Deux précisions. Je n’ai évidemment pas inclus d’athlètes que je n’ai pas minimalement vus à l’œuvre, ne serait-ce qu’en vidéo. Et puis, plus spectaculaires ne signifie pas nécessairement plus performants. Parfois, oui. D’autres fois, on est d’abord dans la personnalité, l’attitude. Dans certains cas, tout ça à la fois. On a alors le mélange parfait… Demain, les athlètes féminines.

10. Ozzie Smith

Qui ne se souvient pas de ses back flips en entrant sur le terrain ? En gymnastique, c’est un atout de base. Pas au baseball. Mais Ozzie « The Wizard » était tout aussi spectaculaire une fois le match entamé. À l’arrêt-court – quatre années avec les Padres de San Diego, puis 15 avec les Cards de St. Louis –, Smith était une véritable pieuvre. Il a d’ailleurs mis la main sur 13 gants dorés. Treize. Consécutifs. De 1980 à 1992. Un phénomène.

9. Michael Phelps

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE


Le nageur Michael Phelps en action à la piscine olympique pour la Coupe Canada de natation le 1er juillet 2011 à Montréal

Pas le plus excitant hors des bassins, a priori. Mais dans l’eau… En quatre JO, 28 médailles, dont 23 d’or. Chacune de ses courses était un évènement. Impossible de s’ennuyer lorsque l’Américain occupait l’un des couloirs. Par ailleurs, ses déjeuners étaient aussi spectaculaires que ses prestations : trois sandwichs aux œufs avec fromage, laitue, tomates, oignons frits et mayonnaise, deux tasses de café, une omelette composée de cinq œufs, un bol de céréales, trois toasts saupoudrés de sucre, trois crêpes au chocolat. Quatre mille calories. Le double de la quantité recommandée pour un homme… pour une journée entière.

8. Connor McDavid

PHOTO LIAM RICHARDS, LA PRESSE CANADIENNE

Connor McDavid a su prouver sa valeur dès son jeune âge.

Il n’a que 23 ans. Mais on sait d’ores et déjà que la vidéo de ses plus beaux jeux en carrière sera très, très longue à monter. Une accélération stupéfiante, soit. On en a vu d’autres. Mais que la vitesse des mains, le contrôle soient au diapason avec ces poussées hors du commun, eh bien, ça donne des jeux que lui seul peut accomplir sur une patinoire. Clin d’œil ici à Pavel Bure. Mais on est limité à 10 choix…

7. John McEnroe

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Le joueur de tennis américain John McEnroe jubile après avoir remporté le tournoi de Wimbledon le 4 juillet 1981, battant le tenant du titre de champion du monde, Björn Borg (4-6, 7-6 et 6-4).

Confession : je n’ai pas vu une foule de reprises ou de vidéos de matchs de McEnroe. L’année où il a battu Björn Borg en finale de Wimbledon et du US Open, je m’apprêtais à marcher vers l’école, à quelques dizaines de mètres de la maison. Mais ce que j’en ai vu m’a bien accroché. Un joueur unique. Mais le style et, surtout, le caractère – épouvantable – qui venaient avec ! Un gagnant de sept grands chelems, qui a été premier mondial en simple et en double. Autre clin d’œil, à Jimmy Connors cette fois. On a opté pour le moins détestable des deux.

6. Steve Nash

PHOTO MATT ROURKE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Steve Nash, des Mavericks de Dallas, repousse Mike Bibby, des Kings de Sacramento, durant un match le 17 mai 2003.

De McEnroe à Nash, oui, on passe d’un extrême à l’autre en termes de bagout. Le basketteur a tout de même son aura, mais en bien plus taciturne. De toute façon, dans son cas, rien à faire de la personnalité. C’est le passeur qui nous intéresse. On entend souvent les commentateurs de golf dire qu’il fallait beaucoup d’imagination pour envisager tel ou tel coup. C’est cette même caractéristique qu’on retient en repensant à la carrière du meneur canadien : l’imagination. Une vision du jeu inhumaine qui a mené à des passes auxquelles personne d’autre n’aurait même songé. Un génie.

