(Moscou) La Russie a annoncé jeudi qu’elle ira en appel de sa suspension de quatre ans de grandes compétitions sportives internationales, incluant les Jeux olympiques, que lui a imposée l’Agence mondiale antidopage (AMA) et que le président du pays, Vladimir Poutine, a qualifiée d’injuste.

Le conseil de surveillance de l’Agence russe antidopage a voté en faveur de cette mesure, qui doit être déposée au Tribunal arbitral du sport (TAS) en Suisse. La semaine dernière, l’AMA avait décrété que la Russie avait manipulé les données de laboratoires de dopage pour camoufler des transgressions passées.

Poutine a affirmé qu’il était injuste de menacer la Russie de nouvelles sanctions liées au dopage, et que toute punition devrait être imposée sur une base individuelle.

« Je pense que c’est non seulement injuste, mais ça ne correspond pas au sens commun ni à la loi », a-t-il déclaré.

Le dossier sera vraisemblablement transmis au TAS d’ici 10 à 15 jours, a précisé le président du conseil de surveillance, Alexander Ivlev. Une fois qu’un comité de trois arbitres du TAS sera identifié, un verdict sera émis dans un délai maximum de trois mois.

« La balle sera dans le camp de l’AMA et l’affaire sera discutée dans un contexte juridique, a noté Ivlev. Nous considérons que les arguments sont assez solides et nous verrons comment le dossier évoluera. »

La décision de jeudi doit d’abord être approuvée par un autre comité composé de personnalités des domaines du sport et de la lutte au dopage en Russie, ce qui semble être une formalité. La plupart des membres du comité, incluant le Comité olympique russe et le Comité paralympique russe, ont fait savoir qu’ils comptaient déposer une requête en appel.

De nombreuses personnalités politiques, dont le président Poutine, avaient fait part de leur intention d’aller en appel.

« Nous devons attendre patiemment les décisions pertinentes, incluant le verdict du tribunal arbitral, et nous saurons dans quelle position nous sommes, a-t-il également mentionné. Les athlètes russes s’entraînent et continueront de s’entraîner pour toutes les compétitions. »

Les sanctions de l’AMA, annoncées la semaine dernière, interdisent l’utilisation du nom de l’équipe de la Russie, de son drapeau ou de son hymne national lors de nombreuses compétitions sportives d’importance au cours des quatre prochaines années, incluant les Jeux olympiques de 2020 et de 2022 et la Coupe du monde de soccer de 2022.

Cependant, les athlètes de la Russie seront admis à titre de « compétiteurs neutres » s’ils franchissent un processus de vérification qui permettra de scruter leur passé en matière de tests de dopage et une possible implication dans des opérations de camouflage au laboratoire.

Cette mesure a semé le mécontentement parmi des athlètes de l’Occident et des organisations comme l’Agence américaine antidopage, qui voulaient une suspension complète des athlètes russes.

Le président Poutine a ajouté que la proposition de l’AMA visant à empêcher la Russie de tenir de grandes compétitions sportives pendant quatre ans n’aura que très peu de répercussions. Il a notamment fait allusion au Championnat du monde de volleyball masculin de 2022, que le pays compte accueillir. L’AMA demande que les compétitions soient transférées à moins qu’il ne soit « impossible légalement et pratiquement » de le faire.

Par ailleurs, une telle interdiction ne pourra être mise en pratique lors de l’Euro 2020, qui présentera des matchs à Saint-Pétersbourg, ni à la finale de la Ligue des Champions de 2021, parce que ce sont des championnats continentaux et non mondiaux.

En janvier, la Russie avait remis ses données de laboratoire en retour de la levée de précédentes sanctions, en 2018. Les enquêteurs de l’AMA ont découvert des preuves que la Russie avait profondément modifié les données au cours des semaines précédant le transfert, afin d’éliminer tout indice de tests de dopage positifs.