Un joueur dans votre équipe de hockey se dope? Un skieur de fond toujours plus rapide que vous consomme des substances interdites? Une nouvelle ligne téléphonique vous permet maintenant de les balancer dans l'anonymat.

Pour lutter contre les méthodes de plus en plus sophistiquées des athlètes dopés, l'agence canadienne antidopage va recourir à la dénonciation. Elle a annoncé mardi la mise sur pied d'une ligne téléphonique pour permettre aux athlètes de signaler les tricheurs.

«Ce n'est pas de la délation, ce n'est pas du mouchardage, c'est une façon d'aider à mettre en place un environnement sportif plus sécuritaire et plus propre», fait valoir le président du Centre canadien pour l'éthique dans le sport (CCES), Paul Melia.

Plusieurs agences antidopage ont déjà mis en place de telles lignes téléphoniques, aux États-Unis et en Grande-Bretagne notamment.

Cette nouvelle arme de l'antidopage s'inscrit dans un changement stratégique important. Le CCES s'appuyait surtout dans le passé sur des contrôles aléatoires. Ces contrôles s'apparentent à la recherche d'une aiguille dans une botte de foin: en 2012, l'agence a réalisé plus de 3700 contrôles et elle a attrapé 24 tricheurs.

Elle espère maintenant cibler ses efforts grâce aux informations qui lui seront transmises. «Ça nous permet d'être plus précis. Ça nous permet d'ouvrir des enquêtes sur des athlètes précis, sur des entraîneurs ou des préparateurs physiques mis en cause», explique M. Melia.

L'annonce est bien accueillie par la spécialiste du dopage Christiane Ayotte. Selon elle, l'idée de la dénonciation «n'est pas chic, chic», mais elle permettra néanmoins «d'impliquer davantage la communauté sportive dans la lutte au dopage».

«Je pense que les athlètes ont des scrupules à l'idée de dénoncer d'autres athlètes. Mais je pense qu'ils pourraient très bien dénoncer les médecins qui dopent, les cliniques qui dopent, dit-elle. En d'autres mots, plutôt que de nommer les dopés, qu'ils nomment les dopeurs.»

Le CCES est responsable de l'antidopage dans les sports amateurs au pays, ainsi que dans la Ligue canadienne de football et le hockey junior majeur.

Paul Melia est conscient des risques de dérapage de la nouvelle ligne téléphonique. «Des athlètes pourraient nous donner de fausses informations pour nuire à des concurrents, dit-il. Nous en sommes conscients. Nous allons traiter les renseignements avec prudence.»