C’est l’angoisse de tout parent : la première nuit loin de la maison, sans bébé. Pour l’icône britannique du plongeon Tom Daley, ça se passait cette fin de semaine à Montréal.

« En général, mon mari reste avec lui, mais cette fois, il était ici pour la compétition. Donc c’était la toute première fois qu’aucun de nous n’était avec lui pour les nuits. Ça me faisait vraiment peur ! Je veux juste retourner le voir maintenant et recommencer à m’en occuper. »

Tout est finalement allé comme sur des roulettes. À la maison, c’est la mère de Daley qui s’est occupé du petit Robbie Ray, âgé de 10 mois. « Elle a mis la compétition à la télévision, donc il a pu me regarder [hier] matin, du moins pour les demi-finales. Mais il était au lit pour la finale ! »

Et de ce côté-ci de l’Atlantique aussi, ça s’est bien passé. Daley et son mari, le scénariste et producteur Dustin Lance Black, pourront en effet rapporter à la maison une belle médaille d’or en guise de souvenir de cette première fin de semaine loin de fiston. Daley a triomphé en finale du 10 m individuel hier, lors de la troisième et dernière journée de la Série mondiale de plongeon de Montréal.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER @ERINCSHINES

Tom Daley, Dustin Lance Black et le petit Robbie Ray

Daley et Black ont eu recours à une mère porteuse, ce qui a mené le couple à s’exprimer publiquement sur cet enjeu de société au cours des derniers mois. Le plongeur de 24 ans, jadis peu bavard sur sa vie privée, s’est donc ouvert sur le sujet au fil de sa démarche, notamment dans cette longue entrevue au quotidien The Independent.

Sportivement, la paternité a également bousculé la vie de Daley, dans un sport où les pères de famille ne sont pas légion, encore moins les mères.

« Être parent, ça vient avec des défis, comme pour tout parent. Il y a le manque de sommeil, tu dois avoir des bouteilles stérilisées pour ne pas être malade, tu te réveilles la nuit, ce genre de choses. Mais ça change aussi la perspective sur tout. Il y a plein de choses qui me tracassaient avant et qui ne m’importent plus aujourd’hui, car je n’ai plus le temps de m’en occuper.

« C’est très dur d’être éloigné de mon bébé, je m’en ennuie, c’est fou ! On arrive à la fin de la semaine et il est vraiment temps que je rentre chez moi. Mais c’est bien de savoir qu’il est avec ma mère à la maison en ce moment. »

Devant deux Chinois

Malgré ses angoisses normales de nouveau père de famille, Daley n’a pas paru le moindrement préoccupé sur le tremplin !

Hier, il a livré une jolie performance, réussissant l’exploit rarissime de devancer pas seulement un, mais deux Chinois, en l’occurrence Yang Jian et Yang Hao.

Ça a beau être répétitif, mais l’aura d’invincibilité de la puissante nation revenait constamment dans les points de presse des athlètes. Samedi, c’est son compatriote Jack Laugher, médaillé d’argent au 3 m entre les Chinois Xie Siyi et Cao Yuan, qui en parlait.

« Ils dominent notre sport. D’en battre un ou deux, c’est un sentiment incroyable, parce qu’ils sont vraiment les meilleurs du monde. Quand ça arrive, tu es très fier de toi-même », expliquait Laugher.

Dans le cas précis d’hier, Daley se mesurait à Yang Jian, surnommé le « roi de la difficulté » en raison des plongeons sophistiqués qu’il tente. Pour son dernier plongeon, Yang Jian tentait le 4 ½ avant en position carpée, dont le coefficient de 4,1 était de loin le plus élevé de la journée.

« Je sais que je dois toujours être 10-15 points devant lui, et faire un très bon dernier plongeon pour le mettre sous pression. Il avait besoin de 103 points, ce qui signifie qu’il devait avoir des notes de 8, et il en est certainement capable, a calculé Daley. Donc je retenais mon souffle, car je savais qu’il pouvait me dépasser. C’est un bon sentiment de battre les Chinois, car on travaille très fort pour s’approcher d’eux. Ça n’arrive pas très souvent ! »

Daley a fini sa journée avec 550,05, tandis que Yang Jian en a amassé 537,60. Yang Hao a complété le podium avec 497,15 points.

C’est donc un exploit de plus pour Daley, double champion du monde (2009 et 2017). Le héros rentre à la maison aujourd’hui, afin de poursuivre sa préparation en vue des Mondiaux de juillet prochain, qui auront lieu en Corée du Sud.