Après un premier tour particulièrement convaincant, et ponctué de quatre larges victoires en autant de matches, la Nouvelle-Zélande, pays hôte de la Coupe du monde, semble imbattable mais reste prudente à l'heure d'affronter l'Argentine en quart de finale du tournoi, dimanche, à l'Eden Park d'Auckland.

Bien préparés, confiants dans leur jeu, surper-motivés, les All Blacks ont tous les atouts pour écarter la sélection argentine qui, de son côté, veut continuer à s'installer dans le haut du panier après sa troisième place lors de la précédente édition.

C'est pourtant la même combinaison, mêlant certitude et suffisance, qui avait conduit la Nouvelle-Zélande à sa perte en 2007. Battus par la France, à ce même stade de la compétition, les All Blacks avaient enduré leur élimination la plus précoce en six éditions.

Les Néo-zélandais disent avoir retenu la leçon, aborder les Pumas argentins avec respect et, surtout, ne pas prendre le rendez-vous à la légère en considérant qu'il s'agit juste d'une étape vers des lendemains qui chantent.

Un seul fait inciterait les All Blacks à la raison c'est le forfait définitif de leur meneur de jeu et buteur de classe mondiale, Dan Carter. Il les oblige à reporter leur confiance sur le jeune Colin Slade qui fêtera ses 24 ans le lendemain du match.

Ce n'est pas que Slade ait démérité lors de ses neuf précédentes apparitions avec les All Blacks mais le public néo-zélandais, habitué à voir l'artiste Carter maîtriser son sujet comme personne, s'inquiète de la manière dont l'apprenti Slade va conduire les lignes arrières.

L'intéressé évite de se mettre trop de pression en éludant les comparaisons avec son illustre prédécesseur.

«Je suis jeune mais assez enthousiaste et excité d'avoir cette opportunité, a assuré Slade. Je veux être moi-même et ne pas essayer d'imiter Dan Carter. Je vais jouer mon jeu et conduire l'équipe de la meilleure manière que je sache faire.»

Graham Henry, l'entraîneur néo-zélandais, s'est dit rassuré quant aux capacités de l'ouvreur des Highlanders d'autant qu'il sera entouré d'éléments extrêmement chevronnés.

Mais la circonspection voire l'inquiétude des supporteurs néo-zélandais se nourrit aussi de la forme moyenne du capitaine Richie McCaw, qui relève d'une blessure à la cheville, ainsi que de l'absence de deux titulaires dans la ligne de trois-quarts: l'arrière Israel Dagg et l'ailier Richard Kahui. A eux deux, ces joueurs blessés ont inscrit neuf des 36 essais All Black de la phase de poules.

Dagg sera remplacé par Mils Muliaina qui fêtera sa centième sélection.

«C'est un grand serviteur du rugby néo-zélandais, un arrière de classe mondiale, un élément clé dans cette équipe depuis très longtemps. C'est un rendez-vous vraiment particulier pour lui et il mérite cet honneur», a estimé Graham Henry.

Alors que la Nouvelle-Zélande terminait en tête de la poule A, l'Argentine devait se contenter de la deuxième place du groupe B derrière l'Angleterre qui l'avait battue dans le match inaugural. Les partenaires de Felipe Contepomi ont, ensuite, dominé la Roumanie et la Géorgie et supplanté l'Écosse par le plus petit des écarts (13-12).

Bien que vieillissante, l'Argentine peut compter sur son pack et s'appuyer sur sa mêlée. Elle a fait de cet exercice sa marque de fabrique et espère en tirer le maximum de profit en attaque comme en défense.

«Si nous pouvons dominer (cette phase de jeu) et nous procurer des pénalités cela deviendra une arme psychologique», s'est avancé le pilier remplaçant Marcos Ayerza.

Les Pumas veulent aussi, grâce à leurs avants, ralentir au maximum le jeu des All Blacks et donner le temps à la défense de s'organiser pour espérer endiguer la marée noire.

Graham Henry aligne la meilleure armada offensive de la compétition mais il s'est, toutefois, déclaré impressionné par la manière dont les Argentins trompent leur monde en défense.

«Ils semblent laisser des espaces et soudain tout se referme», a expliqué Henry.