Pied cassé, maux de cou, de dos, Alexandre Despatie a passé une bonne partie de sa carrière à déjouer les pronostics médicaux. Jusqu'à cette tendinite au genou gauche, blessure apparue à la fin de l'année dernière. À court de miracles, le plongeur lavallois est forcé de faire une croix sur les Championnats du monde FINA, qui s'ouvriront le 16 juillet à Shanghai.

Après plusieurs semaines de traitements et de consultations, qui l'ont mené jusqu'à des spécialistes italiens, Despatie, qui s'adressera à la presse ce matin, a dû se résigner. Selon toute vraisemblance, il devra restreindre ses activités jusqu'à la fin août.

«Tout le monde est d'accord: la priorité est la guérison complète», a expliqué Mitch Geller, chef technique principal de Plongeon Canada, en entrevue téléphonique, lundi midi.

S'il s'était présenté à Shanghai, Despatie aurait risqué une contre-performance et l'aggravation de sa blessure, réapparue avec plus d'acuité avant le début d'une compétition à Moscou, en mars. «On ne voulait pas l'exposer à ça», a indiqué Geller.

Despatie, qui a eu 26 ans la semaine dernière, ratera ainsi ses premiers Mondiaux en 10 ans. Concrètement, cela signifie qu'il ne pourra sécuriser une place pour son pays en vue des Jeux olympiques de Londres de 2012.

Rien de dramatique, puisque Despatie aura deux autres occasions de le faire: avec une victoire aux Jeux panaméricains de Guadalajara, au Mexique, en octobre, et surtout à la prochaine Coupe du monde, en février, une «épreuve-test» olympique qui sera présentée dans la capitale britannique. Une place parmi les 18 premiers à cette dernière compétition réglerait le cas, une formalité si Despatie s'y présente en santé.

«Bien sûr, on aimerait le voir aux Panaméricains, des Jeux multisports majeurs, mais c'est secondaire par rapport à la Coupe du monde, a précisé Geller. Pour Alexandre et pour tout le monde, la priorité absolue demeure, de loin, les Jeux olympiques.»

Éviter une opération

Despatie et son entourage veulent à tout prix éviter une opération, dont la guérison serait «très imprévisible», a indiqué Geller. Son retrait de l'équipe canadienne pour les Mondiaux de Shanghai n'est pas attribuable à un recul significatif récent dans le processus de guérison. Simplement, une tendinite est une blessure capricieuse qui peut réapparaître à tout moment.

Selon Geller, Despatie est «très confiant» par rapport au travail déjà accompli. Depuis l'automne, il collabore avec deux spécialistes de B2Dix, le programme dirigé par l'ex-entraîneur de bosses Dominick Gauthier.

Le double médaillé olympique et multiple champion mondial garde la forme en s'entraînant à sec et pratique ses techniques d'entrée à l'eau, «l'aspect de ses plongeons qu'il peut le plus améliorer», souligne Geller.

Si son genou le fait toujours souffrir à l'automne, Despatie a déjà considéré la possibilité de modifier la dernière partie de son saut d'appel pour le protéger.

Au moment où il s'est blessé, Despatie travaillait sur un nouveau plongeon, le quadruple saut périlleux et demi avant, grâce auquel il espérait batailler pour un tout premier titre olympique à Londres.

Selon Mitch Geller, le projet n'est pas compromis par les récents événements. «On pense qu'il sera O.K. Pour plusieurs, cela aurait pris des mois, mais Alexandre savait déjà y faire pour ce plongeon.»

En l'absence de Despatie, François Imbeau-Dulac, 20 ans, de Saint-Lazare, sera le seul représentant canadien à l'épreuve du tremplin de 3 mètres. Une participation à la finale (12 premiers) garantirait une place pour le Canada à cette épreuve aux JO.