissibilité à des fonds d’urgence et des subventions salariales. Ce sera très important aujourd’hui, mais évidemment à long terme aussi.

David Shoemaker, chef de la direction du Comité olympique canadien

Les services offerts auront une valeur de plus de 1 million de dollars. L’entente s’accompagne également d’une somme d’argent dont le COC n’a pas dévoilé la valeur. Cabinet canadien de portée internationale spécialisé en droit des sociétés et commercial, Fasken était déjà commanditaire du Comité paralympique canadien (CPC). Le président du CPC, Marc-André Fabien, est aussi associé chez Fasken.

« Quand on fait des partenariats, on essaie de voir comment ils peuvent profiter non seulement au COC, mais plus largement au système sportif canadien, a précisé M. Shoemaker, avocat de formation. Parce que le COC bénéficie grandement d’un système fort. »

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

David Shoemaker, chef de la direction du Comité olympique canadien

Le COC compte maintenant 27 « partenaires de marketing ». Pour l’heure, chacun maintient son engagement. Pour M. Shoemaker, « il est trop tôt » pour connaître les contrecoups financiers de la crise sur ces contributeurs, et par extension sur son organisation.

« La pandémie de COVID-19 a eu un impact à un degré ou l’autre sur leurs propres affaires, a noté M. Shoemaker. Les partenaires qui sont dans le voyage, l’hôtellerie et le tourisme sont particulièrement touchés. À l’inverse, les partenaires qui sont dans les biens de consommation courante ou dans l’alimentation ont pu assez bien traverser cette période. Tout va dépendre pendant encore combien de temps nous serons dans cette situation, avec les commerces fermés et les chutes de revenus. »

Tokyo et Pékin

Sur le plan organisationnel, le COC se prépare pour les Jeux d’été de Tokyo, prévus en juillet 2021, et les Jeux d’hiver de Pékin, qui seront présentés sept mois plus tard, avec deux équipes distinctes, une première.

Et si les Jeux de Tokyo ne pouvaient être tenus en l’absence d’un vaccin, comme a récemment prévenu le président de l’Association médicale japonaise ?

« [Le président] Thomas Bach et le CIO ont écrit à tous les comités olympiques nationaux et, sous le titre “C’est parti”, ont encouragé tout le monde à penser à leur vision à long terme des Jeux, a répondu David Shoemaker. Ça nous a non seulement permis de penser à Tokyo, Pékin et Paris (2024), mais à quoi ressembleront les futurs Jeux. »

N’empêche, l’inconnu règne toujours. Et le chef de la direction du COC a réitéré la primauté de la santé, ce qui avait poussé son organisation à se désister deux jours avant le report officiel en mars.

« Le CIO se prépare activement pour les Jeux olympiques reprogrammés à Tokyo. Le CIO a réaffirmé qu’une annulation n’était pas une option, n’était pas dans les plans. Mais oui, il faut que la situation planétaire se soit suffisamment améliorée pour que les athlètes puissent reprendre l’entraînement de façon sécuritaire pour leurs familles et leurs communautés, et ce, partout dans le monde. »

Entré en fonction au début de 2019, Shoemaker se conforte à l’idée de voir un athlète canadien au sommet du podium à Tokyo l’été prochain.

« Ce sera en quelque sorte une victoire pour le pays. On pourra alors tous se rallier comme jamais auparavant. J’en rêve et, bien franchement, c’est la façon dont je compose avec l’incertitude à laquelle nous faisons face aujourd’hui. »

Des changements permanents

PHOTO CARY EDMONDSON, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

La façon d’assister à une représentation sportive ne sera peut-être plus jamais la même.

Ancien président de la WTA (tennis féminin) et de NBA Chine, David Shoemaker s’attend « à des changements permanents sur la façon dont nous pourrons profiter du sport ». Il cite un match des Raptors de Toronto auquel il a assisté peu avant le début de la crise. Il voyait un verre de boisson gazeuse passer d’un banc à l’autre, avec un billet de 10 $ en retour pour payer le vendeur. Et que dire des tapes dans les mains avec un voisin de siège inconnu pour célébrer un beau panier ? « On doit s’attendre à voir des arénas vides et des matchs sans spectateurs pour une certaine période, a-t-il prédit. Les athlètes, les soigneurs, les entraîneurs et probablement les membres des médias avec accès seront régulièrement testés. Ce sera long avant que les gens se sentent à l’aise de revenir à la façon dont ça se passait. »