L'Agence mondiale antidopage (AMA) vient d'annoncer qu'elle sera plus clémente envers les athlètes qui consomment de la marijuana et elle va multiplier par 10 la quantité permise dans l'organisme en compétition.

La décision émane d'un constat à peine voilé, selon lequel une trop grande part des ressources de l'antidopage va présentement à la lutte contre le cannabis dans le sport.

Depuis des années, l'AMA menace d'une suspension de deux ans tout athlète ayant subi un contrôle positif à la marijuana avec plus de 15 nanogrammes par millilitre (15 ng/ml). L'organisme a décidé le 12 mai que la limite serait désormais de 150 ng/ml.

Rappelons en guise de comparaison que le planchiste canadien Ross Rebagliati, au coeur du plus grand scandale sportif impliquant le cannabis, affichait un taux de 17 ng/ml en 1998, à Nagano.

«Il faut comprendre que l'AMA interdit le cannabis en compétition, mais pas hors compétition, explique la spécialiste Christiane Ayotte. Avec un seuil de 15 nanogrammes, on attrapait des athlètes qui avaient consommé plusieurs jours avant la compétition.»

Plusieurs intervenants de l'antidopage ont déploré dans le passé la trop grande part de leurs efforts monopolisée par le cannabis.

«Les administrations en avaient plein les bras à gérer tous ces cas-là, note Mme Ayotte, qui dirige le laboratoire de l'INRS-Institut Armand Frappier. Moi, j'ai toujours trouvé que c'était ridicule d'utiliser des ressources si importantes pour le cannabis. Les efforts étaient disproportionnés par rapport au but visé.»