Les bras tremblent, la gorge brûle et le souffle se fait de plus en plus court. Les obstacles s’enchaînent pourtant et le chronomètre, impitoyable, continue de tourner. « En ce moment, j’apprends à vivre avec cet inconfort-là », lance Catherine Malette.

Infirmière clinicienne dans les Laurentides le jour, la jeune femme de 28 ans se transforme en adepte d’escalade et de courses de style Ninja Warrior le soir. Elle se rendra d’ailleurs aux Championnats du monde de l’Ultimate Ninja Athlete Association (UNAA) du 26 au 28 juillet à Minneapolis.

« J’ai été sportive toute ma vie, mais je ne pensais jamais être en mesure de me comparer à du monde à l’international. J’ai hâte de vivre cette expérience », glisse-t-elle lors d’une rencontre au centre d’escalade Le Crux, où elle s’entraîne.

À la voir grimper et enchaîner les obstacles, on ne se douterait pas que sa conversion au Ninja Warrior est toute récente. Elle a disputé « par hasard » une première compétition, au Crux, en janvier dernier. Elle l’a gagnée. Elle a ensuite pris la direction de Granby, afin de participer aux qualifications régionales. Elle a fini au deuxième rang et, donc, obtenu son billet pour le rendez-vous estival au Minnesota.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Je connaissais les règlements, mais il y a une partie de moi qui se disait : “Ben non, ça n’arrivera pas.” Même quand j’ai reçu l’appel confirmant ma participation, j’ai eu 24 heures où je n’y croyais pas. C’est après que je me suis dit que j’allais m’y mettre à fond.

Catherine Malette

Les courses de type Ninja Warrior gagnent en popularité en Amérique du Nord et dans le monde en grande partie grâce à leurs déclinaisons télévisuelles. Les participants doivent franchir un parcours composé de 7 à 15 obstacles qui incluent des cerceaux, des échelles, un mur en vitre, des filets ou une rampe. Dans l’UNAA, un point est accordé par obstacle réussi tandis que le chronomètre permet de départager les athlètes en cas d’égalité.

La discipline exige un mélange de puissance, de coordination, d’équilibre, de vitesse, d’explosivité et d’endurance. Cela tombe bien, Catherine Malette possédait une bonne partie de ce bagage grâce à ses expériences sportives passées. Il y a d’abord le soccer qui l’a toujours accompagnée depuis l’âge de 4 ans. Elle a ensuite pratiqué la gymnastique, puis multiplié les demi-marathons dans la jeune vingtaine.

Elle a cependant vécu un véritable coup de foudre en découvrant l’escalade il y a deux ans et demi. « Le lendemain, j’avais mon abonnement et mes souliers. Je suis quelqu’un de très intense. Quand je décide de m’impliquer dans quelque chose, j’y vais vraiment à 100 %. »

Et alors qu’elle n’était pas capable de faire une traction (chin-up), selon ses dires, l’entraîneur du Crux, Patrick Labelle, l’a sondée afin qu’elle se joigne à l’équipe de compétition.

« Cela faisait environ huit mois que je grimpais. J’ai décidé de ne pas y aller parce que je ne me sentais pas assez bonne », dit-elle.

Elle se sous-estime. Dès notre première rencontre, j’ai vu son potentiel de grimpeuse. Avec son passé d’athlète de soccer, Catherine était déjà outillée. Elle était déterminée, forte et puissante. Il fallait seulement mettre un peu d’effort dans l’exécution et l’apprentissage de nouveaux mouvements.

Patrick Labelle, entraîneur

« Une grande respiration »

L’infirmière ne perd pas une minute de son temps. À l’heure du dîner, elle va courir ou faire du CrossFit avec l’une de ses collègues. Trois ou quatre soirs par semaine, elle prend le chemin de Blainville pour faire de l’escalade. Elle a finalement intégré l’équipe de compétition un an après la première demande. « Même si Le Crux m’aide financièrement, c’est beaucoup de temps et de sacrifices », reconnaît-elle.

Un jour de décembre 2018, le copropriétaire du Crux Jean-François M. Carrier lui suggère d’essayer le parcours Ninja et de participer à une première compétition trois semaines plus tard. Elle s’inscrit peu avant, mais sa crainte grossit lors du jour J.

« Comme c’était la première fois, j’ai posé plein de questions aux autres compétiteurs. Mais 10 minutes avant, je ne voulais plus le faire. J’étais trop craintive et j’étais fatiguée d’une compétition d’escalade faite la veille. J.-F. m’a dit : “Ce n’est pas grave, si tu tombes, au moins tu l’auras essayé.” J’ai pris une grande respiration et je me suis lancée. Finalement, c’était le début d’une belle aventure ! »

On connaît la suite : une deuxième place aux qualifications et un séjour aux Championnats du monde où elle a surtout hâte de voir les autres compétitrices en action et d’échanger avec elles. Ah oui, elle vise aussi un podium.

« Son entraînement en escalade lui donne clairement un avantage pour les épreuves de préhension. Cet aspect lui ouvre aussi des possibilités lorsqu’elle est suspendue, analyse Patrick Labelle. Comme elle est plus forte que les autres, il lui est facile de se tenir, de générer plus de momentum et de parcourir facilement de grandes distances. »

Après cette expérience au Minnesota, la jeune femme espère avoir plusieurs années de compétition devant elle. « Avec le temps, je me dis que les jeunes vont arriver plus forts, mais je viens juste de commencer. J’ai hâte de voir ma progression à long terme », lance-t-elle.