Chaque année comporte son lot de citations marquantes. Celle qui tire à sa fin n'a pas fait exception. Notre chroniqueur Philippe Cantin en a répertorié une pour chaque mois. Il commente chacune d'elles.

JANVIER

«Je suis désolé si on a offusqué des gens. Ce n'était certainement pas notre intention.»

- Le DG du Canadien, Pierre Gauthier, après la tempête causée par la nomination de Randy Cunneyworth, un entraîneur-chef unilingue anglophone.

La conférence de presse de Pierre Gauthier, convoquée pour confirmer le nouveau contrat du défenseur Josh Gorges, a eu lieu le 2 janvier. Ébranlé par la controverse liée à l'embauche de Cunneyworth, le directeur général du Canadien a reconnu l'ampleur de la tempête secouant l'organisation.

Cette admission n'a pas empêché le Canadien de poursuivre sa chute aux enfers. À tous les points de vue, la saison 2011-2012 a été une catastrophe. Et Gauthier a été congédié quelques semaines plus tard.

FÉVRIER

«C'est avec une profonde tristesse que je vous annonce que mon cher papa est allé rejoindre Jésus aujourd'hui à 16 h 10. C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais écrite de ma vie...»

- Kimmy Carter Bloemers, la fille de Gary Carter, annonçant la mort du Kid après un dur combat contre le cancer.

La mort de Gary Carter à l'âge de 57 ans a secoué tout le Québec. Joueur le plus populaire de l'histoire des Expos, le receveur vedette affichait un enthousiasme inégalé sur le terrain. Les amateurs admiraient son authenticité.

On savait Carter très malade depuis plusieurs semaines. Son décès a néanmoins provoqué une onde de choc. Carter était plus qu'un joueur de baseball apprécié à Montréal. Il était d'abord et avant tout un homme respecté.

MARS

«Je suis excité à l'idée de faire désormais partie de l'historique organisation des Dodgers. Nous ferons en sorte que l'équipe retrouve sa place sur la première page des journaux de Los Angeles.»

- Magic Johnson, l'ancien joueur-vedette des Lakers, membre du groupe qui a versé 2,1 milliards pour acquérir les Dodgers, une somme record dans le sport professionnel.

La crise économique des dernières années a semblé épargner le sport professionnel. Et la vente des Dodgers de Los Angeles le démontre mieux que tout. Pour la première fois, la vente d'une équipe a franchi le cap des 2 milliards.

Les nouveaux propriétaires dépensent à fond. Les Dodgers auront la masse salariale la plus élevée des ligues majeures en 2013. Comment peuvent-ils investir autant? La réponse est simple: le réseau Fox leur versera 6 milliards pour diffuser leurs matchs durant 25 ans.

AVRIL

«Je ne peux pas réellement dire qu'il s'agit d'un rêve devenu réalité. Aucun de mes rêves n'est jamais allé si loin...»

- Le golfeur américain Bubba Watson, après avoir remporté le Tournoi des Maîtres en prolongation.

Bubba Watson est l'un des golfeurs les plus appréciés des amateurs. Sa victoire au Tournoi des Maîtres a aussi réjoui ses adversaires, une preuve de sa popularité dans la PGA. Watson a réussi un coup magique au deuxième trou supplémentaire et s'est imposé contre le Sud-Africain Louis Oosthuizen dans un tournoi mémorable.

MAI

«Mes soeurs, mon frère et moi, on n'avait pas beaucoup de choses. Mais on était gâtés. Gâtés d'amour. Et avec ça, on peut accomplir beaucoup.»

- Le nouveau DG du Canadien, Marc Bergevin, le jour de sa nomination.

Originaire du quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal, Marc Bergevin était néanmoins peu connu des partisans du Canadien lorsqu'il a pris les commandes de l'équipe.

Bergevin n'a pas manqué sa rentrée. Un sondage Crop-La Presse a démontré que 95% des amateurs de hockey approuvaient sa nomination. Sa simplicité et ses valeurs ont conquis les Montréalais.

JUIN

«Jamais je ne laisserai tomber Marc Bergevin. Il croit en moi et je crois en lui. Je veux qu'il soit fier de sa nomination. Je veux prouver qu'il a fait le bon choix.»

- Le nouvel entraîneur-chef du Canadien, Michel Therrien, le jour de sa nomination.

Michel Therrien ne possède ni la popularité ni la renommée de Patrick Roy. Mais c'est lui qui aura la mission de relancer le Canadien lorsque les activités de la LNH reprendront.

À son deuxième tour de piste derrière le banc de l'équipe, Therrien devra démontrer qu'il a pris du métier. Le défi est considérable, mais son enthousiasme ne fait aucun doute.

JUILLET

«Je n'aurais jamais pensé participer aux Jeux à l'âge de 30 ans. J'ai travaillé fort pour chacune de mes médailles. Mais j'avoue que celle-là est un peu différente puisque je passe à l'histoire.»

- La plongeuse Émilie Heymans, après avoir remporté la médaille de bronze au trois mètres synchro en compagnie de Jennifer Abel. Elle est devenue la première plongeuse à monter sur le podium dans quatre Jeux olympiques consécutifs.

