Marie-Pier Boudreau-Gagnon avait le sentiment d'avoir réussi le meilleur numéro de sa carrière au solo libre des Championnats du monde FINA de Shanghai, mercredi. Au point où elle a tiré des larmes à son entraîneuse Julie Sauvé. Ce ne fut toutefois pas suffisant pour émouvoir les juges. La nageuse synchronisée de Rivière-du-Loup a pris le quatrième rang. Encore.

«C'est sûr que je suis déçue», a admis Boudreau-Gagnon, en téléconférence une heure après sa prestation. «Je visais un podium solo à cette compétition. Aux dires de mon entraîneuse, et de plusieurs autres, je méritais une médaille de bronze. C'est un peu mon prix de consolation.»

Sans surprise, la Russe Natalia Ischenko (98,550) s'est imposée pour cueillir sa troisième médaille d'or à Shanghai. L'Espagnole Andrea Fuentes (96,520) a pris le deuxième rang, suivie de la Chinoise Wenyan Sun (95,840).

Boudreau-Gagnon, médaillée de bronze au solo technique à Rome en 2009, s'est dite étonnée du résultat de sa rivale chinoise, qu'elle avait devancée par six points à l'Omnium d'Allemagne, en mars.

«En tant qu'athlète, ma première satisfaction est toujours d'amener ma performance à un autre niveau, a-t-elle commenté. En ce sens-là, aujourd'hui, je peux dire mission accomplie. Tout le monde en discutait autour de la piscine: j'ai excessivement bien nagé ce soir. Ça, au moins, c'est sans regret. Je n'ai aucun regret depuis le début de la compétition. Il faut que je m'appuie là-dessus d'ici à Londres 2012.»

L'équipe canadienne de nage synchronisée est abonnée à la quatrième place depuis le début des Mondiaux. Elle occupe d'ailleurs cette position à l'issue des préliminaires de l'épreuve libre par équipe, présentés en après-midi en Chine.

La situation est frustrante, admet Boudreau-Gagnon, mais jure que les Canadiennes n'ont pas dit leur dernier mot.

«Mon tempérament fait en sorte que plus je reçois de coups, plus je deviens forte, a souligné l'athlète de 28 ans. Le monde s'attendait peut-être à l'effet contraire: qu'on soit toutes déçues et que l'équipe canadienne tombe. C'est le contraire. On est de plus en plus agressives et nos performances s'améliorent encore plus. (...) D'ici la fin de la compétition, ça pourrait créer des surprises. Du moins, je l'espère. J'espère qu'ils vont finir par comprendre.»

Boudreau-Gagnon prône la patience en pensant aux Jeux olympiques de Londres, où le Canada présentera des chorégraphies toutes neuves, contrairement à d'autres puissances, qui pourraient se retrouver sur la défensive.

«On est en progression, a conclu Boudreau-Gagnon. C'est parfois long de faire son chemin dans des sports jugés. Mais tout le monde parle de nous sur le bord de la piscine. Le Canada est devenu un incontournable.»