Penny Oleksiak a reçu une permission spéciale pour son cours de droit, mardi. Celui de pouvoir utiliser son téléphone cellulaire en classe. Son professeur lui a demandé à deux reprises d'effectuer une recherche sur Google. Mais l'élève de 11e année au Monarch Park Collegiate avait une autre bonne raison de rester à l'affût: le trophée Lou-Marsh allait être décerné d'une minute à l'autre.

Avec des finalistes comme le sprinter Andre De Grasse, triple médaillé olympique, et le hockeyeur Sidney Crosby, joueur par excellence des séries de la Coupe Stanley et de la Coupe du monde, la concurrence était rude.

Mais Oleksiak, adolescente de 16 ans que le pays a découverte en l'espace de quelques jours l'été dernier dans le cadre des Jeux olympiques de Rio, a prévalu.

La nageuse de Toronto a reçu ce prix généralement considéré comme la plus haute distinction sportive au Canada, succédant ainsi au gardien du Canadien Carey Price. Ses quatre médailles à Rio, une première pour un athlète du Canada à une seule présentation des Jeux d'été, lui ont valu la faveur d'un comité de trois douzaines de représentants des médias de partout au pays.

«J'ai toujours admiré Sidney Crosby, juste parce qu'il était Sid the Kid», a raconté Oleksiak lors d'une téléconférence après sa journée d'école. «Je ne l'ai jamais rencontré, mais il a l'air super cool. J'étais déjà super excitée d'être sur une liste avec de grands athlètes comme Andre De Grasse. Je le suis encore plus de l'emporter.»

Déjà médaillée trois fois au Brésil, la Canadienne a marqué l'imaginaire en remportant l'or grâce à un retour spectaculaire dans la dernière longueur du 100 m libre, l'épreuve-reine en natation. Accrochée au mur pour reprendre son souffle, elle a mis une trentaine de secondes avant de se retourner vers le tableau indicateur et d'apprendre qu'elle terminait première, à égalité avec l'Américaine Simone Manuel.

«C'est une sensation irréelle», a décrit la plus jeune championne olympique de l'histoire canadienne. «C'est surprenant, fantastique et difficile à expliquer.»

Son entraîneur Ben Titley estime que cette scène est probablement la meilleure pour capter l'essence de sa talentueuse élève.

«Toucher au mur, être satisfait de son effort et se dire que le résultat, dans une certaine mesure, est immatériel vis-à-vis de cet effort», a résumé le Britannique d'origine. «En 20 ans de carrière, je n'ai jamais vu ça de champions du monde, de détenteurs de records mondiaux, quels qu'ils soient, encore moins de quelqu'un de 16 ans.»

Soulignant que la natation était aussi un sport collectif, Oleksiak a pris soin de remercier tous ses coéquipiers et partenaires de relais, dont les Québécoises Sandrine Mainville et Katerine Savard. Au centre d'entraînement de Scarborough, «ils ont accepté un enfant avec beaucoup de devoirs alors qu'eux avaient beaucoup d'autres choses à faire...»

Le Lou-Marsh a été attribué pour la première fois en 1936 en l'honneur de cet ancien athlète, arbitre et directeur des sports du Toronto Star, mort cette année-là. Maurice Richard, Guy Lafleur, Wayne Gretzky, Gaétan Boucher, Mario Lemieux, Jacques Villeneuve et Chantal Petitclerc l'ont tous déjà gagné. Mark Tewksbury avait été le dernier nageur sacré en 1992 et Elaine Tanner, la dernière nageuse, il y a exactement 50 ans.

La nageuse paralympique Aurélie Rivard, le joueur de tennis Milos Raonic, la golfeuse Brooke Henderson et le sauteur en hauteur Derek Drouin ont fait partie des finalistes au Lou-Marsh 2016.

Quelques jours après quatre autres podiums aux Mondiaux en petit bassin de Windsor, Oleksiak espérait fêter ce nouvel honneur avec un gâteau confectionné par sa mère. Le Lou-Marsh en sera la cerise.