Le doute s'installe sans prévenir. De fil en aiguille, il s'incruste, insidieusement. Jusqu'à en devenir paralysant. Ça arrive aux meilleures, comme Sophiane Méthot, médaillée de bronze aux derniers Championnats du monde.

Depuis deux semaines, la trampoliniste de 19 ans ne parvient plus à exécuter ses sauts de départ. Ce qui n'était à l'origine qu'un petit «bogue mental» à l'entraînement s'est transformé en une barrière psychologique infranchissable.

«Inconsciemment, tu vas faire des gestes que tu ne veux pas», a expliqué Méthot après un entraînement, hier, au Patro Le Prévost de Montréal, où se déroulera la Coupe Canada de gymnastique trampoline, d'aujourd'hui à dimanche.

«Là, je n'arrive pas à prendre ma hauteur parce qu'il y a des peurs, du stress, de l'anxiété. Ça fait partie de la carrière d'athlète. Il y a des hauts et des bas. En ce moment, c'est un creux vraiment profond.»

Ce mal, appelé «perte de mouvements» dans le milieu, est bien connu dans les sports acrobatiques comme le trampoline.

«Ça peut être des mouvements super simples, de base», a souligné Karina Kosko, entraîneuse de Méthot au club Virtuose. «Sophiane, c'est seulement ses sauts droits, c'est d'être capable de prendre sa hauteur sans que son cerveau flanche. Le stress a commencé à entrer en jeu. Ça a accentué les symptômes.»

Après s'être assurée que le problème n'était pas d'ordre physique, en passant entre autres un examen des oreilles internes, Méthot s'est tournée vers les spécialistes mis à sa disposition à l'Institut national du sport du Québec. Elle travaille depuis avec des psychologues sportifs et des hypnothérapeutes.

«Tranquillement, tu t'enfonces, a-t-elle relaté. C'est une pente descendante. C'est là que tu dois renverser la vapeur et trouver des outils pour t'aider à passer à travers. Ce n'est vraiment pas évident, honnêtement. C'est un long processus.»

L'athlète de La Prairie a déjà surmonté de tels ennuis. «Ça ne me fait pas peur pour la suite. C'est juste que ce n'est pas nécessairement un super bon timing. En même temps, y a-t-il vraiment un bon moment pour avoir ces problèmes-là?»

À la Coupe Canada, Méthot vise simplement à exécuter «deux belles routines». Lundi, elle s'envolera pour l'Italie en vue d'une Coupe du monde.

«J'aimerais rester sur l'équipe nationale, a-t-elle dit. C'est vraiment mon but premier. Tranquillement, je vais régler ce problème-là, sans brûler d'étapes. Si ça prend quatre mois, ça prend quatre mois, mais je sais que je peux passer à travers.»

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Le retour de Rosie MacLennan

De retour au Québec après une longue absence, la Coupe Canada réunira plus de 250 athlètes canadiens, français, japonais et d'Hawaii, d'aujourd'hui à dimanche, au Patro Le Prévost. L'événement présente des épreuves individuelles et synchronisées masculines et féminines de trampoline, de tumbling et de double minitrampoline. La double championne olympique Rosie MacLennan y participera, sa première compétition sur la scène nationale depuis sa médaille d'or à Rio en 2016. Jason Burnett, vice-champion olympique à Pékin, sera aussi de la partie.

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Photo Ryan Remiorz, Archives La Presse canadienne

Rosie MacLennan

Jérémy Chartier vise les Mondiaux

Le grand espoir montréalais Jérémy Chartier, champion mondial en titre chez les 15-16 ans, tentera d'atteindre pour la première fois son standard national sénior, avec l'objectif de prendre part aux prochains Mondiaux. «Je me suis approché à un point l'an dernier, c'est très faisable», a évalué le Montréalais de 17 ans, qui a augmenté le degré de difficulté de son programme. «Ça fait quatre ans que je suis dans les juniors, il est temps de changer.» Avant de passer à la catégorie supérieure, il vise un autre grand rendez-vous cette année: les Jeux olympiques de la jeunesse de Buenos Aires, du 6 au 18 octobre. La Coupe Canada sera diffusée au www.gymcan.tv. En trampoline individuel, les préliminaires se dérouleront à partir de 18h05, ce soir, et les finales à partir de 17h30, demain.