Avec le recul, Charles Perreault n'aurait sans doute pas entamé des travaux de rénovation sur sa maison cette semaine.

À quatre jours de la première Coupe du monde Ironman de Mont-Tremblant, présentée demain, le maître québécois des épreuves de longue distance a malencontreusement perdu pied et s'est retrouvé inconscient au sol après une violente chute du deuxième étage.

Mais il en faut beaucoup plus pour ralentir ce champion canadien du demi-Ironman.

«J'ai fait une commotion cérébrale, mais ça va beaucoup mieux, a-t-il confié hier. Je viens de nager 4000 mètres et je ne ressens pas de symptômes.»

Perreault sera du volet professionnel, demain à Tremblant, dans le cadre de l'événement qui attend 2500 athlètes et 3000 bénévoles.

Si une majorité d'athlètes espère seulement terminer l'épreuve, qui comporte 3,8 kilomètres de nage, 180 kilomètres de vélo et 42,2 kilomètres de course à pied, Perreault, 39 ans, vise un podium.

Ses chances ne sont pas vilaines (même s'il se spécialise d'abord dans le demi) puisque la plupart des meilleurs du monde ne seront pas dans les Laurentides ce week-end.

«Ils sont déjà qualifiés pour le Championnat mondial à Hawaii en octobre et ils ne viendront pas faire une telle épreuve avant celle d'Hawaii», explique l'un des organisateurs, Marc Roy.

Si les athlètes amateurs sont au rendez-vous cette fin de semaine, on a bon espoir d'attirer les meilleurs du monde dans un avenir rapproché. «On veut que Tremblant devienne la destination numéro un au monde pour les épreuves Ironman, tant sur le plan professionnel qu'amateur, dit Marc Roy. Hawaii demeure le lieu de prédilection pour le Championnat mondial professionnel, mais seulement 2% des athlètes qui participent aux épreuves d'Ironman vivent de leur sport. On souhaiterait bien dans quelques années succéder à Las Vegas et obtenir le Championnat mondial du demi-Ironman.»

Même s'il a participé à des centaines d'épreuves de triathlon et d'Ironman, Charles Perreault n'est pas de ceux qui vivent de ce sport.

«Je suis aussi professeur d'éducation physique à Terrebonne et j'ai une entreprise de coaching en ligne.»

Le champion mondial, l'Australien Greg Alexander, peut toucher jusqu'à 1 million par année. C'était ce que gagnait l'illustre champion canadien Peter Reid, copain de Perreault.

Alexander, qu'on ne verra pas à Tremblant, domine toujours son sport à 40 ans. Ce qui ne renverse pas Perreault, qui domine encore sur le plan national à 39 ans.

«Un athlète qui participe à des épreuves d'endurance atteint son apogée à compter de 30 ans, dit-il. Ce sont les années d'expérience qui paient. Il faut du millage parce qu'on parle d'épreuves qui durent neuf heures en moyenne.»

L'Ironman s'inspire du triathlon. L'épreuve est née dans les années 70 à l'initiative d'un membre de la marine américaine maniaque d'entraînement qui a voulu transformer le triathlon en sport extrême. Le triathlon a fait son entrée aux Jeux olympiques en 2000.

Devant la popularité sans cesse croissante de ce sport, la World Triathlon Corporation (WTC) a vu le jour aux États-Unis en 1991. L'entreprise organise aujourd'hui une vingtaine d'épreuves d'Ironman et une cinquantaine de demi-Ironman qui font partie d'un championnat mondial.

Aucune épreuve d'Ironman n'a été présentée au Québec avant Tremblant, hormis le demi-Ironman de Tremblant plus tôt cet été.

Parmi quelques athlètes de calibre international à suivre, on note le Français Romain Guillaume, 3e à Lake Placid et top 50 mondial, et la gagnante à Lake Placid, l'Américaine Jessie Donovan.