L'Agence mondiale antidopage (AMA) va se pencher sur les conséquences du scandale touchant l'athlétisme russe, mardi et mercredi à Colorado Springs, pour un comité exécutif où la France pourrait aussi être épinglée pour sa lenteur à se mettre en conformité avec le Code mondial antidopage.

Le rapport indépendant sur le dopage dans l'athlétisme russe commandé par l'AMA à son ancien président, Dick Pound, contenait un certain nombre de recommandations faites à l'autorité internationale. La plus emblématique consistait à suspendre l'Agence russe antidopage (RUSADA), accusée d'avoir aidé à dissimuler des cas positifs impliquant des athlètes nationaux.

Mardi lors du comité exécutif puis mercredi à l'occasion du conseil de fondation, où siège Pavel Kolobkov, vice-ministre russe des Sports, Craig Reedie le président de l'AMA devrait obtenir une forte majorité en ce sens, moins d'une semaine après la mise au ban provisoire de la Russie par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF).

Immédiatement après la publication du rapport de Dick Pound, lundi 9 novembre, l'AMA avait déjà suspendu l'accréditation du laboratoire antidopage de Moscou, lui aussi accusé d'avoir dissimulé nombre de cas de dopage d'athlètes russes.

Au-delà de ce scandale, «partie émergée de l'iceberg» selon Craig Reedie, l'AMA va plus largement étudier la requête du CIO qui lui a demandé il y a un mois «d'envisager de prendre la responsabilité des contrôles antidopage, étant le seul organisme international compétent en la matière».

Ce changement de stratégie, qui transférerait vers l'AMA l'instigation et l'organisation des contrôles, aujourd'hui apanage des fédérations internationales, serait «une véritable révolution copernicienne» selon Valérie Fourneyron, présidente du Comité santé, médical et recherche de l'Agence.

La France avertie?

«Ce ne serait plus du tout la même agence», a insisté l'ex-ministre française des Sports, qui s'interroge cependant sur le financement d'une telle mesure.

Car l'AMA, simple autorité de régulation internationale composée pour moitié de membres du mouvement sportif, pour l'autre de représentants des gouvernements, peine déjà à trouver des fonds pour son fonctionnement actuel.

«Pour réellement éradiquer le dopage, il convient d'améliorer encore notre approche actuelle mais également les ressources qui y sont dévolues», a d'ailleurs noté Craig Reedie, patron d'une AMA dont le budget annuel, relativement stable depuis la création de l'agence en 1999, atteignait 27 millions de dollars en 2015.

À l'ordre du jour de l'AMA également à Colorado Springs, le renforcement de son unité d'investigation et la protection des lanceurs d'alerte ou des repentis. Sur la recommandation de la commission indépendante, l'AMA étudiera également la possibilité de conflits d'intérêts entre son comité exécutif et son conseil de fondation, où siègent pour moitié des représentants des gouvernements.

Difficile également pour l'Agence de prononcer la non-conformité d'un pays en présence de son ministre des Sports, comme ce pourrait être le cas pour la Russie, mais également d'autres nations.

Bien avant la révélation de l'étendue du réseau de dopage dans l'athlétisme russe, l'AMA avait en effet établi une liste de pays non conformes au Code mondial antidopage entré en vigueur le 1er janvier dernier.

La France, qui a tardé à mettre sa législation en conformité, et n'a toujours pas publié les décrets d'application, pourrait ainsi être rappelée à l'ordre.

Un avertissement qui serait du plus mauvais effet pour un pays candidat à l'organisation des Jeux olympiques de 2024.