L'année sportive 2012 a été fertile en émotions. Nous avons demandé à nos journalistes quel à été leur moment fort.

***

Le bonheur absolu

Mon moment fort de l'année? Faut retourner aux Jeux olympiques de Londres, l'été dernier. La difficulté, c'est d'identifier un événement en particulier. Entendre Paul McCartney chanter Hey Jude dans un Stade olympique bondé durant la cérémonie d'ouverture, c'était pas mal. Voir les Canadiennes remporter la médaille de bronze contre les Françaises au soccer, c'était plutôt bien. Être témoin de la fierté d'Émilie Heymans lorsqu'une médaille a été déposée autour de son cou pour des quatrièmes Jeux d'été consécutifs, c'était assez émouvant. Mais lorsque les jeunes plongeuses Meaghan Benfeito et Roseline Filion ont sauté dans les bras de leurs parents, à l'arrière du Centre aquatique, après avoir gagné le bronze au tremplin de 10 mètres, j'ai vu le bonheur absolu.

- Philippe Cantin

***

Le premier but

Lorsqu'une équipe fait son entrée dans une nouvelle ligue, les grandes premières se succèdent au fil des semaines. Dans ce processus, le premier but de l'Impact dans la MLS était l'un de ces moments tant anticipés. Après une défaite de 2 à 0 à Vancouver, il est survenu lors du match inaugural à domicile, face à Chicago, grâce à un coup de tête de Davy Arnaud. Si toute l'équipe s'est précipitée sur son capitaine, le plus impressionnant a été la réaction des 58 912 spectateurs du Stade olympique. Il est impossible d'oublier le bruit, les drapeaux agités, les bras levés, les écharpes brandies et les quelques fumigènes craqués.

- Pascal Milano

***

Un super bowl signé Eli

Lorsque je pense au 46e Super Bowl, le premier jeu qui me vient à l'esprit est le dernier du match. La longue passe de Tom Brady lancée en désespoir de cause. Rob Gronkowski est venu bien près de cueillir le ballon avant qu'il ne touche au sol, mais en vain. Quelques instants plus tard, la pièce New York Groove retentissait au Lucas Oil Stadium d'Indianapolis et les Giants célébraient leur deuxième championnat en quatre ans. Comme le premier entre les G-Men et les Pats, ce Super Bowl a été marqué par un spectaculaire attrapé, cette fois de Mario Manningham. Et comme en février 2008, Eli Manning a fracassé le rêve des Patriots à l'aide une magistrale prestation au quatrième quart. Un spectacle mémorable.

- Miguel Bujold

Photo: AP

***

À la douce mémoire de Seve...

Difficile de tourner le dos aux exploits olympiques réalisés à Londres l'été dernier. Mais mon plus grand moment demeure la remontée historique des Européens à Medinah le 30 septembre dernier lors de la Coupe Ryder. Tirant de l'arrière 10-6 à l'aube de la dernière journée, les Européens ont gagné 8,5 des 12 duels individuels pour arracher la victoire. Quand Martin Kaymer a calé son roulé au 18e trou pour battre Steve Stricker, le temps s'est arrêté aux États-Unis. Au même moment, la fête a commencé de l'autre côté de l'Atlantique pour célébrer comme il se devait cette victoire improbable, mais magnifique. Une victoire qui a permis de raviver la douce mémoire de Seve Ballestaros qui ratait sa première Coupe Ryder depuis son décès en mai 2011.

- François Gagnon

Photo: AP

***

La Coupe de proche

Tout le monde peut voir la Coupe Stanley au moins une fois dans sa vie. Comme Justin Bieber, la Coupe a son propre garde du corps. Et elle se déplace. On peut la croiser dans une fête, dans un événement, on peut la voir au Temple de la renommée. Mais c'est encore mieux si on peut la voir de proche, les pieds sur la glace. Ça m'est arrivé en juin, à Los Angeles, quand les décideurs de la LNH ont laissé les membres des médias aller sur la glace du Staples Center, quelques minutes après l'ultime triomphe des Kings. La Coupe était là, offerte au prochain de mains en mains. Tout le monde voulait la tenir... mais Simon Gagné, lui, préférait tenir son petit garçon. Pour moi, l'année sportive 2012, c'est un peu ça; le triomphe magique des Kings, et un gars de chez nous qui savourait le moment avec son petit trophée bien à lui entre ses bras.

- Richard Labbé

Photo: Reuters

***

Murray, enfin

Peu d'athlètes subissent davantage de pression chez eux qu'Andy Murray. Les Britanniques attendaient la victoire d'un des leurs à Wimbledon depuis 1936 et l'Écossais de 24 ans en a fait une affaire personnelle. Très sensible, Murray cache mal sa déception chaque fois qu'il échoue. Finaliste pour la première fois cette année, il n'a pas pesé lourd devant un Roger Federer en état de grâce et n'a pu étouffer ses sanglots en s'adressant à la foule après sa défaite. Mais une bonne fée veillait... Elle lui a offert une fin d'été de rêve avec d'abord un véritable triomphe aux Jeux olympiques de Londres, sur le gazon de Wimbledon justement, où il a pris une magnifique revanche sur Federer et définitivement gagné le coeur des Britanniques. En enlevant quelques semaines plus tard son premier titre du Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis, le «roi» Andy a montré qu'il était digne de l'amour de son peuple!

