Le ministre des Sports du Québec, François Blais, a présenté lundi un plan d'action pour s'attaquer aux commotions cérébrales liées aux activités sportives, qui vise à «prévenir et gérer» ces problèmes de santé qui peuvent entraîner des conséquences permanentes sur ceux et celles qui les pratiquent.

Le gouvernement Couillard prévoit agir sur trois fronts, soit la prévention, la sensibilisation et la gestion. Ces mesures visent exclusivement les fédérations de sport amateur et les écoles - et non les organisations de sport professionnel.

«Les ligues professionnelles, il y a d'autres règles qui les régissent», a précisé le ministre, qui n'a pas voulu s'avancer sur l'efficacité de ces mesures. Pendant sa présentation, le ministre avait notamment relevé le cas du joueur de hockey Sidney Crosby, qui a subi les conséquences de multiples commotions cérébrales.

Ainsi, les fédérations de sport amateur et les écoles devront revoir leurs règles de sécurité dans leurs disciplines et des sanctions plus sévères devront être imposées aux contrevenants.

De plus, le ministère souhaite mieux sensibiliser les parents et les écoles pour déterminer, par exemple, quand consulter, ou quand retirer un joueur de son sport lorsqu'il a subi un tel traumatisme.

Finalement, Québec dictera la marche à suivre aux fédérations et aux écoles pour mieux gérer le problème. Ces directives incluent «minimalement» le retrait immédiat des personnes commotionnées et l'interdiction du retour au jeu la même journée. Pour s'assurer que ces mesures soient implantées, le ministère constituera un groupe de concertation qui aura pour tâche de «s'assurer que ces recommandations puissent redescendre» vers la base.

Le ministère n'a pas prévu allouer de financement pour ce programme «pour l'instant» puisque, selon le ministre Blais, plusieurs fédérations disposent déjà de ressources pour s'adapter à ces nouveaux protocoles.

«Il y a des fédérations qui sont beaucoup plus structurées que d'autres. Ma première préoccupation, c'est de voir comment les plus petites, où il y a un danger, vont pouvoir quand même prendre le relais. Je compte beaucoup sur le travail du groupe de concertation pour faire tomber ça, faire arriver ça dans l'ensemble de ces fédérations-là», a-t-il expliqué.

«On verra quels sont les besoins exactement. Les fédérations sportives sont hétérogènes, on verra s'il y a des besoins particuliers», a-t-il ajouté.

Les directives de Québec font suite aux recommandations du Groupe de travail sur les commotions cérébrales, qui avait été créé par le précédent gouvernement, en 2014. Le président du groupe et neuropsychologue Dave Ellemberg avait déclaré avant la présentation du ministre que les nombreux intervenants consultés en vue de la rédaction de ce rapport sentaient qu'ils manquaient de ressources pour s'attaquer au problème.

«Nos rencontres avec les différents acteurs des différents milieux nous ont permis entre autres de constater que les intervenants (...) se disent concernés, se disent préoccupés par la problématique des commotions cérébrales. Mais ils rapportent surtout se sentir démunis», a-t-il souligné.

Le ministre Blais, qui a en main le rapport depuis le mois de mars dernier, a expliqué ce délai simplement par le fait que «plusieurs enjeux administratifs» occupaient son ministère.

Le ministre n'envisage pas aller plus loin que ce programme, notamment en présentant un projet de loi sur le sujet. «Pour le moment à l'intérieur du sport amateur, nous avons tous les outils nécessaires. Les fédérations sportives ont la capacité d'intervenir par règlement», a-t-il soutenu.

«Aux États-Unis, le sport amateur se pratique beaucoup dans les écoles, il n'y a pas de fédération sportive qui les régit comme nous avons ici», a-t-il poursuivi.

Les commotions cérébrales à répétition peuvent avoir des conséquences graves et permanentes, a rappelé M. Ellemberg. «Chaque nouvelle commotion endommage davantage le tissu cérébral et l'accumulation des commotions cérébrales peut laisser des séquelles permanentes, de façon significative, qui peuvent affecter le fonctionnement du cerveau», a-t-il indiqué.

Selon le rapport du groupe, en 2009, au Québec, 671 000 personnes ont dû consulter en raison d'un traumatisme d'origine récréative et sportive et 7700 d'entre elles ont dû être hospitalisées. La même année, 120 personnes sont mortes à la suite d'un tel traumatisme.