Même si son nom circulait sur les réseaux sociaux depuis près de deux heures, c'est-à-dire depuis la fin de l'embargo sur le communiqué de presse, Mikaël Kingsbury ne savait pas qu'il remporterait le titre de l'athlète de l'année de niveau international, mardi soir, au 40e gala Sports Québec.

«La compétition était vraiment relevée. Au début, je me disais: ça ne se peut pas que ce soit moi. Quand les projecteurs se sont tournés vers moi, j'ai fait: "Whoâ, oh my god!"», a raconté le bosseur peu après avoir reçu son Maurice.

- Vraiment, tu n'as jamais regardé sur Twitter?

Kingsbury a sorti son téléphone de sa poche: «Je n'avais plus de pile...»

Chose certaine, le jeune homme n'a pas volé son titre avec une saison record en Coupe du monde en 2012: huit victoires et 13 podiums en 13 compétitions.

Le plus fou est qu'il a enchaîné avec une saison aussi spectaculaire, marquée par un titre mondial, encore les deux globes de cristal et sa qualification pour les Jeux olympiques de Sotchi. Comme la période considérée par le comité de sélection s'arrêtait au 31 décembre 2012, ce sera valable pour le prochain gala...

«C'est le premier été où je m'entraîne officiellement pour les Jeux olympiques, a rappelé Kingsbury, visiblement gonflé à bloc. Je vais tout faire pour arriver en haut de la piste, prêt à 100%. Et que tout ait l'air facile!»

Dominique Maltais, la gagnante chez les femmes, partage cette ambition. À l'image de Kingsbury, qu'elle côtoie fréquemment à l'entraînement en salle, la spécialiste du snowboardcross a connu la saison de sa vie (globe de cristal et trois victoires en Coupe du monde) avant d'en rajouter cet hiver (un quatrième globe et médaille d'argent aux championnats du monde).

«Je pète le feu!», racontait en début de soirée la grande blonde de Petite-Rivières-Saint-François, de retour de deux semaines de vacances à Hawaï, où elle a assouvi sa deuxième passion, le kite-surf.

«Pour moi, la transition était passée», a rappelé Maltais après être descendue de scène. «J'avais fait le bilan de ma dernière saison. On était déjà dans la prochaine. Revenir ici, remporter un trophée dans un bain d'émotions qui me remet dans ma dernière saison, c'est vraiment le fun. Ça boucle cette dernière saison d'une excellente manière.»

Fraîchement débarquée de son tout dernier examen pour l'obtention d'un baccalauréat en droit, la rameuse Andréanne Morin avait d'autres préoccupations. La chef de nage du huit canadien médaillé d'argent aux Jeux olympiques de Londres a été élue partenaire de l'année. En venant cueillir son trophée, la retraitée a bien fait rire le public de sportifs en déclarant qu'elle avait «hâte de rentrer dans un bureau et de travailler!»

Expatriée en Ontario pour l'essentiel de sa carrière, Morin était heureuse de pouvoir être honorée chez elle. «Revivre ce moment-là avec la communauté québécoise, avec mon club à Montréal, ça fait chaud au coeur», a-t-elle témoigné.

Si le titre de l'athlète masculin de niveau international a échappé au judoka Antoine Valois-Fortier, sa médaille de bronze aux JO de Londres n'est pas passée sous silence. Nicolas Gill a en effet reçu le Maurice de l'entraîneur de l'année en sport individuel.

Toujours aussi modeste, Gill a souligné que de mener sur le podium un élève talentueux et dédié comme Valois-Fortier «ne devrait pas nécessairement lui (valoir) un trophée».

«Pour certains athlètes, je mériterais deux trophées, mais Antoine est extrêmement motivé et c'est très facile de travailler avec lui, a expliqué Gill en riant. J'essaie juste de le guider et lui fait tout le travail.»

Lui-même choisi athlète de l'année en 2000, Gill semblait surtout fier d'avoir mené un nombre record de huit judokas à Londres. «Notre bassin d'athlètes est très petit, a-t-il souligné. Il y a 20 000 judokas au Canada, un million au Brésil, 600 000 en France. La marge d'erreur n'est pas très grande.»

Dans la foulée de ce succès londonien, Judo Québec a également été choisie fédération de l'année.

Denis Boucher a été honoré pour son travail dans un sport collectif. L'entraîneur des lanceurs a contribué à la médaille de bronze du Canada à la Coupe du monde. Sur scène, Boucher a rappelé non sans fierté la victoire de 2-1 contre les États-Unis.

En début de soirée, les olympiens québécois à Londres ont été honorés sur la scène. Émilie Heymans a reçu un Maurice «mention spéciale» pour être devenue la première athlète canadienne médaillée à quatre Jeux olympiques consécutifs. La plongeuse retraitée, qui attend un premier enfant pour l'automne, a reçu une ovation debout.

Mais ce sont finalement les athlètes de sport d'hiver qui ont volé la vedette.