5. Barry Sanders

PHOTO JEFF KOWALSKY, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Barry Sanders, des Lions de Detroit, tente d’éviter Eugene Robinson, des Falcons d’Atlanta.

Comment un corps humain pouvait-il bouger de la sorte ? Vingt ans plus tard, c’est toujours un mystère. Des changements de direction inconcevables, qui plus est ancrés dans une lecture du jeu, une prise de décision qui doit se faire en une fraction de seconde. Inimaginable. Seul bémol, son jeu se prêtait mieux à la surface synthétique. Donc, sur le gazon du Lambeau Field, par temps froid, il donnait rarement toute sa mesure contre les Packers du (méprisable) Brett Favre. Que de frustrations !

4. Roy Jones Jr.

PHOTO DOUG BENC, GETTY IMAGES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Roy Jones Jr. donne une leçon à Antonio Tarver le 1er octobre 2005 durant un combat à Tampa, en Floride.

Un boxeur doublé d’un clown. Mais pas dans le mauvais sens, évidemment. Pas un imposteur. Grimaces, mains dans le dos, moulinets de la droite, et quoi encore. Jones s’amusait sur un ring. À son apogée, il était tout simplement impossible pour l’adversaire de bien paraître face à lui. Jones était trop rapide, trop efficace, trop talentueux. D’une autre planète. Et non seulement l’opposant ne pouvait rivaliser en boxe, il avait invariablement l’air terne devant les pitreries du champion. Oui, je sais, je sais, Muhammad Ali… Un peu d’indulgence, SVP. On met ça sur le compte de mon âge, d’accord ?

3. Diego Maradona

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L’Argentin Diego Maradona, deuxième à partir de la gauche, marque son deuxième but contre l’équipe d’Angleterre à la Coupe du monde de 1986 à Mexico, au Mexique, le 22 juin.

Comme c’est le cas de bien des Québécois de ma génération, mon intérêt pour le soccer s’est développé avec le temps. Jeune, j’y jouais, mais je n’aimais pas le regarder. Une nation de hockey, n’est-ce pas ? Mais il y avait une exception : Maradona. Cette montée épique du 10 argentin contre les Anglais, en Coupe du monde de 1986, je l’ai regardée maintes et maintes fois, sur plusieurs années. Et sa vie hors du terrain, on le sait, n’était pas moins spectaculaire. Diego n’est plus. Il est irremplaçable.

2. Michael Jordan

PHOTO SCOTT CUNNINGHAM, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Michael Jordan (23), des Bulls de Chicago, marque un point contre les Hornets de Charlotte durant les séries de la NBA, le 13 mai 1998.

MJ s’est fait ravir le trône de notre palmarès in extremis. Vous comprendrez en lisant le numéro 1. Mais il ne démérite pas pour autant. Une chose nous a frappé en visionnant The Last Dance : même 30 ans plus tard, le jeu de Jordan demeure tout aussi impressionnant. On ne peut en dire autant, par exemple, des grands du hockey des années 1980-1990. Les feintes, les habiletés de la supervedette des Bulls ressortent du lot même en les comparant au basket d’aujourd’hui. La série de Netflix nous a fait connaître un certain côté, disons, légèrement désagréable du personnage. Mais quel athlète.

1. Usain Bolt

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le Jamaïcain Usain Bolt a remporté la médaille d’or au 100 m aux JO de Londres, le 5 août 2012.

S’il y a un évènement sportif pendant lequel la Terre cesse de tourner, c’est le 100 m olympique. Alors, comment ne pas placer son roi incontesté au premier rang ? D’autant plus qu’il a la manière. Sa posture de victoire légendaire, connue de tous. Et la manière sur la piste aussi. Le vrai spectacle commence dès l’instant où il est entièrement « déplié ». Les secondes qui suivent défient toute logique. Ses 9,58 secondes sur 100 m ne font pas partie de ces records que l’on dit imbattables. Il sera battu un jour. Mais par un athlète avec autant de prestance ? Pas certain.