Montréal n’a accueilli les Championnats du monde de patinage artistique qu’une seule fois, et c’était en… 1932 ! C’est donc dire qu’il y a peu de chances que des gens d’ici s’en souviennent, et même si ce sport reste relativement populaire auprès des amateurs canadiens, il y a de toute évidence un travail de promotion à faire au Québec.

Les Mondiaux seront de retour dans la métropole du 16 au 22 mars 2020 et, à moins de six mois de la compétition, Patinage Canada et le comité organisateur des championnats ont mis sur pied une tournée de nos meilleurs athlètes dans les clubs de patinage artistique de la province.

Ça commençait hier au club de Ville Mont-Royal, autour de Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sorensen, spécialistes de la danse sur glace, qui ont pris la 10e place aux Mondiaux de 2019 au Japon. Le sympathique couple a animé une séance d’entraînement pour les jeunes patineurs du club, bien épaulé par quelques invités surprises – Lubov Ilyushechkina et Charlie Bilodeau, Véronik Mallet, Marjorie Lajoie et Zachary Lagha, tous des membres de l’équipe nationale – qui les ont rejoints sur la glace.

« Nous, on travaille ici trois fois par semaine et les jeunes ne nous voient plus comme des vedettes, a raconté Sorensen. Mais c’est bien d’inviter nos amis pour faire rêver les jeunes et partager avec eux tout ce qu’on a appris. » 

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Lubov Ilyushechkina, partenaire de Charlie Bilodeau

Peu importe le niveau, c’est important d’amener les jeunes à faire du sport, à rester en forme.

Nikolaj Sorensen

Sorensen et Fournier-Beaudry devront toutefois prendre quelques congés de leur boulot à Mont-Royal. La saison des compétitions est déjà repartie, et ils visent évidemment une participation aux Mondiaux.

« On est revenus lundi dernier d’une compétition en Italie et là, on repart dès demain pour Oberstdorf, en Allemagne, a expliqué Fournier-Beaudry. On enchaînera ensuite avec deux compétitions en Grand Prix, puis ce seront les Championnats canadiens [en janvier].

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Laurence Fournier-Beaudry et Nikolaj Sorensen (deuxième et troisième à partir de la gauche) visent une autre participation aux Mondiaux.

« Le niveau est maintenant tellement fort au Canada, dans toutes les disciplines ; il faut vraiment être à son meilleur niveau pour les nationaux. Il faut encore l’être deux mois plus tard aux Mondiaux, mais c’est plus important aux Championnats canadiens, parce que c’est là que tu gagnes ta place. »

Le couple a participé plusieurs fois aux Mondiaux sous les couleurs du Danemark, pays d’origine de Sorensen, mais l’idée de patiner devant le public montréalais l’excite déjà. « Nous avons patiné devant des grosses foules, au Japon par exemple, mais ce sera très différent de le faire devant nos familles, nos proches et tous les spectateurs canadiens qui vont nous encourager, a souligné Fournier-Beaudry. Le public est aussi dans la compétition ; plus tu en donnes, plus le public t’en donne. »

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Zachary Lagha

« On a vécu ça pour la première fois l’an dernier aux Championnats canadiens, a poursuivi Sorensen. Le sentiment que toute la foule est avec toi et veut vraiment que tu réussisses. On donne toujours notre maximum sur la glace, mais les derniers 5 à 10 % de magie ne sont possibles que s’il y a cet échange d’énergie avec la foule.

« Ce sera vraiment incroyable de vivre ça au Centre Bell. J’y ai vu le Canadien, j’y ai vu des spectacles, mais là, cette ambiance extraordinaire sera pour du patinage artistique ! »

Véronik Mallet sait à quoi s’attendre

Véronik Mallet entreprend à 25 ans une sixième saison dans l’équipe nationale. Souvent ralentie par les blessures, elle espère avoir enfin la chance de prendre part aux Mondiaux. « C’est vraiment mon grand objectif, a-t-elle expliqué. Ce serait excitant d’avoir la chance de vivre ça dans notre pays, dans notre ville en plus. »

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Marjorie Lajoie

La patineuse n’a ménagé aucun effort pour atteindre son but. « Je n’ai eu que deux semaines de vacances, en mai, et la saison est déjà repartie ! Pour nous, la grosse compétition, ça va être les Championnats canadiens, car c’est là que va se jouer la qualification.

Il va y avoir de la pression, beaucoup de tension aussi. Je pense que mon expérience va m’aider, car je sais à quoi m’attendre, et je sais aussi tous les efforts qu’il faut faire pour réussir.

Véronik Mallet

Au-delà de la compétition, Mallet espère que les Mondiaux vont permettre de développer le patinage artistique au Québec : « C’est important de transmettre notre passion, d’enseigner aux plus jeunes ce qu’on aime faire tous les jours, les faire rêver eux aussi. Comme on l’a fait aujourd’hui. »

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Véronik Mallet

« Et tant mieux si cet évènement amène un public plus large à s’intéresser à notre sport. Des spectateurs, on en a besoin, pour nous encourager, nous amener à nous surpasser. »

Un évènement très suivi

Les Championnats du monde ISU de patinage artistique sont parmi les évènements sportifs les plus suivis à l’échelle internationale, avec plus de 300 millions de téléspectateurs chaque année. Très populaire en Asie, où les compétitions font toujours salle comble, ce sport est aussi l’un des plus importants au programme des Jeux olympiques d’hiver. Ce sera la 12e fois que le Canada accueille les Mondiaux, la dernière présentation ayant eu lieu à London, en Ontario, en 2013. Cette année, on attend 200 athlètes, d’une cinquantaine de pays, dans les quatre disciplines au programme : hommes, femmes, patinage en coupleainsi que danse sur glace. Les compétitions s’amorceront le 18 mars et les finales s’enchaîneront à compter du 19 mars avec les couples (19 mars), les femmes (20 mars), la danse sur glace et les hommes (21 mars). La dernière journée sera réservée au traditionnel gala des meilleurs patineurs de la compétition. Les billets pour l’ensemble des épreuves ne sont plus offerts, mais c’est demain que commencera la vente des billets à la journée. On s’informe au : www.montreal2020.com.