Sa participation aux Championnats du monde d’athlétisme n’a été confirmée qu’à la fin du mois d’août, mais la marathonienne Melanie Myrand avait tout planifié depuis quelque temps. Avec son entraîneur, elle avait établi un programme d’entraînement qui lui permettrait d’aborder la compétition du 27 septembre à Doha (Qatar) en très bonne forme. Au travail, l’infirmière praticienne a prévenu sa hiérarchie dès le mois de mai. Au cas où…

« Je leur ai dit qu’il y avait de bonnes chances que je sois sélectionnée pour les Mondiaux et que j’aille à un camp d’entraînement avant. J’ai pris un mois de vacances en partant pour la Suisse le 30 août et avec un retour du Qatar prévu le 30 septembre. Je suis contente de leur soutien, surtout que j’avais déjà pris un mois pour aller à Flagstaff [Arizona] en février-mars », raconte la Montréalaise.

Fin août, donc, Melanie Myrand a reçu l’appel tant attendu. Parce qu’elle ne faisait pas partie des trois Canadiennes les plus rapides, elle a dû attendre le désistement d’autres coureuses qui participeront aux essais olympiques à Toronto le 20 octobre. L’occasion était trop belle pour celle qui avait recommencé à courir sérieusement lors de son retour à l’Université McGill, il y a cinq ans.

Aller aux Championnats du monde, ça n’arrive qu’une seule fois dans une vie. Je ne pouvais pas dire non. C’était l’un de mes objectifs de faire partie de l’équipe canadienne dans une grande compétition mondiale.

Melanie Myrand

Tant pis, alors, si cette grande première se fait dans des conditions inhabituelles. En raison de la chaleur et de l’humidité, le départ de l’épreuve sera donné à minuit, heure locale (17 h à Montréal). Pour des marathoniens, habitués à se lever très tôt et à courir tôt, le changement est notable. Le jour de la course, elle va donc dormir le plus tard possible, puis prendre un repas pour conserver un haut stock de glycogènes. Elle mangera de nouveau trois heures avant le départ, ingérant encore des glucides et évitant les fibres.

Ensuite, c’est le départ le long de la Corniche de Doha, où les températures avoisinent les 30 degrés. « Quand on fait des courses comme les Mondiaux, on a souvent de grandes attentes, mais j’essaie de les modérer. On court à minuit et dans la chaleur, ce qui va m’obliger à adapter mon allure. C’est certain que je ne vais pas revenir au Canada avec un nouveau record personnel, prévient-elle. Ma peur est de partir trop vite et de devoir jogger les 10 derniers kilomètres. Je ne veux pas frapper le mur. »

En progression

Contrairement à ses dernières courses, elle ne veut donc pas démarrer de manière trop dynamique. Le moment sera à la prudence et à l’apprentissage au milieu d’un peloton qui comprend les meilleures au monde. Un top 10, qualificatif pour les Jeux olympiques, sera « difficile », reconnaît-elle malgré sa belle progression dans les 18 derniers mois. Entre l’automne 2017 et le printemps 2019, elle a retranché près de 6 minutes à son meilleur temps. Elle a fini le marathon de Rotterdam en 2 h 33 min 20 s. Sa réaction oscillait entre la fierté d’un nouveau record personnel et la déception d’avoir raté sa cible de 80 secondes. Finalement, elle dit s’ajuster après chaque course.

« Pour Chicago [octobre 2018], on a fait beaucoup de séances à allure marathon et de longues courses de 35 km ou plus. Pour Rotterdam, j’ai fait plus de millage en gardant les mêmes entraînements ou presque. La différence est que j’ai fait quatre semaines en altitude à Flagstaff. Après Rotterdam, j’aurais pu être déçue de ne pas avoir grimpé dans la hiérarchie canadienne, mais je savais que tout ce travail allait m’aider pour mon marathon d’automne. » 

Je suis en bonne forme, et si je faisais une course aujourd’hui, dans de bonnes conditions, j’aurais confiance de faire en dessous de 2 h 32 min.

Melanie Myrand

Après les Mondiaux, Melanie Myrand commencera à penser à son marathon du printemps et aux Jeux olympiques de l’été prochain. Pour être admissible, une athlète doit réaliser un temps inférieur à 2 h 29 min 30 s. Les autres façons d’atteindre les niveaux de performance requis incluent un top 10 aux Mondiaux de Doha et aux classements des World Marathon Majors (Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago et New York). Un top 5 aux classements des marathons labellisés or est également suffisant.

Alors, Melanie Myrand devra-t-elle planifier d’autres congés l’été prochain ?