La professeure Suzanne Laberge, spécialiste de la sociologie du sport à l'Université de Montréal, souligne que la violence constitue l'un des aspects les plus problématiques des pratiques et du spectacle sportifs.

«Au cours des années, plusieurs chercheurs ont développé des hypothèses pour expliquer cette violence, explique-t-elle. Il faut toutefois reconnaître qu'aucune théorie ne peut vraiment expliquer l'ensemble du phénomène et que de toute façon, nous ne disposons pas des outils pour vérifier leur validité.

«D'une manière générale, le seuil de tolérance envers la violence a diminué, certes, mais on a aussi vu se développer en parallèle des pratiques sportives alternatives et dangereuses - le "car surfing", le parkour, l'alpinisme extrême, entre autres.

«C'est aussi vrai que les sports continuent souvent d'être des "enclaves" où la violence est tolérée et même légitimée, note Mme Laberge. Nulle part ailleurs peut-on voir des individus se comporter de façon aussi brutale en toute impunité.»

La professeure Laberge souligne la pertinence d'approches diverses, les théories socioculturelles ou psychologiques notamment, pour étudier la violence dans les sports. «C'est évident que la violence exerce une forme de fascination chez certains individus et il n'est pas exagéré de parler de catharsis.

«J'ai revu récemment une série de reportages sur la violence dans les sports et l'on y voyait un groupe de jeunes observer et commenter une vidéo de bagarres au hockey. Leurs yeux brillaient et ils s'exprimaient avec un enthousiasme qui ne laissait aucun doute sur leur plaisir d'avoir assisté à un tel spectacle.»

En un sens, la violence des joueurs de la LNH ou de la NFL a donc un rôle social. Elle est toutefois aussi un modèle qui inspire les comportements des autres athlètes, même les plus jeunes. Légitimée chez les athlètes professionnels, la violence n'est plus tolérée, socialement, quand elle concerne des sportifs amateurs.

«Cela nous amène à une autre forme de contrôle social, estime la professeure Laberge. Quand une société décide, au nom des coûts liés aux blessures sportives, de limiter les libertés individuelles des individus en interdisant certains comportements qui étaient tolérés jusque-là.»

Selon la spécialiste, on est peut-être arrivé à ce moment en ce qui concerne la violence dans les sports, au hockey en particulier. La question est toutefois complexe, les droits des uns et des autres difficiles à cerner.

Paradoxalement, le contrôle de la violence dans les sports pourrait devenir l'enjeu d'une belle «bagarre».