Magali Harvey est passée comme une comète dans le paysage sportif canadien à la fin de l'été. Un peu comme elle avait traversé la défense de la France dans un stade médusé, en demi-finale de la Coupe du monde de rugby à 15 de Paris, où elle a été choisie joueuse internationale de l'année, à sa grande surprise.

Visionnée près de 60 000 fois, sa course spectaculaire de 87 mètres s'est faufilée parmi les 5 finalistes au titre de l'essai de l'année, tels que sélectionnés par l'Association internationale des joueurs. Sur la séquence, l'athlète de Québec, seule femme en lice, prend à contre-pied la dernière rivale française qui pouvait l'arrêter à mi-terrain. Celle-ci avait tourné les hanches, erreur fatale que la rapide Harvey - 5,38 secondes sur 40 mètres - n'a pas manqué d'exploiter.

«Dans le rugby à 7, il y a beaucoup de situations similaires, souligne celle qui a été devancée par le Sud-Africain François Hoogard pour l'essai de l'année. Tu finis par être capable de lire les hanches des joueuses vraiment facilement.»

Ce n'est pas un hasard si Harvey, en tournée médiatique à Montréal, parlait de rugby à 7 dans les bureaux de sa nouvelle agence de représentation, hier après-midi. La version plus rapide du sport fera ses débuts olympiques aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, à l'été 2016. L'ailière de 24 ans souhaite y terminer sa carrière avant de reprendre ses études universitaires en administration, mises de côté cette année.

Après son coup d'éclat parisien, où le Canada a décroché une deuxième place historique, Harvey est retournée s'établir à Langford, sur l'île de Vancouver, pour rejoindre le centre d'entraînement de l'équipe nationale de rugby à 7.

Le groupe comprend 22 joueuses qui se battent pour 12 postes disponibles. Malgré la gloire, Harvey ne tient rien pour acquis. «À ce stade-ci, personne n'a sa place assurée. Personnellement, je crois avoir les habiletés pour faire partie de cette équipe, je crois que les entraîneurs le pensent aussi, mais tout peut arriver. Tu es aussi bonne que ton dernier match.»

Le Canada a franchi une première étape dans le processus de qualification olympique, au début du mois, terminant troisième à la Série mondiale de Dubaï, premier de six tournois à l'issue desquels les quatre premiers pays seront sélectionnés pour Rio.

Frustration

Vaincue par l'Australie en demi-finale, l'équipe canadienne est revenue un peu frustrée de sa prestation émiratie. «On a fini troisièmes, sauf qu'on n'a pas bien joué, a tranché Harvey. On a établi un nouveau plan de jeu, plus précis, plus spécifique, mais on n'a pas été capables de bien l'appliquer. On est capables de le faire. Seulement, quand c'est un gros tournoi, on dirait que la pression, ça ne nous va pas bien pour l'instant.»

La joueuse de 1,65 m et 65 kg applique ce jugement sévère à ses propres performances. Sa conversion au rugby à 7 n'est pas complétée, a constaté celle qui s'entraîne six jours sur sept, à raison de trois séances quotidiennes. «Ma condition physique n'était pas là. J'étais souvent fatiguée quand j'étais sur le terrain. C'est un bon début, mais je ne suis pas là où je devrais être.»

Après une dernière semaine d'évaluation à Victoria, Harvey est rentrée à Québec dimanche, où elle a renoué avec ses parents et ses cinq soeurs et frères. La période des Fêtes lui fournira une pause mentale, sans lever le pied sur le plan physique puisqu'elle doit se soumettre à d'autres tests à son retour en Colombie-Britannique, début janvier. L'équipe se réunira ensuite à San Diego pour un camp de sélection en vue du deuxième tournoi de la Série mondiale, à Sao Paulo, en février. Une comète ne passe jamais qu'une fois.

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Magali Harvey en bref

• Âge: 24 ans

• Ville d'origine: Québec

• Lieu d'entraînement: Victoria (Langford), C.-B.

• Taille: 1,65 m

• Poids: 65 kg

• Elle a joué au soccer et au basketball

• Elle a commencé le rugby à 16 ans

• Championne universitaire canadienne avec St. Francis Xavier (Nouvelle-Écosse)

• Elle a fait ses débuts dans l'équipe canadienne de rugby à 7 en 2011 (U20)

• Elle n'a pas été sélectionnée pour la Coupe du monde 2013 de rugby à 15

• Joueuse de l'année 2014 de World Rugby

• Finaliste pour l'essai de l'année de l'Association internationale des joueurs de rugby