Notre ancien collègue Gilles Blanchard s’est éteint dimanche à l’âge de 80 ans. Journaliste passionné et rigoureux, il avait notamment travaillé à La Presse, à Dimanche-Matin, à Radio-Canada et à RDS.

Gilles a consacré une grande partie de sa carrière au sport « amateur », à une époque où l’olympisme n’était pas encore la formidable entreprise commerciale qu’il est devenu. Il a couvert plusieurs Jeux olympiques, de Munich à Séoul, commentant avec sa plume précise et son franc-parler les exploits des athlètes, mais aussi les travers du sport.

Il a ainsi été l’un des premiers à s’intéresser à des sujets comme le dopage et il a toujours milité pour un sport propre, où les intérêts des athlètes seraient mis au premier plan. Les Jeux de 1976 à Montréal, avec notamment tout le dossier du Stade olympique, ont été l’un des faits saillants de sa carrière, mais ses intérêts étaient très variés et il a couvert pratiquement tous les sports.

Fils d’une légende de la crosse au Québec, Bernard « Coco » Blanchard, Gilles était lui-même un excellent athlète et il appréciait particulièrement le tennis, un sport qu’il a aussi couvert dans La Presse, à la radio et à la télévision. Il était d’ailleurs resté très proche de plusieurs joueurs de son époque.

PHOTO FOURNIE PAR GHISLAINE BLANCHARD

La Presse avait annoncé l’embauche de Gilles Blanchard dans ses pages.

Réjean Genois, que Gilles avait fait connaître au début de sa carrière, est ainsi resté son ami jusqu’au bout.

« C’était vraiment un journaliste d’une grande rigueur, un homme très cultivé aussi. Je me souviens qu’il s’était retrouvé en Allemagne de l’Est en 1989, au moment de la chute du mur de Berlin, et qu’il avait eu à écrire des textes qui lui ont valu des prix de journalisme par la suite.

« Gilles connaissait bien le sport et tous ses dossiers, a rappelé Genois. Il n’avait aussi jamais peur de dire ou d’écrire ce qu’il pensait. Il m’a beaucoup aidé tout au long de ma carrière et je sais qu’il l’a aussi fait pour plusieurs autres.

« Une année, alors que j’étais encore le joueur le mieux classé au pays, Tennis Canada avait préféré donner des laissez-passer pour les Internationaux Players (aujourd’hui la Coupe Rogers) à deux jeunes : Glenn Michibata et Martin Wostenholme. Gilles a dénoncé cette situation dans des articles virulents et j’ai fini par avoir ma place.

« Les dernières années n’ont pas été faciles – [Gilles Blanchard souffrait de la maladie d’Alzheimer] –, mais je préfère garder le souvenir de nos voyages ensemble, de sa formidable carrière aussi et du grand homme qu’il a été. »

Gilles laisse dans le deuil ses quatre enfants, leur mère, Marjolaine Lupien, dix petits-enfants et arrière-petits-enfants, ainsi que quatre frères et sœur, dont Michel, qui a été directeur des Sports à La Presse pendant de nombreuses années.

La famille accueillera parents et amis le 27 octobre (entre 13 h et 16 h) au 6700, rue Beaubien Est.

— L’équipe des Sports de La Presse

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Nadia Comăneci et Gilles Blanchard en 1991

Le parfait interlocuteur

Le 3 octobre dernier est mort Roger Taillibert. Gilles Blanchard le rejoint 17 jours plus tard. Proximité dans la mort, reflet d’une proximité dans la vie.

Une passion les unissait : les valeurs du sport et leur importance dans le développement de la jeunesse.

À une certaine époque, l’architecte inondait le journaliste d’appels, échangeant sur sa vision du sport, la place qu’il devait occuper dans la société, notamment dans la nôtre, au-delà du hockey, du baseball et du football. Il avait trouvé chez lui le parfait interlocuteur.

Gilles Blanchard a consacré sa vie à cette humble et noble tâche. Doué d’une plume élégante, il fut l’un des rares, sinon le premier, dans la presse francophone à s’intéresser au sport « amateur », et ce, bien avant les Jeux olympiques de 1976, nous permettant de « sauver la face » dans les cahiers de candidature.

Il a sans doute voulu ainsi propager les valeurs héritées de son père, Bernard « Coco » Blanchard, le Maurice Richard de la crosse des années 30.

Il fut analyste à la radio de Radio-Canada aux Jeux olympiques de Montréal, et c’est ainsi qu’il fit la connaissance de Roger Taillibert.

Fait peu connu : on lui doit le parachèvement du mât du Stade. Au terme du moratoire décrété par le gouvernement de René Lévesque devant les déboires du chantier, cette décision était loin d’être acquise, tant les opinions d’experts et d’autres allaient dans tous les sens.

Gilles Blanchard avait fait le tour de la question et son article paru en première page de La Presse en faveur du parachèvement arracha l’accord des membres du Conseil des ministres.

Homme ardent, cultivé, sensible et pourfendeur d’injustices, nous sommes nombreux à lui devoir et à le regretter.

— Longtemps parmi les meilleurs joueurs de tennis au Canada, François Godbout a ensuite fait carrière en droit et dans la magistrature. Pratiquement du même âge que Gilles Blanchard, il a voulu rendre hommage à notre ancien collègue en partageant quelques souvenirs de celui qui a été son ami pendant de longues années.