- Michel Marois

Photo: AFP

***

La défaite de Lucian Bute

Bien sûr on savait que Lucian Bute était vulnérable. Un certain 12e round contre un certain Librado Andrade l'avait démontré. Mais Bute avait tout fait pour nous le faire oublier, notamment en démolissant Andrade d'un crochet au foie lors de leur second duel. Alors le 26 mai dernier, dans un aréna plein à craquer de Nottingham, personne n'avait vu venir la destruction en cinq rounds de Lucian Bute. J'étais là et je me souviens encore du grondement de la foule, de Carl Froch sautant de joie et de la stupeur chez les journalistes québécois. Le champion n'était plus champion. L'année 2012 aura été celle des doutes pour Lucian Bute et son équipe.

- Gabriel Béland

Photo: AFP

***

Victoire espagnole!

Par une belle journée d'été, au beau milieu de l'Euro, nous étions attablés dans un restaurant portugais du Boulevard Saint-Laurent pour la rencontre Espagne-Portugal. Enjeu terrifiant, ambiance tendue... À la table voisine, une famille entière, dont une toute petite fille dans une chaise haute. La salle est pleine, la serveuse est stressée et elle sert à la petite un jus d'orange dans un verre sur pied. Rien de plus facile à renverser... Nous parions, entre copains, sur combien de temps il faudra pour que le jus d'orange se répande sur la table. À la fin du match, le jus d'orange a disparu, le verre est intact et la petite fille toujours assise calmement. Nous quittons les lieux en félicitant les parents. Ils nous remercient, mais ne sourient pas. C'est que le Portugal a perdu. La salle est silencieuse, d'un silence menaçant. Nous parvenons sur le trottoir juste à temps pour le début d'une bagarre rangée entre partisans. La rue est bloquée par les combattants, la police arrive, l'embouteillage est complet...

- Ronald King

Photo: AP

***

Le quasi miracle canadien...

Je l'avoue d'emblée: je ne connais pratiquement rien au soccer. Mais la demi-finale féminine des Jeux olympiques de Londres, entre le Canada et les États-Unis sur la pelouse d'Old Trafford, m'a littéralement hypnotisé. Les Canadiennes survoltées ont pris les devants trois fois, les puissantes Américaines ont riposté en autant d'occasions... pour finalement trancher le débat en prolongation, 4-3. Crève-coeur, comme on dit. «Le plus beau et le plus cruel des matchs» racontait mon collègue Philippe Cantin, avec justesse. Les trois buts de l'excellente Christine Sinclair n'ont pas suffi pour concrétiser le miracle canadien. Au moins, nos représentantes ont arraché le bronze aux Françaises trois jours plus tard. En passant, Sinclair ne devrait-elle pas figurer parmi les finalistes pour l'obtention du Ballon d'Or? Non, ce n'est pas juste...

- David Courchesne

Photo: PC

***

La cerise sur le sundae

Restons dans le giron du Canadien puisque c'est le milieu dans lequel j'ai baigné toute l'année. Pas de grands moments à célébrer, on en convient. Mais au moins un moment symbolique et révélateur: le départ de Michael Cammalleri en plein milieu d'un match à Boston. Le DG Pierre Gauthier n'a pas attendu la fin du match pour lui demander de faire ses bagages. On n'avait rien vu d'aussi loufoque en matière d'échanges depuis que Joel Youngblood, un ancien des Expos, avait joué deux matchs pour deux équipes différentes dans la même journée. Le CH n'avait-il pas un match à gagner ce soir-là? L'échange de Cammalleri résume tout ce qu'il y a eu de dysfonctionnel et de mal calculé dans la saison dernière du Tricolore. Gauthier a multiplié les décisions étranges mais celle-là, c'était la cerise sur le sundae.

- Marc Antoine Godin

Photo: Bernard Brault, La Presse

***

Le début d'un temps nouveau

Puisque j'oeuvre dans le hockey, restons dans le hockey. Mais plutôt difficile de trouver un moment fort chez le Canadien l'hiver dernier. Le moment fort est plutôt survenu... après la saison, lorsqu'on a congédié Pierre Gauthier et Randy Cunneyworth pour accueillir un homme charismatique aux idées neuves: Marc Bergevin. C'est le début d'une nouvelle ère. Déjà, Bergevin n'a pas craint de s'entourer de gens forts, contrairement à son prédécesseur, d'augmenter le nombre d'intervenants dans la sphère de développement et de mettre les outils en place pour augmenter la représentativité francophone au sein de l'organisation. Cette nouvelle ère sera-t-elle la bonne ou les fans resteront-ils encore sur leur appétit?

- Mathias Brunet

Photo: André Pichette, La Presse

***

L'exploit athlétique de l'année

La victoire de Ryder Hesjedal au Giro est sans contredit l'exploit athlétique canadien de l'année. L'image forte de ce triomphe historique restera sa bataille dans les lacets enneigés du mythique Stelvio. Livré à lui-même par ses principaux rivaux, le cycliste de Victoria a su résister à la charge de l'improbable Belge Thomas De Gendt. Quelques mois plus tard, le maillot rose s'est pointé au Québec pour y disputer les Grands Prix Pro Tour. Sans fanfaronner et toujours aussi terre-à-terre, mais bien conscient de son nouveau statut. Au même moment, Tyler Hamilton publiait son livre-choc, présage de l'affaire Armstrong, qui allait recouvrir d'un voile noir toute une génération de cyclistes. Même notre gentilhomme canadien Michael Barry est passé à la trappe. Si Hesjedal n'a pas gagné le trophée Lou Marsh, remis à l'athlète canadien de l'année, il ne faut pas chercher plus loin.

- Simon Drouin