Lorsque Émilie Heymans et Jennifer Abel ont reçu leur médaille au Centre aquatique de Londres, l'émotion a saisi plusieurs membres de l'équipe canadienne. Parmi eux, le chef de mission Mark Tewksbury, lui-même médaillé olympique. «Quelle carrière phénoménale pour Émilie! a-t-il dit. J'étais tellement nerveux pendant la compétition!»

Tous sports confondus, Émilie Heymans est aussi devenue la première athlète olympique canadienne à obtenir une médaille lors de quatre Jeux consécutifs. Lorsque les journalistes lui ont demandé quel héritage elle laisserait à son sport, elle a répondu sans hésiter: «La persévérance».

Photo: Ivanoh Demers, La Presse

Michel Therrien

AOÛT

«Réalisez-vous ce que vous posez comme question? On vient de prendre un coup de bambou sur la tête. Le match est terminé depuis 10 minutes à peine et vous me demandez de faire une analyse transactionnelle avec un peu de sémantique. Non, je ne peux pas. Honnêtement, je ne peux pas. Même avec la meilleure volonté du monde.»

- L'entraîneur de l'équipe française de soccer féminin, Bruno Bini, après la cruelle défaite de ses joueuses contre le Canada au tournoi olympique. Un journaliste venait de lui demander si son équipe avait progressé au cours de la dernière année.

Des centaines de conférences de presse auxquelles j'ai assisté, celle-là restera à jamais gravée dans ma mémoire. Bruno Bini possède un extraordinaire sens de la répartie. Avec son bel accent méditerranéen, il a livré cette réponse formidable à un collègue français. Je n'avais encore jamais entendu un sportif évoquer les analyses transactionnelles et la sémantique.

SEPTEMBRE

«Je n'étais pas un patient modèle. [...] Les aiguilles me rendaient nerveux et je craignais de me faire prendre.»

- Le coureur cycliste Christian Vande Velde, dans sa déclaration sous serment à l'Agence américaine antidopage (USADA) dans le cadre de l'enquête sur Lance Armstrong.

Le rapport de la USDA dans l'affaire Armstrong constitue un document exceptionnel. Au-delà du texte principal, les déclarations sous serment signées par les témoins ouvrent une fenêtre fascinante sur la vie de l'équipe d'Armstrong.

Christian Vande Velde, un jeune coureur impressionné par le grand champion, livre un témoignage troublant. Pour des motifs d'ordre physique et éthique, il ne voulait pas se doper. Mais la pression est devenue trop forte. Son avenir dans l'équipe en dépendait. L'intimidation était au coeur de la méthode Armstrong.

OCTOBRE

«Les athlètes de pointe, qui se préparent longtemps, ne sont jamais pris lors des tests en compétition. Tout athlète sérieux qui sait quand et où il va être testé ne sera jamais pris. Nous avons effectué 6000 tests à Londres (dans le cadre des Jeux olympiques) et n'avons pris que quelques athlètes (neuf) qui auraient sans doute aussi échoué à un test d'intelligence...»

- L'ancien président de l'Agence mondiale antidopage, Richard Pound, commentant les limites des contrôles actuels dans une entrevue à mon collègue Michel Marois de La Presse.

L'avocat montréalais Richard Pound a toujours eu le sens de la formule. Sa remarque acidulée illustre à quel point les athlètes peuvent tricher sans être pris.

«Il y a des produits dopants dont nous ne connaissons même pas l'existence, des techniques de dopage qui permettent de contourner aisément les contrôles actuels...», a ajouté Pound.

La lutte au dopage est un éternel recommencement.

NOVEMBRE

«Pour un sport qui était en pleine expansion, manquer autant de matchs et causer autant de dommage à la ligue n'a aucun sens pour nous, les joueurs. À mon avis, cela montre simplement un manque de respect envers notre sport par les personnes en autorité. Ils ne sont pas vraiment des gens de hockey, ils n'ont pas grandi en aimant le hockey. Ils se comportent comme des brutes de cour d'école, ils veulent tout obtenir et ne négocient pas.»

- Ray Whitney, l'ailier de 40 ans des Stars de Dallas, commentant le lock-out dans la LNH dans une entrevue à ESPN.com.

Whitney s'est fait la voix de nombreux joueurs en exprimant ainsi son dégoût.

DÉCEMBRE

«Tu sais ce que je trouve le plus épouvantable? C'est que 25 ans plus tard, on en soit encore là. C'est triste d'y penser.»

- Sylvie Fréchette, médaillée d'or en nage synchronisée aux Jeux de 1992, commentant l'exclusion de Mathieu Giroux de l'équipe canadienne de patinage de vitesse longue piste.

Médaillé d'or des Jeux de Vancouver, Giroux a été sanctionné parce qu'il veut poursuivre ses études universitaires à Montréal plutôt que de s'entraîner au Centre national de Calgary ou Québec.

L'affaire a rappelé de mauvais souvenirs à Sylvie Fréchette, qui a vécu une situation semblable en 1987 et en 1991.

Sources: La Presse, ESPN, Agence américaine antidopage.

Photo Toshifumi Kitamura, AFP