Une seule vague a suffi à Lydia Ricard pour comprendre qu’elle faisait fausse route. Dans l’eau cristalline du Costa Rica, il a tout de suite été évident que son avenir allait passer par le surf, dont elle découvrait à peine les rudiments. « Je suis tombée en amour immédiatement. En revenant au Québec, après un mois de voyage, j’y pensais 24 heures sur 24 », dit-elle.

C’était en janvier 2014, au beau milieu de ses études en soins infirmiers. Cinq ans plus tard, la Québécoise de 26 ans vit à Tofino, en Colombie-Britannique, où elle est notamment devenue instructrice de longboard en 2016. Elle a terminé sur le podium des Championnats canadiens à trois reprises et a même participé aux Championnats mondiaux par équipes au début du mois de juin.

Tout a donc commencé par ce coup de foudre au Costa Rica et par une sérieuse remise en question. La suite tient du coup du sort. Après une mononucléose qui l’a empêchée de suivre les cours pendant un certain temps, elle a entrepris un voyage dans l’ouest du Canada avec deux amies. Le but était de parfaire son anglais en se rendant à Whistler. Elle n’arrivera jamais à destination.

En cours de route, elle a entendu parler de Tofino, dans l’île de Vancouver, qui possède le titre de capitale du surf au Canada. « Je ne savais même pas qu’on pouvait surfer au Canada. J’y suis allée pour la fin de semaine, et ça s’est transformé en cinq ans », résume-t-elle.

PHOTO FOURNIE PAR BRYANNA BRADLEY

Lydia Ricard vit à Tofino, en Colombie-Britannique, où elle est notamment devenue instructrice de longboard en 2016.

Lydia Ricard avait 21 ans quand elle a entrepris ce virage en suivant son cœur. Elle devait retourner à l’école au mois de septembre, mais elle s’est lancée à fond dans le surf en déménageant, en juin 2014, à 5000 kilomètres de chez elle. « Quand je suis partie dans l’Ouest, je pense que mes parents savaient déjà que je n’allais pas revenir. Ils l’ont vu venir, mais c’est sûr qu’ils n’étaient pas très contents au début. Tofino, c’est loin, et ce n’est pas idéal d’arrêter l’école, convient la jeune femme. Ils ont vu que j’étais heureuse. Quand ils sont venus au bord de la plage et qu’ils ont vu les montagnes, ils ont un peu plus compris. »

Selon des estimations, 15 % de la population de Tofino, village de près de 2000 habitants, pratique le surf. C’est aussi là qu’ont lieu les compétitions les plus prestigieuses au Canada. C’est d’ailleurs en voyant l’une d’elles, le Queen of the Peak, qu’elle s’est fait la promesse d’accélérer les choses.

Je me suis dit que j’allais la faire l’année suivante [en 2015]. Après ça, je me suis inscrite au plus grand nombre de compétitions possible. Ce n’est pas parce que je voulais gagner, mais parce que je voulais de l’expérience.

Lydia Ricard

« Ça me poussait à apprendre vite et à devenir une meilleure surfeuse en gérant le stress de la compétition. Puis, tu apprends toujours au contact des meilleures. »

Un programme chargé

En 2016, Lydia Ricard, originaire de la couronne nord de Montréal, est devenue instructrice de surf à Tofino. Aujourd’hui, elle est la gérante de l’école Surf Sister Surf School et du magasin. Dans le cadre de ses fonctions, elle reconnaît être un peu moins dans l’eau qu’avant. Elle donne tout de même des leçons de temps en temps et des camps au cours de l’hiver.

PHOTO FOURNIE PAR BRYANNA BRADLEY

Lydia Ricard aimerait inspirer d’autres filles, plus jeunes, à faire du longboard.

Surtout, elle peut se rattraper au gré des compétitions nationales et internationales. Dans les dernières semaines, elle a ainsi été invitée au Mexi Log Fest, qui comprend des compétitions et des ateliers sur le longboard. Peu après, elle était de retour à Tofino, où elle a pris le deuxième rang des Championnats canadiens. Pas le temps de souffler et la voilà sur la côte atlantique française pour les Championnats du monde par équipes.

« On était deux gars et deux filles pour représenter le Canada. On a pris le 13e rang sur 32 pays, ce qui est très bien pour notre première participation, estime-t-elle. Les équipes qui ont pris les premières places sont celles qui comptent sur un véritable soutien financier. Elles avaient des entraîneurs, des caméramans, des physiothérapeutes. On a vraiment vu la différence. »

Après un bref passage par le Québec, Lydia Ricard a repris le chemin de Tofino. Toujours aussi passionnée par le surf, elle est encore animée par de nombreux rêves et objectifs, dont celui de trouver un entraîneur pour parfaire certaines techniques traditionnelles.

« J’aimerais terminer première au Canada après avoir fini trois fois à la deuxième place. J’aimerais continuer à faire des compétitions à l’international et continuer à faire partie de l’équipe canadienne. Ça m’a ouvert des portes cette année. Finalement, j’aimerais inspirer d’autres filles, plus jeunes, à faire du longboard. Je veux montrer que c’est possible de te rendre où ça te tente d’aller. »