Il suit les traces de son père, pilote automobile. Il est bourré de talent. Parfois impatient. Il dit ce qu’il pense. La presse francophone le chouchoute.

Jacques Villeneuve ?

Non. Charles Leclerc, 21 ans, pilote chez Ferrari.

Les ressemblances sont toutefois frappantes. Les deux ont grandi à Monaco. Les deux ont remporté des championnats dans les classes inférieures. Les deux ont amené un vent de fraîcheur en Formule 1. Mais leur trait de caractère le plus distinctif, c’est leur désir de gagner. Pas dans cinq ans. Pas dans trois ans.

Maintenant. 

Souvenez-vous des débuts de Jacques Villeneuve. À son premier Grand Prix, celui d’Australie en 1996, il s’était qualifié en position de tête et était monté sur la deuxième marche du podium. Cette année-là, il avait remporté quatre courses. L’automne venu, Williams confirmait Villeneuve dans le poste de pilote numéro un en congédiant son coéquipier Damon Hill, pourtant champion du monde en titre. La saison suivante, Villeneuve gagnait à son tour le championnat des pilotes.

Cette ambition brûlante, beaucoup l’ont prise pour de l’arrogance. Pour avoir suivi Jacques Villeneuve pendant quelques courses, il y a 20 ans, j’ai toujours pensé que c’était plutôt un niveau de compétitivité extrême auquel nous ne sommes pas habitués. Seuls quelques athlètes d’élite sont à ce point impatients de gagner immédiatement.

Charles Leclerc sort du même moule. 

À 21 ans, Charles Leclerc ne cache pas son intention de bousculer la hiérarchie établie.

Lors du premier Grand Prix de cette saison, en Australie, Ferrari lui a demandé de rester derrière son coéquipier, le quadruple champion du monde, Sebastian Vettel. Une directive répétée à la course suivante, à Bahreïn. Réaction de Leclerc ? Il a ignoré l’ordre et a dépassé Vettel au sixième tour. À son deuxième départ à vie chez Ferrari. Ça prend du cran. Lors de la troisième course, en Chine, les patrons de Ferrari lui ont ordonné de laisser passer Vettel. Cette fois, le Monégasque a obtempéré.

Charles Leclerc a hâte de devenir le numéro un. Après une qualification désastreuse à Monaco, il a annoncé ses couleurs. « Je vais prendre des risques, quitte à me crasher. » Encore là, on croirait entendre Jacques Villeneuve. Toute la semaine, à Montréal, Leclerc a pesé fort sur la pédale d’accélération. Il a poussé sa voiture à la limite. Ça lui a permis de flirter avec la position de tête pendant la séance de qualifications. Puis, à la dernière minute, Sebastian Vettel a pris la première place. Une demi-seconde plus rapide que son jeune coéquipier. Une façon de lui dire : « Tasse-toi, jeune homme. »

« Je me suis battu avec la voiture, mais j’ai souffert », a confié Charles Leclerc après les qualifications. Il partira finalement troisième. Son objectif ? « Atteindre le podium. Sur la plus haute marche, naturellement. » 

Mais est-ce que ce sera possible ? Si l’occasion se présentait, Ferrari lui permettrait-il de dépasser Vettel ? 

La Scuderia est une écurie prestigieuse, qui a aussi ses façons de travailler bien à elle. Et qui sont peut-être incompatibles avec le sentiment d’urgence de Charles Leclerc.

Ironiquement, Jacques Villeneuve a été parmi les premiers à le noter. C’était l’été dernier, sur le balado Beyond The Grid, alors que la rumeur du transfert de Leclerc vers Ferrari se précisait.

« Mettez un “petit ourson” aux côtés de Vettel. Que fera Vettel ? Il tentera de le manger vivant. Il détruira le jeune ourson. Ou bien ça finira en pleurs et toute l’équipe finira par ralentir dans deux ans. Ce n’est pas constructif. »

« Charles fait encore quelques erreurs. Ce serait formidable pour lui [d’aller chez Ferrari], mais ce serait deux années de préparation. Ferrari, comme Mercedes, n’est pas une écurie qui prépare les pilotes. C’est une équipe de pointe. […] C’est pourquoi vous avez des équipes juniors pour les préparer. »

Charles Leclerc représente l’avenir de la F1. Il a tout pour devenir champion du monde comme Jacques Villeneuve. Mais il devra peut-être se résoudre à quitter Ferrari pour y arriver. 

La dixième balle dans le cadavre

Le nouveau logo des Alouettes est joli. Les couleurs du nouvel uniforme sont vives. Mais sous ces couches de peinture, la franchise craque. À quelques jours de l’ouverture de la saison : 

• les Alouettes n’ont pas de propriétaire ;

• le club ne gagne pas ;

• le quart vedette, Johnny Manziel, est retourné chez lui ;

• l’entraîneur-chef, Mike Sherman, a fait ses valises hier.

Les employés sont stressés. Les partisans sont tannés. Les joueurs semblent démotivés. Le départ de Sherman a eu l’effet d’une dixième balle tirée dans le cadavre. Cette équipe n’est plus que le fantôme de ce qu’elle était. Elle a perdu son âme.

Peut-elle encore être sauvée ? Je l’espère. Mais ça prendra plus qu’un coup de pinceau.