À l'issue d'une longue journée de plus de 17 heures, le deuxième triathlon Ironman Mont-Tremblant a accouché hier d'un vainqueur officiel, Luke Bell, et de plus de 2600 vainqueurs officieux. Qui ont tous bataillé pour rallier l'arrivée à l'issue d'une série d'épreuves spectaculaires.

Ils sont partis hier matin au coup de canon des Forces armées canadiennes et sur une musique d'ambiance de circonstance. Pour vivre le jour le plus long pour un sportif, qu'il soit professionnel ou amateur. Pour vivre le triathlon Ironman de Mont-Tremblant. Récit d'une journée peu ordinaire.

Debout dès 4h du matin, les quelque 2600 participants à l'Ironman s'élancent par vagues successives de la plage du lac Tremblant deux heures et demie plus tard. Fébriles, impatients, stressés et angoissés. De par leur statut, les athlètes professionnels sont les premiers à se jeter à l'eau pour entamer les 3,8 km de nage. Sans bousculade.

Sous un soleil qui ne quittera jamais par la suite les compétiteurs, les premiers mouvements de bras éclaboussent l'eau. Et déjà les premières victimes potentielles de cet effort incroyable se manifestent. Des premiers nageurs ont un coup de pompe, stressés par l'enjeu, transis par l'effort à faire.

Il ne faut que 47 minutes aux premiers nageurs - professionnels - pour sortir de l'eau. Un groupe de 10 hommes, dont parmi eux le vainqueur de l'an dernier, le Français Romain Guillaume. Quatre minutes plus tard, c'est au tour de la première femme de bondir hors de l'eau pour rallier en courant la zone de transition où chacun doit enfourcher son vélo après s'être changé. À 7h33, le premier amateur à sortir de l'eau, enthousiaste, est un Québécois de Saint-Lambert. On oublie aussitôt son nom, le rythme de la course est déjà trop élevé pour pouvoir la suivre de près.

De cette eau à 19oC, sortent des centaines d'athlètes dans les deux heures qui suivent. La satisfaction, la concentration et, déjà, la souffrance se lisent sur les visages. Deux d'entre eux n'en sortent pas, contraints à l'abandon. Et deux autres se voient signifier qu'ils ont fini la natation trop tard, au-delà des 2h20 min. autorisées. Cruel.

Ce deuxième «full Ironman» de Mont-Tremblant débute sur un rythme très élevé. À la sortie du lac, les premiers ont six minutes d'avance sur le chrono prévu par les organisateurs. Leur temps de parcours est devenu nettement supérieur aux prévisions dans la première moitié de la portion cycliste, parcourue à plus de 40 km/h de moyenne par les professionnels.

Arrivant dans la zone de transition, le gros de la troupe s'encourage mutuellement et personnellement. Comme si chaque kilomètre, chaque parcours complété à la nage ou à vélo, était déjà une victoire en soi.

Les premiers cyclistes débarquent de leur vélo environ 5h20 min. après le départ de la compétition. «La transition est cruciale à cet instant», commente Mike Reilly, la voix de tous les Ironman - auteur du célèbre: «You are an ironman». Paul Ambrose l'apprend à ses dépens. L'Australien perd du temps à se changer et perd sa première place à la sortie de la tente-vestiaire. À partir de cet instant, le classement change constamment.

Derrière, les amateurs sont encore en selle pour un bon bout de temps. Venu encourager et assister sa femme triathlonienne, Louis-Philippe Cloutier espère que celle-ci va terminer la compétition avant la noirceur. «Vers 20h, ce serait bien. Sinon, c'est plus dur moralement et il y a le risque de marcher beaucoup durant le marathon. Ce qui n'est pas normal. Si elle fait 14 ou 15 heures de course, c'est qu'il y a eu des pépins», explique-t-il. Et puis le marathon livre un premier aperçu de l'issue de la course. Les meilleurs - les pros - se battent entre eux à l'avant. L'Australien Luke Bell se détache en compagnie des favoris qui se nomment Paul Ambrose ou Romain Guillaume, entre autres. La première femme est l'Américaine Mary Beth Ellis.

En bordure du parcours, la foule nombreuse et enthousiaste encourage les athlètes amateurs qui commencent à peiner. «Ne le rêvez pas! Faites-le!», lit-on sur une pancarte. «Garder le sourire», indique une autre.

Après 8 heures 26 minutes et 6 secondes de nage, de vélo et de course à pied, Luke Bell franchit le premier la ligne d'arrivée. Il est environ 15h. Mary Beth Ellis est la première femme à terminer les 226 km d'épreuves, en 9h07 min et 56 sec. Le premier québécois est Pierre-Yves Gigou, avec un temps de 9h12 min et 44 sec.

La pendule officielle indique à peine 16h.

Le dernier concurrent est attendu vers minuit...