Ils sont sept étudiants en journalisme à l’UQAM, ils ont des idées plein la tête, et ils ne manquent certainement pas de cran.

Du cran, ça en prend une certaine dose pour s’aventurer dans le journalisme, un métier passionnant, évidemment, mais qui n’est pas non plus en effervescence. Et ça en prend encore plus pour choisir le journalisme sportif, en plein cœur d’une pandémie qui a poussé toutes les ligues et les athlètes à l’arrêt forcé.

Qu’à cela ne tienne, voici le Club-école. Au-delà de son nom savamment choisi, la description officielle : « un organe de presse coopérative spécialisé en sports organisé par un groupe de sept étudiants au baccalauréat en journalisme de l’UQAM ».

Le projet est né il y a deux mois dans la tête d’Étienne Bouthillier, grand barbu posé et réfléchi. Puis a grandi en confinement dans sept têtes, avant d’aboutir vers le site web lancé lundi dernier. Une balado s’y est greffée, la vidéo suivra. Le groupe voit grand. Ses membres (Étienne Bouthillier, Yohan Carrière, Axel Guimond, Victor Desilets, Pierre-Luc Mongeon, Laurent Côté et Jérémy Labrie), à la base, n’étaient pas tous des amis. Mais leur amour commun du sport les a réunis.

Reste que… pourquoi le journalisme sportif ?

« Ce n’est pas qu’on se dit qu’on allait choisir les meilleures opportunités de carrière, celles qui vont nous rendre riches et célèbres, explique Étienne Bouthillier. On s’est dit que c’était ce qui nous passionnait. On le sait en arrivant dans le programme de journalisme que ce n’est pas nécessairement le domaine qui est le plus évident pour y travailler. Surtout avec la pandémie, il y a eu plusieurs coupures, dont plusieurs journalistes spécialisés en sports. »

Je dirais la passion, c’est pour ça qu’on est là.

Étienne Bouthillier.

Le Club-école trouve donc sa source dans la passion. Dans un besoin d’émancipation aussi. Le groupe des sept ne se reconnaissait pas dans les médias établis à l’UQAM. Il tenait aussi à avoir totale liberté, sans patron, du genre un membre, un vote. « Les médias universitaires de l’UQAM peuvent servir à donner une structure intéressante, mais on veut une totale liberté, c’est important pour nous », explique Bouthillier.

Le Club-école trouve sa source aussi dans un besoin d’acquérir de l’expérience dans un domaine où rien n’est mieux que d’avoir « les deux mains dedans ».

« Le but est d’avoir une structure pour offrir des contenus de qualité, universitaires, car on étudie là-dedans, ajoute Étienne Bouthillier. On veut montrer un standard de qualité. Quand on va aller sur le marché du travail, on espère que le Club-école sera reconnu et que ce sera une évidence pour un employeur de se dire, le gars ou la fille a fait le Club-école, il a l’expérience et la qualité. »

Comment ça marche ?

L’idée, c’est une chose. La mettre en application, mener le projet jusqu’au bout, c’en est souvent une tout autre. La pandémie a aidé, admettent-ils. Le temps libre, les emplois sur pause ont permis de peaufiner le projet.

Le site web surprend par sa qualité esthétique (le boulot de Jérémy Labrie doit être souligné), les plumes sont affûtées. La balado est bien livrée, notamment par la voix très radiophonique d’Étienne Bouthillier. Le groupe a même offert sa première primeur vendredi, l’annulation de la saison du club d’ultimate de Montréal, le Royal.

Pour la vidéo, Pierre-Luc Mongeon a les idées claires, même si le nouveau média n’a pas encore les accréditations nécessaires pour aller au bout de ses ambitions.

« On compte utiliser l’UQAM à notre avantage pour le côté technique. On peut faire des entrevues ou enregistrer certains évènements. Je pense aux Citadins [les équipes de l’UQAM], il n’y a pas de couverture, on pourrait développer de ce côté. On veut aller chercher ce que notre communauté aurait le goût d’écouter. Comme on est à l’UQAM, la communauté uqamienne, je sens qu’elle serait intéressée par le sport uqamien. »

Financièrement, chacun a contribué à la mise de fonds. Le groupe invite maintenant au sociofinancement, et la totalité des fonds recueillis servira à la création de contenus et à l’achat d’équipements.

Côté contenus, chacun insiste pour dire que la création d’un média sportif universitaire n’est pas un pied de nez aux médias traditionnels. Ils voient plutôt le Club-école s’insérer tout naturellement dans l’offre de contenus sportifs, en exploitant quelques angles morts. En vrac, le sport sécuritaire ou le sport féminin.

« On veut insister sur tout ce qui touche le sport sécuritaire [la version française de Safe Sport, qui décrit un environnement sportif exempt d’abus], explique Yohan Carrière, dont le propos devenait fort sérieux en contraste avec les bruits de camp de jour à l’arrière. Toutes ces histoires de harcèlement qui ne mettent pas le sport en valeur. Jérémy parlait justement dans notre podcast de certains évènements qu’on ne met pas assez en lumière.

C’est une de nos missions, de mettre la lumière sur ces évènements moins gracieux du sport.

Yohan Carrière

Comme de fait, le thème des initiations et la poursuite intentée par Dan Carcillo figuraient parmi les sujets de leur première balado. Il y avait aussi l’héritage de Youppi !, un portrait de Zachary Bolduc, de l’Océanic de Rimouski, les matchs des Étoiles, le déconfinement sportif et les actions humanitaires de Marcus Rashford.

Le Club-école frappe à gauche et à droite, mais c’est un peu, ça l’idée. Les contenus sont à polir parfois, c’est un peu ça, l’idée aussi. Les angles doivent encore se préciser, le Club-école doit créer sa propre couleur. Évidemment.

Il reste que sept étudiants, passionnés, impétueux, ont choisi de se relever les manches et de contribuer à créer eux-mêmes leur avenir dans les médias sportifs. C’est surtout ça qu’il faut applaudir.

> Consultez le site web du Club-école