Pendant que les garçons jouent au hockey, les jeunes filles de Kuujjuaq s'adonnent désormais au ski de fond. Inspirées par le programme mis en place par l'ex-hockeyeur professionnel Joé Juneau, deux athlètes du Centre national d'entraînement Pierre-Harvey ont mis sur pied un club pour les jeunes Inuites. Après une première année concluante, le programme entamera une nouvelle saison en janvier.

Touchées par La moitié du ciel, un livre qui tend à démontrer que les solutions aux problèmes sociaux et économiques passent par les femmes, Camille Pepin et Frédérique Vézina souhaitent offrir aux jeunes Inuites l'occasion de pratiquer un sport de façon organisée.

«À Kuujjuaq, il n'y a pas beaucoup d'opportunités pour les jeunes filles de faire du sport, remarque Camille Pepin, qui étudie également la psychologie à l'Université Laval. Même si les filles peuvent participer, le programme de hockey concerne surtout les garçons. On voulait bâtir une activité pour elles, pensée par des filles pour des filles.»

Les deux fondeuses, membres de l'équipe nationale junior, partaient de loin. Lorsqu'elles ont lancé leur projet, le ski de fond était peu connu dans cette petite ville du Nunavik, dans le nord du Québec. «Personne ne faisait du ski, se souvient Frédérique Vézina. Il a fallu qu'on achète une dameuse. Il n'y avait absolument rien là-bas.»

Pas de skis, pas de dameuse et pas de pistes. Avant les séances d'entraînement, l'entraîneuse, une étudiante en kinésiologie à l'Université de Sherbrooke qui consacre sa période de stage à encadrer les skieuses, enfourche sa motoneige pour tracer une piste de classique sur un chemin de motoneige existant.

Le club compte une quinzaine de participantes âgées principalement de 8 à 11 ans. «C'est à ce moment-là qu'il faut implanter les valeurs qu'on aimerait leur transmettre, souligne Frédérique Vézina, étudiante au cégep Garneau à Québec. On est vraiment dans la prévention.»

En développant leur appartenance à un groupe et en améliorant leur estime d'elles-mêmes, les deux jeunes femmes espèrent que ces fillettes pourront, plus tard, participer au programme des leaders de leur communauté. L'existence du club permet aussi, selon elles, de créer des rapprochements entre les Blancs et les Inuits.

Leur but ultime est que le club, financé par des organismes locaux, des commanditaires et un programme visant à réduire la criminalité, soit pris en charge par la communauté. Elles pourraient ainsi mener le même projet dans d'autres villes. Elles espèrent également qu'à long terme, les jeunes filles pourront participer à des compétitions tenues ailleurs au Québec.

Camille et Frédérique se sont rendues à Kuujjuaq en avril dernier avec l'organisme Fast and Female et comptent bien y retourner cette année, lorsque leur saison de compétition sera terminée. «Juste de voir leur sourire, c'est ce qui nous motive à continuer à travailler fort pour le club», dit Frédérique.