Plusieurs fois championne canadienne, double championne en Grand Prix, Josée Chouinard a participé deux fois aux Jeux olympiques. Son grand sourire, sa gentillesse et son sens artistique en avaient fait l'une des favorites des amateurs. Malheureusement, on se souvient surtout d'elle pour sa propension à chuter lors des compétitions les plus importantes.

En 1994, elle espérait bien faire à Lillehammer pour ses derniers Jeux. Huitième après le programme court, elle devait patiner après la controversée Tonya Harding dans le programme long. L'Américaine, en pleurs, avait toutefois interrompu sa performance à cause d'un problème de lacet cassé... Pendant qu'elle effectuait la réparation, les officiels avaient appelé Chouinard sur la glace.

«Au début, j'ai eu l'impression qu'on me poussait dans le dos, s'est-elle rappelée récemment en entrevue. Je me suis calmée par la suite, mais la nervosité est revenue plus tard...»

Finalement, Chouinard n'a pas offert la performance dont elle se croyait capable et s'est contentée du neuvième rang, comme deux ans plus tôt à Albertville. «J'étais déçue parce que j'avais fait tellement d'efforts et de sacrifices. C'est impossible d'expliquer une telle performance, tout se passe tellement vite.»

De retour au Canada, Chouinard a dû affronter les critiques, souvent cruelles. Elle s'est installée à Toronto, où elle s'entraînait déjà, a tenté une conversion dans le domaine de la mode. Elle raconte s'être littéralement construit une «armure virtuelle de caoutchouc», afin de se protéger des commentaires négatifs après ses contre-performances dans les grandes compétitions.

«Les gens ont la mémoire courte avec les athlètes et oublient rapidement tous vos succès quand vous encaissez une défaite, souligne-t-elle. J'ai souvent été la cible de critiques et j'ai travaillé avec des spécialistes de la psychologie sportive pour apprendre à me protéger.

«Ce sont eux qui m'ont suggéré cette idée d'armure. Je suis une «visuelle» et je voyais vraiment les critiques rebondir sur moi! C'est devenu un truc que je propose à mes patineurs», raconte la patineuse, aujourd'hui entraîneuse dans un club huppé de Toronto.

Toujours souriante et gentille, Josée avoue néanmoins que les coups durs de sa carrière ont laissé leurs traces et observe avec un brin d'appréhension les premiers pas sportifs de ses jumeaux.

«J'espère leur éviter les critiques que j'ai eu à subir, dit-elle. Mais je ne voudrais pour rien au monde les priver de la joie de pratiquer un sport.»