Les élèves qui rêvaient de faire partie de l’équipe sportive de leur école devront attendre : le ministre de l’Éducation interdit pour l’instant les activités parascolaires à moins de faire partie de la même « bulle -classe ».

Jean-François Roberge a fait cette annonce jeudi, le jour de la rentrée scolaire, lors d’une conférence de presse à l’école des Moissons de Repentigny. Il était accompagné du ministre de la Santé, Christian Dubé.

Il a indiqué que cette mesure pourrait être revue dans un mois avec l’approbation de la Santé publique.

« Ce qu’on souhaite, c’est se donner rendez-vous dans quelques semaines, faire un bilan […] et peut-être à ce moment-là faire des assouplissements », a-t-il déclaré, concédant qu’il y aurait « un peu moins » d’activités parascolaires en septembre.

« La stabilité du groupe-classe, c’est au cœur de notre plan sanitaire. »

Le député libéral et ex-hockeyeur Enrico Ciccone a immédiatement dénoncé l’incohérence de cette mesure. Il a demandé quelle était la différence entre une équipe sportive scolaire et civile.

« Quand les élèves quittent l’école et reviennent le lendemain la bulle est percée », a noté M. Ciccone sur Twitter, en ajoutant : « Un peu de cohérence svp. »

La sénatrice et ex-athlète paralympique Chantal Petitclerc a elle aussi critiqué le plan de Québec. « Les enfants jouent et font du sport ensemble dans les parcs, les camps, depuis le début de l’été. Mais pas le droit à l’école ? » a-t-elle commenté sur les réseaux sociaux.

C’est une deuxième vague d’improvisation en éducation, a quant à elle raillé Méganne Perry Melançon, du Parti québécois. La députée s’est dite « surprise et fâchée » de l’annonce du ministre.

« Vraiment, on ne démontre aucune considération pour les jeunes qui encore une fois écopent […] de la mauvaise gestion du gouvernement en éducation », a-t-elle déclaré en point de presse à l’Assemblée nationale.

À Montréal, M. Dubé est revenu sur l’importance de respecter la fameuse « bulle -classe » qui sert à limiter les contacts entre les élèves.

« Les activités parascolaires ou sportives qui ne respecteraient pas cette bulle-là, on ne peut pas les commencer tout de suite, a-t-il tranché. On aime mieux pas prendre de risque avec ça. »

Quatre cas dans les écoles du Grand Montréal

À peine les élèves ont-ils pu déposer leurs sacs jeudi que déjà la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) rapportait quatre cas de COVID-19 chez des enseignants ou membres du personnel scolaire dans le Grand Montréal.

Le syndicat d’enseignants en a également profité pour dévoiler les résultats d’un sondage interne. Des 3800 membres ayant participé, 70 % considèrent que le plan sanitaire du ministre Roberge n’inspire pas confiance.

« Le gouvernement […] doit poser les gestes qui contribueront de manière positive au sentiment de sécurité des profs », a déclaré le président de la FAE, Sylvain Mallette.

Appelé à commenter la situation, M. Roberge a assuré qu’aucun cas déclaré ne serait « caché ».

« Ce qui alimente la peur, c’est quand les gens pensent qu’on cache des choses, a-t-il affirmé. La consigne n’est pas de retenir de l’information. »

Pour le ministre Dubé, ce ne sont que « très peu » des 100 000 enseignants au Québec qui ont été contaminés. « Je pense qu’on va trouver la façon dans les prochains jours de compenser ce manque-là », a-t-il promis.

L’argent du fédéral pour améliorer le transport scolaire, dit le ministre

Par ailleurs, bien qu’il entende consulter les acteurs du réseau sur la façon de dépenser les quelque 400 millions en transfert fédéral, M. Roberge a indiqué en conférence de presse qu’il privilégiait déjà certaines options.

Notamment, il compte se servir de ces sommes pour améliorer le transport scolaire (ajouter des minifourgonnettes et des berlines), acheter encore plus de matériel de protection et procéder au nettoyage et à la désinfection des systèmes de ventilation dans les écoles.

Rappel des consignes

Jeudi, M. Roberge s’est montré confiant, enthousiaste, et a assuré que tout était en place pour une rentrée réussie.

Il a indiqué que les centres de services scolaires pouvaient étaler la rentrée sur quelques jours s’ils le désiraient, et qu’ils bénéficiaient de ressources financières suffisantes pour l’achat de matériel de protection.

Les écoles auront à faire respecter plusieurs consignes sanitaires si elles veulent prévenir les éclosions de COVID-19, a toutefois rappelé le ministre.

Notamment, la distanciation physique sera établie à certains endroits avec des marques au sol. Le couvre-visage devra être porté dans les aires communes des écoles à partir de la 5e année.

Les élèves seront organisés en groupes et demeureront dans les mêmes locaux ; ce seront les enseignants qui se déplaceront d’un groupe à l’autre.

Le gouvernement du Québec prévoit dans son plan que seuls les enfants ayant une condition médicale particulière, ou dont les parents sont à risque, peuvent être exemptés de venir à l’école.