Les Jeux panaméricains se tiennent à Lima, au Pérou, du 26 juillet au 11 août. Parmi la centaine d’athlètes canadiens présents, des Québécois pratiquent des sports peu médiatisés et doivent souvent conjuguer le travail avec la compétition.

Il fréquente les salons de quilles depuis qu’il est haut comme trois pommes et a disputé ses premiers tournois, à Québec, vers l’âge de 9 ou 10 ans. Comme dans bien des cas, c’est en suivant son père que François Lavoie a appris les techniques de base et développé ses aptitudes sur les allées.

Les débuts sont classiques, la suite est un peu moins ordinaire. L’homme de 26 ans, vainqueur de l’U.S. Open en 2016, est aujourd’hui l’un des joueurs canadiens les plus connus aux États-Unis. Il constitue également une bonne chance de médaille au cours du tournoi de quilles des Jeux panaméricains. Il y a quatre ans, à Toronto, il avait remporté la médaille d’or en double et terminé au sixième rang lors de l’épreuve individuelle.

« Ce qui est le fun, c’est que je retourne avec le même coéquipier [Dan MacLelland] qu’en 2015. On va être capables de défendre ce titre en double et peut-être faire mieux en simple, dit-il. C’est un feeling incroyable d’être sur la première marche du podium et d’entendre l’hymne de ton pays. C’est l’une des raisons pour lesquelles je continue de revenir avec l’équipe canadienne. »

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François Lavoie, vainqueur de l’U.S. Open en 2016,
est aujourd’hui l’un des joueurs canadiens les plus connus
aux États-Unis.

Lavoie est un habitué de l’équipe canadienne depuis 2009. C’est même en remportant le titre de champion national des moins de 21 ans, cette année-là, qu’il s’est imaginé un avenir professionnel dans le monde des quilles. Il n’avait que… 16 ans. « Plus jeune, je suivais le circuit professionnel américain à la télévision ou sur l’internet, mais, jusque-là, je ne m’étais pas dit que je pouvais le faire, moi aussi », précise-t-il.

L’année suivante, il dispute les Championnats du monde des jeunes de la World Tenpin Bowling Association (WTBA) où il devient passionné plus que jamais. Il cherche alors la meilleure avenue possible qui le mènera vers le professionnalisme. Et pourquoi ne pas imiter George Lambert, un autre joueur canadien passé par l’Université d’État de Wichita, au Kansas, avant de rejoindre la Professional Bowlers Association (PBA) ?

Je me suis dit que, si je voulais continuer dans le sport, il fallait que j’aille à l’école. J’ai parlé avec George Lambert, puis on a commencé à faire les démarches. Il m’a mis en relation avec les entraîneurs et l’administration de Wichita State.

François Lavoie

« On s’est parlé pendant toute ma première année de cégep, puis, en fin de compte, j’ai reçu une bourse d’études des coachs », ajoute M. Lavoie.

Il a donc fait partie de l’équipe de bowling de l’université entre 2011 et 2015. Le diplômé en administration des affaires réside encore au Kansas, où il gagne bel et bien sa vie grâce aux quilles en s’astreignant à un programme chargé.

« Je m’entraîne sur les allées cinq ou six jours par semaine et j’essaie de faire un peu de gym trois ou quatre fois. Je fais un peu de musculation, mais je préfère me concentrer sur le cardio. On n’a pas besoin d’être super musclé et super fort pour jouer aux quilles. C’est plus l’endurance qui compte au niveau compétitif. »

Une partie parfaite qui change tout

Lavoie n’a pas mis de temps à s’illustrer dans la PBA. Son palmarès comprend trois titres, dont l’U.S. Open, remporté alors qu’il n’avait que 23 ans. C’est aussi sa performance en demi-finale, soit une partie parfaite, qui a forgé sa popularité aux États-Unis. « C’est magnifique ! », crie, en français, le descripteur Dave Ryan à l’issue de cette performance.

« Chaque fois qu’on fait des cliniques de coaching ou des tournois, c’est toujours ce qui revient lors de ma présentation. Même avec les fans, c’est pas mal ce qui revient en premier. Ils veulent savoir comment je me sentais durant et après la partie parfaite. »

Et que répond-il ? « Que je ne me rendais pas compte de l’ampleur de l’exploit. Plus de deux ans après, les gens ou les journalistes m’en parlent encore. »

Lavoie est seulement l’un des trois joueurs non américains à avoir remporté ce prestigieux titre. La recrue de l’année dans la PBA, en 2016, a empoché des gains avoisinant les 80 000 $US (107 000 $CAN) cette année-là. Il a depuis gagné près de 150 000 $CAN, selon les données de la PBA.

« Les bourses ne sont pas les mêmes qu’au golf ou qu’au tennis, mais si on est dans le top 25, il y a certainement moyen de gagner sa vie avec le bowling, convient Lavoie. La PBA est LE gros circuit, mais il y a aussi des circuits en Europe, en Asie, ainsi que le circuit mondial. Ce qui est le fun, c’est qu’il y a des tournois tout au long de l’année. Il n’y a pas vraiment de saison morte. »

En plus de ses trois titres dans la PBA et de ses multiples victoires régionales, il a remporté deux tournois en Europe à l’été 2016. Au quotidien, il n’est pas rare que des partisans le reconnaissent.

« Je suis vraiment plus connu aux États-Unis qu’au Québec. Dans les salons de quilles, les gens savent qui nous sommes. C’est malheureusement beaucoup plus populaire aux États-Unis qu’au Canada. C’est plus facile de faire une carrière ici que si j’habitais au Canada. »