Ce sont les Anglaises qui ont été couronnées championnes du monde de rugby à 15, dimanche, devant la foule du stade Jean-Bouin, grâce à une victoire de 21-9. Mais leur première finale de Coupe du monde, les Canadiennes l'avaient peut-être perdue quatre jours plus tôt contre la France.

En avance 18-6, le Canada a dû batailler ferme jusqu'à la fin pour assurer sa place en finale, dominée d'un bout à l'autre dimanche par les Anglaises. «L'équipe la plus forte et la plus fraîche a gagné», a résumé l'entraîneur canadien, François Ratier.

Le Canada n'a marqué aucun essai (5 points, puis une possibilité d'une transformation de 2 points) au cours de cette finale, alors que l'Angleterre en a marqué deux. La Québécoise Magali Harvey a marqué tous les points du Canada: trois tirs de pénalité valant chacun trois points.

Réputées pour leur capacité de passer le ballon et de prendre des risques, les Canadiennes ont été incapables de percer la défensive anglaise, dimanche. «Nous avons tout essayé, nous avons fait le maximum, mais nous avons manqué d'un peu de fraîcheur physique, dit François Rathier, un Français de 42 ans qui vit à Montréal depuis 10 ans. Les attaques des 20 dernières minutes de la demi-finale contre la France nous ont fait mal. Nous avons manqué quelques balles, fait quelques fautes de main. On a payé pour ces fautes.»

Soit, l'Angleterre arrivait fraîche et dispose après avoir écrasé l'Irlande 40-7 mercredi dernier en demi-finale. Mais les Anglaises étaient aussi motivées à se défaire de leur réputation d'éternelles finalistes. Championne en 1994, l'Angleterre a perdu en finale trois Coupes du monde consécutives de 2002 à 2010, chaque fois contre la Nouvelle-Zélande. Quatorze des quinze joueuses de leur alignement partant dimanche avaient pris part à la finale de la Coupe du monde en 2010.

«C'est notre force mentale qui nous a permis de gagner la finale. La dernière défaite en finale nous avait fait tellement mal», a dit l'entraîneur anglais Gary Street.

Le Canada, sixième à la dernière Coupe du monde mais champion de la Coupe des Nations il y a un an (en finale contre... l'Angleterre!), n'avait pas autant d'expérience sur la scène internationale. «L'équipe a été incroyable, a dit la capitaine Kelly Russell. La moitié de l'équipe n'avait jamais joué en équipe nationale à 15 il y a un an. Mais en finale, les Anglaises ont mieux joué, elles ont mis de la pression.»

«Des sentiments mitigés»

Après la défaite de dimanche, la Québécoise Karen Paquin avait des «sentiments mitigés» - le lot des finalistes qu'on n'attend pas: «Nous voulions gagner et nous avons passé près, mais nous sommes contentes d'avoir écrit une petite page d'histoire en nous rendant en finale.»

En ronde préliminaire, le Canada avait accédé à la demi-finale en faisant match nul 13-13 contre l'Angleterre. La finale de la Coupe du monde aura obéi à un scénario fort différent. Dès le début du match, les Anglaises ont établi leur domination et forcé les Canadiennes à passer beaucoup de temps à défendre dans leur zone. En première demie, elles ont pris les devants 11-0 avant de voir le Canada inscrire ses trois premiers points à la 42e minute sur une pénalité.

Le Canada a connu ses meilleurs moments au début de la deuxième demie, marquant sur deux autres tirs de pénalités pour réduire l'avance anglaise à 11-9. Mais à 20 minutes de la fin, une pénalité canadienne en zone défensive a permis à l'Angleterre d'augmenter son avance à 14-9. «Si on garde le ballon une seconde de plus, il n'y a pas pénalité et on continue, a dit l'entraîneur François Ratier. Mais cette pénalité était justifiée. C'est ce genre de détail qui fait la différence»

À six minutes de la fin, Emily Scarratt a mis le match hors de portée du Canada en marquant un essai et une transformation. Les Canadiennes ont ensuite failli inscrire un essai, qui n'aurait du reste rien changé au résultat.

Vers les Jeux de 2016

Si cette défaite en finale de la Coupe du monde a peut-être commencé vers la fin de la demi-finale contre la France, l'aventure olympique de Rio de Janeiro a probablement débuté dimanche, sur le terrain du stade Jean-Bouin, dont les 20 000 sièges étaient occupés aux trois quarts.

Soit, le rugby olympique se joue à 7 par équipe au lieu de 15 comme en Coupe du monde. Mais 8 joueuses de l'équipe nationale de rugby à 7 ont participé à la finale de dimanche, dont plusieurs leaders, comme la capitaine Kelly Russell, Magali Harvey, Karen Paquin et Elissa Alarie. Il s'agissait - de loin - du match le plus important de leur carrière. Jusqu'au tournoi olympique de Rio de Janeiro.

Mais pour l'instant, c'est la fin d'un beau parcours pour une équipe soudée. «Nous sommes une famille qui se sépare après 12 mois ensemble», a dit l'entraîneur François Ratier, qui ne s'attend pas à être à la tête de l'équipe canadienne à la prochaine Coupe du monde, dans quatre ans.