Puisqu'il n'y a plus d'agence antidopage pour récolter les échantillons et aucun laboratoire pour les analyser, le nombre de tests antidopage réalisés en Russie a chuté jusqu'ici cette année.

L'Agence antidopage russe a été suspendue vers la fin de 2015 après qu'une enquête indépendante l'eut accusée d'avoir dissimulé des tests qui s'étaient révélés positifs aux substances interdites. La même enquête, dirigée par une commission indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sous l'égide du Montréalais Dick Pound, a entraîné la suspension de la Russie de l'IAAF - et par le fait même son hypothétique exclusion des Jeux olympiques de Rio.

En vertu de la suspension de son agence nationale, appelée RUSADA, une fenêtre de trois mois s'est créée au cours de laquelle presque aucun test n'a été réalisé. Cette réalité a changé lorsque l'Agence antidopage britannique (UKAD) a été assignée à la collecte des échantillons à compter du 20 février, a précisé la directrice générale par intérim de la RUSADA Anna Antseliovich à l'Associated Press.

Certains tests ont tout de même été effectués en Russie pendant cette période, sous la supervision de l'AMA et des fédérations sportives internationales, a mentionmé Antseliovich, mais «évidemment il y en a eu moins». Elle s'attend d'ailleurs à ce que cette tendance se maintienne par rapport à 2015.

Plusieurs athlètes russes ont échoué à des tests antidopage au meldonium, une drogue qui a été ajoutée à la liste des substances interdites le 1er janvier. Dans la plupart des cas, comme dans celui de Maria Sharapova, il semble toutefois que ces échantillons aient été récoltés lors d'événements à l'extérieur de la Russie.

«Nous n'avons pas les données, parce que le plan de dépistage est conçu par l'UKAD, mais l'emphase sera mise sur le dépistage ciblé, a expliqué Antseliovich mercredi en entrevue. Ce n'est pas une question de quantité de tests réalisés, mais bien de qualité. Donc, oui, il y en aura moins, mais nous pouvons espérer augmenter l'efficacité.»

Les responsables du dépistage se concentreront sur les athlètes des équipes olympique et paralympique russes, tandis que les athlètes de second tiers qui participent par exemple à des compétitions régionales devraient être relativement épargnés.

Lavrov à la défense de Sharapova

Un peu plus tard jeudi, le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, s'est porté à la défense de Sharapova en déclarant que le meldonium n'aurait jamais dû être interdit.

Lavrov, faisant écho aux commentaires émis par l'inventeur du médicament, a confié que c'est «une décision très étrange, selon l'opinion des experts», d'inscrire le meldonium sur la liste des substances interdites.

«Ces derniers jours, personne n'a empêché les spécialistes d'émettre des commentaires, dont l'inventeur du médicament, a rappelé Lavrov sur les ondes du réseau de télévision russe Ren TV. Ils ont expliqué clairement et de manière très professionnelle que ce n'est pas du dopage, mais une méthode normale pour soutenir le corps et ses capacités vitales.»

Le meldonium, un médicament destiné à améliorer le flux sanguin, fut historiquement utilisé par les soldats de l'Union soviétique pour augmenter leur ténacité. Il a été interdit le 1er janvier.