Pour une rare fois, ce n’est pas Lysanne Richard qui va se jeter à l’eau. Parce qu’elle a notamment été témoin de plusieurs situations au fil de son parcours dans le monde des arts du sport, la plongeuse de haut vol n’a pas hésité à devenir porte-parole du Défi Douglas. Il s’agit d’un triathlon de format sprint qui vise à recueillir des fonds pour l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

« À ma façon, je souhaite contribuer à ce qu’on ait une meilleure société. Ça passe par la santé physique, mais la santé mentale est tellement importante. Il ne faut pas juste des athlètes autour de nous ou des gens capables de faire du jogging. Il faut aussi avoir des gens qui se sentent le mieux possible dans leur situation », raconte l’athlète de 37 ans.

Habituellement contactée pour promouvoir des événements liés à la santé physique, Lysanne Richard n’a pas réfléchi bien longtemps lorsque cette proposition est arrivée. Dans son parcours d’artiste au Cirque du Soleil, puis dans le sport de haut niveau, elle a parfois vu certaines collègues souffrir de problèmes.

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La plongeuse de haut vol Lysanne Richard n’a pas hésité à devenir porte-parole du Défi Douglas.

« Au cirque et dans les sports esthétiques, il y a quand même beaucoup de cas d’anorexie. J’en ai été témoin et je n’ai pas toujours su comment aider, reconnaît Lysanne Richard, dont la maternité a aussi pesé dans la balance. Je vois mes enfants grandir et l’adolescence implique beaucoup de changements physiques et émotionnels. L’Institut Douglas est présent pour tous les groupes d’âge et aussi pour leurs familles. »

Ce triathlon, qui peut être fait seul, en équipe ou à relais, comprend 750 m de natation, 20 km de vélo et 5 km de course. Il aura lieu samedi au port de Montréal, à l’occasion du Triathlon Mondial Groupe Copley.

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Se dépasser

Lysanne Richard est la seule Canadienne à participer à des compétitions de plongeon de haut vol, notamment avec le Red Bull Cliff Diving. La discipline implique de faire des sauts d’une plateforme de 20 à 23 m de hauteur.

Pour elle, le sport est une manière de « se sentir bien dans [sa] vie » et « en santé à tous les niveaux ». Le plongeon de haut vol est aussi l’illustration parfaite du dépassement de soi, un élément qu’elle souhaite mettre de l’avant avec le Défi Douglas. « Le plongeon, c’est aller plus haut, plus loin, se jeter dans le vide. Ces expressions qu’on utilise dans la vie quotidienne pour parler de dépassement de soi, je les vis au quotidien. »

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« Ce qui est formidable avec ça, c’est la satisfaction et la fierté qu’on en tire après, ajoute Lysanne Richard. Ça devient du dépassement de soi quand, à la base, ça fait peur, ça semble un gros défi, et qu’on y arrive à force d’avoir mis des efforts. »

De manière condensée, une carrière sportive est aussi à l’image de la vie avec ses bons moments, ses périodes plus difficiles ou ses remises en question. Dans son cas, c’est une hernie discale cervicale avec compression du nerf qui a constitué le principal obstacle, en 2017 et 2018. « On ne pense pas que tu vas pouvoir replonger », lui avait-on glissé. Femme de défis, la Saguenéenne d’origine a pris le problème à bras-le-corps malgré les désagréments initiaux.

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« Ç’a été difficile parce que c’est un gros changement de mode de vie. Comme la blessure était au cou, je ne pouvais pas faire d’activité physique. Ce n’était pas bon sur le moral. Je devais aussi prendre une médication qui avait quand même quelques effets secondaires. Mais j’ai décidé de ne pas perdre espoir et de revenir. Je ne voulais pas laisser un malheureux événement décider pour moi. »

Comment y est-elle arrivée ? En étant bien entourée, répond-elle. Si elle est évidemment au centre de son histoire, bien des protagonistes sont impliqués dans son parcours. Elle inclut largement sa famille et ses entraîneurs dans ses résultats. D’ailleurs, elle ne parle pas de « ses » objectifs, mais de « nos » objectifs.

Peu importe la difficulté qu’on affronte dans notre vie, si on se sent seul, ça va être super difficile de se relever. Avec cette blessure, j’ai même eu la chance d’avoir de nouveaux alliés qui se sont accrochés à moi.

Lysanne Richard

« J’ai une acuponctrice [Valérie Truong] qui m’a offert de l’aide et je travaille avec un préparateur mental [Jonathan Lelièvre] depuis ce temps. Ça a aussi resserré des liens avec mon entraîneur Stéphane Lapointe. Je me suis concentrée en faisant un pas à la fois et en ne regardant pas l’escalier au complet. J’étais impatiente de pouvoir replonger, mais je devais attendre. »

Peu de marge d’erreur

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Lysanne Richard, qui est depuis revenue à la compétition, fait toujours partie de l’élite mondiale. Avec sa blessure, et dans un sport où la marge d’erreur est mince, elle sait cependant qu’elle doit être particulièrement constante dans ses sauts. « Des douleurs au cou peuvent revenir facilement si je ne fais pas une bonne entrée à l’eau », convient celle qui mise désormais sur la qualité à l’entraînement plutôt que sur la quantité.

La trentenaire était aux Açores (Portugal), cette fin de semaine, dans le cadre de la quatrième épreuve du Red Bull Cliff Diving. Elle peut de nouveau prétendre au podium, sur l’ensemble de la saison, tout en continuant à jouer un rôle bien spécifique.

« Je suis la plus vieille des plongeuses permanentes et la seule maman toujours active sur le circuit. Je sais que ça motive les filles plus jeunes qui veulent fonder une famille et revenir après. »

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