Ce sont deux patineurs choyés du public, Joannie Rochette et Patrick Chan, qui seront les ambassadeurs des Championnats du monde de patinage artistique de 2020 à Montréal, du 16 au 22 mars.

Six fois championne canadienne, Rochette avait pris la deuxième place aux Mondiaux en 2009, quelques mois avant de remporter le bronze aux Jeux olympiques de Vancouver. De son côté, Chan a remporté 10 titres canadiens, 3 titres mondiaux, en plus de deux médailles d’argent aux Jeux de 2014 à Sotchi (en simple et en équipe) et d’une médaille d’or en équipe aux Jeux de 2018 à PyeongChang.

Tous deux parfaitement bilingues, Rochette et Chan ont assumé leurs nouvelles fonctions pour la première fois lundi, sur la patinoire de l’Atrium du 1000, au centre-ville de Montréal. L’occasion de patiner avec le public et de rencontrer les médias. Nous en avons profité pour leur poser quelques questions. 

Q. Patiner à Montréal ?

Joannie Rochette : « C’est une chance pour tous les athlètes du monde de venir à Montréal. Je suis sûrement un peu impartiale, mais je me souviens quand nous faisions les tournées de spectacles que c’était ici qu’il y avait la meilleure foule au Canada. Tous les patineurs le savaient ! Les spectateurs sont chaleureux, bruyants et démonstratifs, mais ils sont aussi connaisseurs et savent reconnaître le talent des patineurs des autres pays. Le niveau du patinage a augmenté de façon exponentielle dans les 10 dernières années. Il y a des jeunes filles qui font des quadruples Lutz, quelque chose qu’on pensait impossible à mon époque. Ce seront des Mondiaux mémorables et je suis heureuse que ce soit dans ma ville. Je pense que les patineurs étrangers vont avoir la chance de découvrir la joie de vivre québécoise et qu’ils vont l’apprécier. »

Patrick Chan : « Pour un patineur canadien, c’est un grand honneur de représenter ton pays dans ton propre pays. C’est aussi une expérience unique, parce que tu as le soutien de tous les spectateurs. Les Canadiens sont vraiment des partisans passionnés de patinage artistique, et c’est particulièrement vrai à Montréal. »

Q. Surmonter la pression ?

J. R. : « C’est vrai, ça peut être une arme à deux tranchants. D’un côté, tu as l’appui de la foule, mais il faut savoir composer avec, savoir comment l’utiliser à ton avantage. Le plus important est d’être bien préparé afin de pouvoir apprivoiser cette pression. »

P. C. : « L’expérience aide beaucoup. J’ai gagné mon troisième titre mondial au Canada, à London, en 2013. Il faut être bien préparé. Il faut aussi utiliser la pression comme une source de motivation, une source d’énergie, et ça devient alors un atout. »


PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Joannie Rochette et Patrick Chan ont donné quelques coups de patin sur la glace de l’Atrium du 1000, au centre-ville de Montréal, lundi.

Q. L’état du patinage au Canada ?

J. R. : « Le niveau est encore très bon. À chaque cycle olympique, il y a des patineurs qui prennent leur retraite, des jeunes qui arrivent. Actuellement, il y a beaucoup de profondeur en danse sur glace, avec plusieurs couples qui réussissent à faire des top 10 au niveau mondial. Nous avons aussi plusieurs excellents patineurs en couple et ils peuvent faire de belles choses aux Mondiaux. Chez les gars et les filles, il y a aussi beaucoup de talent, mais c’est évident que la compétition est très vive en provenance de la Russie, du Japon ou des États-Unis. Je pense qu’il y a d’excellents jeunes qui seront bientôt prêts à prendre leur place. »

P. C. : « C’est très important pour le développement de nos patineurs d’avoir une grande compétition comme les Championnats du monde ici, au Canada, dans une ville passionnée de sports comme Montréal. Ça va augmenter l’intérêt pour notre sport et inciter les jeunes à s’y intéresser. Si on se rappelle les Jeux de Vancouver, ç’a vraiment changé les choses au Canada en montrant qu’on pouvait gagner des médailles au niveau international. Je suis certain que les Mondiaux vont avoir un effet très positif. »

Q. Et en attendant les Mondiaux ?

J.R. : « Je poursuis mes études en médecine. J’en suis à ma cinquième année et j’effectue des stages dans différents hôpitaux. Les horaires sont très variables, de jour, de nuit ; c’est parfois très stressant, mais j’adore ça. Je n’avais pas patiné depuis plusieurs années et ça faisait un peu drôle de chausser mes patins. Ça m’a fait du bien de prendre une longue pause, mais je suis heureuse de retrouver le milieu du patinage artistique grâce à ce rôle d’ambassadrice. »

P.C. : « Je patine encore dans des tournées de spectacles. Je serai d’ailleurs à Laval et à Québec dans quelques jours avec la tournée Rock The Rink, en compagnie de Tessa Virtue, Scott Moir et plusieurs autres. Je suis en réflexion sur ce que je vais faire plus tard, mais je profite de ce rythme plus détendu après toutes les années de compétitions. »